Jean Moréas : Stances (commentaire)
Publié le 10/10/2011
Extrait du document
" Poète, un grave auteur dira que tu t'amuses
- Sans trop d'utilité;
Va, ne l'écoute point : Apollon et les Muses
Ont bien quelque beauté.
Laisse les uns mourir et vois les autres naître,
Les bons et les méchants,
Puisque rien ici-bas ne survient que pour être
Un prétexte à tes chants. "
(Édit. Mercure de France)
Vous analyserez les idées exprimées par le poète Jean Moréas dans ces deux strophes tirées des Stances. Vous direz ensuite ce que vous pensez de la conception de la poésie qu'elles formulent.
«
détachée de toute considération utilitaire qu'il exprime, d'une poésie
à la seule poursuite du Beau.
L'idée n'est pas nouvelle, en 1900, et Moreas rejoint ici un courant caractéristique du XIX 8 siècle,
celui de l'Art pour l'Art.
Il s'agit donc d'examiner cette conception,
puis de l'opposer à celle, plus traditionnelle semble-t-il, de l'Art pour l'Homme, et enfin de rechercher si cette opposition n'est pas
plus apparente que réelle.
0 ANALYSE DES ID~ES DE MORÉAS L'ART GRATUIT
M La réflexion sur le beau
La première démarche par laquelle se définit cette conception est
une réflexion sur le Beau.
Elle se fonde sur l'idée que l'art dans sa pureté se suffit à lui-même, qu'il est un but et non un moyen, qu'il vise à créer la Beauté, considérée comme une valeur au même titre
que le Bien, le Vrai et la Justice .
Baudelaire, dans l'Art Romantique
(article sur Théophile Gautier) expose fort clairement ce point de
vue : « La poésie ne peut pas, sous peine de mort ou de déchéance,
s'assimiler à la science ou à la morale : elle n'a pas la vérité pour
objet, elle n'a qu'elle-même ...
L'Intellect pur vise à la Vérité, le Goût nous montre la Beauté, et le Sens Moral nous enseigne le
Devoir ...
Ainsi le principe de la poésie est strictement et simplement l'aspiration humaine vers une Beauté supérieure, et la manifestation
de ce principe est dans un enthousiasme, un enlèvement de l'âme; enthousiasme tout à fait indépendant de la passion, qui est l'ivresse du cœur, et de la vérité, qui est la pâture de la raison » .
Ce serait
donc un abaissement pour l'art que d'avoir un autre intérêt que
lui-même, car il cèderait alors à « l'hérésie de l'enseignement » (Baudelaire, ibid.).
lbs L'attitude du poète
Cette poursuite du Beau implique, pour le poète, une attitude,
que le texte de Moréas nous indique .
C'est u·ne attitude de refus, qui lui fait prendre ses distances à l'égard du monde.
Distance à l'égard des événements, c'est-à-dire refus de la polémique politique,
de l'enthousiasme et du prosélytisme religieux, et plus généralement
de l'actualité.
Distance à l'égard des autres hommes, au-dessus
desquels se dresse le poète, solitaire et douloureux, tel que l'incarne le Moïse de Vigny ou l'albatros de Baudelaire.
Pour lui, l'expression des sentiments de fraternité, de solidarité ou de charité se situe.
»
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