JACQUES PRÉVERT

Jacques Prévert occupe, parmi les «nouveaux poètes«, une place privilégiée. Il est le seul d'entre eux dont le nom soit sùr toutes les lèvres et dont les livres connaissent des tirages considérables. Etrange fortune ! mais ni plus ni moins étrange que le succès des étalages « surréalistes « et du «merveilleux « cinématographique, style Jean Cocteau, auprès d'un public qui se gargarisait hier de Paul Géraldy, huait les films de Luis Bunuel et traitait Picasso d'aliéné. Le succès de Prévert, c'est au contenu anarchiste de son oeuvre qu'ille doit ; Paroles est l'un des premiers livres qui aient fait écho à cette « révolte « dont nous parlent aujourd'hui les philosophes comme d'un phénomène contemporain, « révolte « qui est née avec l'homme lui-même, mais dont il est bien vrai que l'homme ne brandit le drapeau qu'à certains échelons de l'histoire, quand' des événements collectifs, par exemple, font peser plus lourdement sur ses épaules la chape de sa condition de «roi dépossédé«. Ce contenu anarchiste, le lecteur de Prévert n'en voit pas toujours l'origine littéraire, ni le caractère politique...