Influence des salons du XVIIe siècle sur la Littérature française
Publié le 10/02/2012
                            
                        
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                                                                    	On 	disserte 	sur 	les 	passions, 	sur 	l'amour 	en 	particulier; 	en 	cette 	matière 	on 	pousse 	très 	loin 	l'analyse; 	on 	se 	complaît 	dans 	les 	dédales 	de 	l'ânie 	humaine 	etl'on 	enc-ourage 	les-ëcrivains 	qui 	s'y 	aventurent 	et-cherchent 	i -y projeter 	de 	nouvelles 	lumières.
                                                            
                                                                                
                                                                    	
Au 	théâtre, 	le 	spectacle 	intérieur 	compte 	seul 	désormais; 	la 	tragédie 	devient 	essentiellement 	psychologique.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Plus 	romanesque, 	plus 	héroïque 	en 	la 	première 	moitié 	du 	siècle, 	cette 	société 	se 	reconnaît 	en 	Corneille; 	plus 	galante 	ou 	plus 	joyeuse, 	en 	la 	seconde, 	elle se reflète 	en 	Racine 	et 	en 	Molière.
                                                            
                                                                                
                                                                    	
Des 	genres 	nouveaux, 	nés 	des 	salons, 	atteignent 	du 	premier 	coup 	leur 	perfection.
                                                            
                                                                                
                                                                    	La 	lettre, 	où 	les 	femmes 	excellent, 	brille 	d'un 	éclat 	particulier 	avec 	Mm• 	de 	Sévigné 	et 	Mm• 	de 	Maintenon; 	une 	lettre 	alors, 	c'est 	la 	suite 	ou 	le 	rappel 	de 	la 	conversation 	de 	tout 	à l'heure 	à l'usage 	des 	absents.
                                                            
                                                                                
                                                                    	
·Les 	pensées,  les maximes,  les portraits, 	à la 	mode 	chez 	Madeleine 	de 	Scu	déry, 	chez 	Mm• 	de 	Sablé, 	nous 	valent 	le 	célèbre 	recueil 	de 	La 	Rochefou	cauld, 	immortel 	en 	dépit 	de' 	ses 	outrances, 	et, 	en 	1688, 	les 	Caractères 	de 	La 	Bruyère, 	qui 	n'eussent 	pas 	été 	possibles 	un 	siècle 	plus 	tôt.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Le 	chapitre 	de 	la 	Société  et 	d'e 	la 	Conversation 	n'est-il 	pas 	au 	centre 	du 	livre? 	
Le 	roman, 	lui 	aussi, 	évolue 	dans 	le 	sens 	psychologique.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Le 	plus 	fameux 	: 	La Princesse  de 	Clèves, 	paraît 	bien 	être 	un 	fruit 	des 	salons.
                                                            
                                                                                
                                                                    	
Ces 	cénacles 	ne 	sont 	pas 	exclusivement 	littéraires; 	on 	s'y 	souvient 	que 	l'on 	est 	chrétien; 	les 	questions 	religieuses 	y intéressent 	autant 	au 	moins 	que 	les 	sujets 	profanes.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Si 	l'on 	n'en 	tolère 	pas 	le 	mélange 	(Corneille 	l'éprouva 	lors 	de 	la 	lecture 	de 	Polyeucte 	à Rambouillet), 	on 	se 	passionne 	volontiers 	pour 	les 	uns 	comme 	pour 	les 	autres, 	à condition 	que 	chacun 	reste 	dans 	son 	domaine 	propre.
                                                            
                                                                                
                                                                    	On 	peut 	dire 	9ue 	si 	la 	littérature 	du 	xvn• 	siècle 	est 	plus 	chrétienne 	que 	celle 	du 	xv1•, 	c est 	en 	partie 	grâce 	à 	ces 	hommes, 	à 	ces 	femmes 	réunis 	dans 	les 	salons.
                                                            
                                                                                
                                                                    	On 	en 	sort 	pour 	aller 	« en 	,Bourdaloue 	».
                                                            
                                                                        
                                                                    	Ce 	terrible 	Jésuite 	vitupère 	les 	vices; 	il 	«frappe 	comme 	un 	sourd», 	il parle 	une 	heure 	et 	demie, 	deux 	heures.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Qu'importe? 	Il 	tient 	en 	haleine 	un 	auditoire 	entraîné 	à ces 	excursions, 	ravi 	de 	suivre 	sur 	les 	sommets 	sans 	perdre 	un 	instant 	sa 	trace, 	un 	guide 	si 	instruit 	dans 	les 	voies 	divines, 	si 	sûr 	dans 	les 	sentiers 	du 	cœur 	humain.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Le 	même 	auditoire 	y 	savourera 	les 	Oraisons 	funèbres 	de 	Bossuet, 	admirera 	l'adresse 	de 	l'orateur 	côtoyant 	le 	précipice 	sans 	y tomber, 	respectant 	à la 	fois 	la 	vérité, 	les 	convenances 	et 	sa 	vocation.
                                                            
