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Influence des salons du XVIIe siècle sur la Littérature française

Publié le 10/02/2012

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Les Salons du xviie siècle littéraire (1610-1715) vont, en réalité, de celui de
la marquise de Rambouillet (1618) à ceux de la duchesse du Maine (1700) et
de la marquise de Lambert (1710). Mais quand on parle de l'influence des
Salons sur notre littérature classique, on ne saurait guère songer à ces derniers
qui, par leur esprit, échappent au xviie siècle. Limitons-nous donc à
l'Hôtel de Rambouillet et à ses succédanés : les salons de Madeleine de
Scudéry, de Mme de Sablé, de Mme Scarron, qui fleurirent soit à l'aurore, soit
à l'apogée du classicisme.

« La soci~té mondaine, dès l'Hôtel de Rambouillet, est éprise de ce genre de sujets.

On disserte sur les passions, sur l'amour en particulier; en cette matière on pousse très loin l'analyse; on se complaît dans les dédales de l'ânie humaine etl'on enc-ourage les-ëcrivains qui s'y aventurent et-cherchent i -y projeter de nouvelles lumières.

Au théâtre, le spectacle intérieur compte seul désormais; la tragédie devient essentiellement psychologique.

Plus romanesque, plus héroïque en la première moitié du siècle, cette société se reconnaît en Corneille; plus galante ou plus joyeuse, en la seconde, elle se reflète en Racine et en Molière.

Des genres nouveaux, nés des salons, atteignent du premier coup leur perfection.

La lettre, où les femmes excellent, brille d'un éclat particulier avec Mm• de Sévigné et Mm• de Maintenon; une lettre alors, c'est la suite ou le rappel de la conversation de tout à l'heure à l'usage des absents.

·Les pensées, les maximes, les portraits, à la mode chez Madeleine de Scu­ déry, chez Mm• de Sablé, nous valent le célèbre recueil de La Rochefou­ cauld, immortel en dépit de' ses outrances, et, en 1688, les Caractères de La Bruyère, qui n'eussent pas été possibles un siècle plus tôt.

Le chapitre de la Société et d'e la Conversation n'est-il pas au centre du livre? Le roman, lui aussi, évolue dans le sens psychologique.

Le plus fameux : La Princesse de Clèves, paraît bien être un fruit des salons.

Ces cénacles ne sont pas exclusivement littéraires; on s'y souvient que l'on est chrétien; les questions religieuses y intéressent autant au moins que les sujets profanes.

Si l'on n'en tolère pas le mélange (Corneille l'éprouva lors de la lecture de Polyeucte à Rambouillet), on se passionne volontiers pour les uns comme pour les autres, à condition que chacun reste dans son domaine propre.

On peut dire 9ue si la littérature du xvn• siècle est plus chrétienne que celle du xv1•, c est en partie grâce à ces hommes, à ces femmes réunis dans les salons.

On en sort pour aller « en ,Bourdaloue ».

Ce terrible Jésuite vitupère les vices; il «frappe comme un sourd», il parle une heure et demie, deux heures.

Qu'importe? Il tient en haleine un auditoire entraîné à ces excursions, ravi de suivre sur les sommets sans perdre un instant sa trace, un guide si instruit dans les voies divines, si sûr dans les sentiers du cœur humain.

Le même auditoire y savourera les Oraisons funèbres de Bossuet, admirera l'adresse de l'orateur côtoyant le précipice sans y tomber, respectant à la fois la vérité, les convenances et sa vocation.

Il n'est pas séant, en société, de se mettre constamment en avant.

Le moi est haïssable, incommode dans un salon.

On le voile, on l'atténue; on ne dit plus je, mais on, nous, les hommes, l'homme.

De là ce caractère impersonnel de notre littérature classique, de là cette tendance à la géné­ ralisation, à l'universel, qui peut être, selon les points de vue, considérée comme un gain ou comme une perte.

Les indiscrètes confidences des romantiques, l'hypertrophie de leur moi nous inciteraient plutôt à inscrire cette impersonnalité dans la colonne profits.

Un des résultats les plus appréciables des salons fut encore de conférer à toutes les œuvres littéraires de ce temps une netteté, une clarté, une souveraine aisance, qui sont comme la marque du classicisme.

Ce beau monde, ces «honnêtes gens» qui ont des lumières ;sur tout, ne sont pas des spécialistes.

Ils prétendent comprendre sans une initiation préalable; les fausses précieuses, qui tendaient à créer une littérature hermétique, sont tombées sous les coups de Molière, interprète du vrai goût des salons.

Boileau formulera en termes heureux ce principe : l'œuvre du poète doit être de compréhension facile·: Et que tout ce qu'il dit, facile à retenir, De son ouvrage, en nous, laisse un long souvenir.

Enfin notons que tous les hommes qui exercèrent, à cette époque, l'in­ fluence la plus profonde sur la langue et la littératures françaises : Mal­ herbe, Voiture, Balzac, Vaugelas, doivent beaucoup aux salons.. »

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