                                                                                
                                                                    	
Il 	n'est 	pas 	séant, 	en 	société, 	de 	se 	mettre 	constamment 	en 	avant.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Le 	moi 	est 	haïssable, 	incommode 	dans 	un 	salon.
                                                            
                                                                                
                                                                    	On 	le 	voile, 	on 	l'atténue; 	on 	ne 	dit 	plus 	je, 	mais 	on, 	nous, 	les 	hommes, 	l'homme.
                                                            
                                                                                
                                                                    	De 	là 	ce 	caractère 
impersonnel 	de 	notre 	littérature 	classique, 	de 	là 	cette 	tendance 	à la 	géné	ralisation, 	à l'universel, 	qui 	peut 	être, 	selon 	les 	points 	de 	vue, 	considérée 	comme 	un 	gain 	ou 	comme 	une 	perte.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Les 	indiscrètes 	confidences 	des 	romantiques, 	l'hypertrophie 	de 	leur 	moi 	nous 	inciteraient 	plutôt 	à inscrire 	cette 	impersonnalité 	dans 	la 	colonne 	profits.
                                                            
                                                                                
                                                                    	
Un 	des 	résultats 	les 	plus 	appréciables 	des 	salons 	fut 	encore 	de 	conférer 	à toutes 	les 	œuvres 	littéraires 	de 	ce 	temps 	une  netteté,  une clarté, 	une 	souveraine  aisance, 	qui 	sont 	comme 	la 	marque 	du 	classicisme.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Ce 	beau 	monde, 	ces 	«honnêtes 	gens» 	qui 	ont 	des 	lumières 	;sur 	tout, 	ne 	sont 	pas 	des 	spécialistes.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Ils 	prétendent 	comprendre 	sans 	une 	initiation 	préalable; 	les 	fausses 	précieuses, 	qui 	tendaient 	à 	créer 	une 	littérature 	hermétique, 	sont 	tombées 	sous 	les 	coups 	de 	Molière, 	interprète 	du 	vrai 	goût 	des 	salons.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Boileau 	formulera 	en 	termes 	heureux 	ce 	principe 	: l'œuvre 	du 	poète 	doit 	être 	de 	compréhension 	facile·: 	
Et 	que tout  ce qu'il  dit, facile 	à retenir, 	De 	son  ouvrage, 	en 	nous,  laisse 	un 	long souvenir.
                                                            
                                                                                
                                                                    	
Enfin 	notons 	que 	tous 	les 	hommes 	qui 	exercèrent, 	à 	cette 	époque, 	l'in	fluence 	la 	plus 	profonde 	sur 	la 	langue 	et 	la 	littératures 	françaises 	: Mal	herbe, 	Voiture, 	Balzac,  Vaugelas, 	doivent 	beaucoup 	aux 	salons..
                                                                                                                    »
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- La peinture française du xviie siècle (Exposé – Art & Littérature – Collège/Lycée)
 - Diderot reprochait aux moralistes du XVIIe siècle d'être tous «pénétrés du plus profond mépris pour l'espèce humaine». Un critique contemporain précise et nuance cette accusation : «Dans cette peinture de l'homme, peut-être nos écrivains (classiques) ne manifestent-ils pas le même équilibre qu'ailleurs. Entre l'optimisme et le pessimisme, ils penchent fortement du second côté. L'augusti-nisme qui imprègne la culture du temps les a fortement marqués. La dénonciation de l'amour-propre, p
 - «Un long avenir se préparait pour (la culture française) du XVIIe (siècle). Même encore au temps du romantisme, les œuvres classiques continuent à bénéficier d'une audience considérable ; l'époque qui les a vu naître bénéficie au premier chef du progrès des études historiques ; l'esprit qui anime ses écrivains, curiosité pour l'homme, goût d'une beauté harmonieuse et rationnelle, continue à inspirer les créatures. Avec cette esthétique une autre ne pourra véritablement entrer en concur
 - Opposition d'esprit entre le XVIIe et le XVIIIe siècle et conséquences littéraires de cette opposition. - Les salons au XVIIIe siècle : la duchesse du Maine, la marquise de Lambert, Mme de Tencin, Mme Geoffrin, Mme de Deffand, Mme de Lespinasse, Mme Necker. - Les trois périodes du développement de la littérature. - Les précurseurs du XVIIIe siècle : Pierre Bayle et Fontenelle. - Les continuateurs de l'esprit classique : Daguesseau et Rollin.
 - LA LITTÉRATURE FRANÇAISE DU XVIIe SIÈCLE : Philosophes, moralistes, orateurs sacrés et mémorialistes