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JOACHIM DU BELLAY, Les Regrets, Heureux qui comme Ulysse...

Publié le 06/10/2018

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bellay

ses parents\". S'il veut revoir sa \"pauvre maison\" qui vaut d'ailleurs à elle seule \"une province\", un royaume, s'il veut revoir \"fumer la cheminée\", c'est parce qu'elles sont le symbole de la famille, de l'intimité et de la chaleur humaine du foyer, du bonheur d'être ensemble. S'il aime sa \"maison\" c'est d'ailleurs avant tout comme le rappelle la périphrase du vers 9 parce qu'elle est \"le séjour qu'ont bâti\" ses \"aïeux\". La valeur du bâtiment est à ses yeux entièrement affective. L'affection du poète pour sa région natale est exprimée de façon très spontanée d'un bout à l'autre du texte par des diminutifs et déterminants possessifs affectifs \"petit/mon/ma\". Déjà la notion de \"village\" comparée à celle du pays tout entier apporte une idée d'intimité à valeur affective. Mais du Bellay multiplie les expressions de ce genre ; son château de la Turmelière devient ainsi une \"pauvre maison\" et les terres attenantes un \"clos\"; ce dernier terme qui suggère l'enclos protecteur évoque encore une fois l'intimité et l'absence de danger. L'adjectif \"petit\" revient à deux reprises pour qualifier le \"village\" de \"Liré\".

 

Cet amour enfin est très profond, si profond que l'écrivain ne parvient pas vraiment à le définir ; et ce sont deux adverbes de quantité, longs, lourds et vagues, \"beaucoup davantage\", qui viennent, à la fin, du deuxième quatrain, témoigner de son impuissance. Mais comment exprimer un amour aussi évident ? Du Bellay s'est ingénié à souligner la force de son amour en opposant Rome et l'Anjou dans les deux tercets. Autant qu'une signification matérielle, l'opposition entre les épithètes a une

 

valeur sentimentale que le poète traduit par le contraste entre les sons : \"marbre dur... ardoise fine\" et entre les rimes masculines et féminines : \"fine, latin, palatin, angevine, marin\". L'impression finale est celle d'une extrême affection et d'une extrême douceur. Et qui vaut au poème son universalité. [on peut garder cette dernière phrase pour la conclusion]

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« quatrième vers, enfin, de ce poème laisse comprendre qu'il est peut -être lui aussi arrivé à ce moment de la vie où l'on aime "vivre entre ses parents le reste de son âge".

Il avait alors à peine plus de trente ans, mais son inquiétude n'en est que plus émouvante et fait de ce poème une sorte d'élégie. II° partie : Dans ce poème élégiaque, l'humaniste s'est-il effacé derrière l'homme ? [introduction courte] Car ne l'oublions pas, Du Bellay appartient à ce courant et en est une des figures les plus marquantes. 1§ - Du Bellay, érudit, a évité toute érudition savante.

Certes, l'allusion à Ulysse et Jason nous plonge dans un contexte antique et du Bellay aurait pu parler des grands navigateurs de son temps, tels Christophe Colomb, Vasco de Gama, Magellan ou plus près de lui, Jacques Cartier, "le découvreur du Canada".

Mais l'allusion aux deux héros antiques, très connus au XVIème siècel, donne une portée universelle à la pensée du poète ; elle est "suffisamment" claire pour que toute impression d'érudition soit effacée.

L'auteur de la Défense et Illustration de la langue française qui avait préconisé "l'innutrition" ne met cependant que fort peu en pratique cette doctrine.

Un souvenir de l'Odyssée où Homère nous montre Ulysse "qui voudrait au moins voir la fumée s'élever de sa terre natale" alors qu'il est prisonnier de Calypso ; et un autre des Bucoliques de Virgile où le berger Mélibée, en route pour l'exil, parle de sa "pauvre cabane" qui est son "royaume" sont les seules réminiscences dans ce poème qui contraste ainsi avec les sonnets des Antiquités, où du Bellay avait employé une poésie beaucoup plus savante.

Et encore, même si nous ne possédons pas ces connaissances, le poème reste parfaitement "lisible". 2§ - En plus de simplifier ses références (loin des principes édictés dans sa Défense), du Bellay se révèle étonnant de la part d'un humaniste. L'exilé pouvait, en effet, expliquer son envie de revoir la France par le désir de retrouver la protection du roi, ou le souci qu'il avait de gérer ses biens.

Or, il a choisi de dénigrer ces "Latins" maîtres du monde qu'il avait chantés avec tant de ferveur, et l'épithète "gaulois" montre nettement qu'il prend même parti maintenant pour les vaincus d'autrefois, les barbares.

Comment l'humaniste peut -il en venir à préférer l'humble "séjour" de sa petite patrie angevine au "marbre" et aux "palais romains" dont l'architecture nouvelle avait enthousiasmé les seigneurs français lors des guerres d'Italie? Comment encore peut -il faire passer le "petit Liré", cet humble village, avant le "Mont Palatin" où se trouvaient les magnifiques palais de la Rome impériale et où Romulus et ses compagnons avaient construit leurs premières cabanes ? 3§ - L'affection qu'il porte à l'Anjou semble donc bien irraisonnée pour un humaniste.

Le jugement porté dans ce poème n'est effectivement ni serein ni objectif.

Il semble que les affects teintés d'amertume sont à l'oeuvre dans l'inspiration du poète.

Le choix et la répétition du verbe "plaire" insistant d'ailleurs sur cet aspect subjectif.

Du Bellay va même jusqu'à attribuer aux bâtiments romains un "front audacieux", comme s'ils avaient âme et orgueil ; l'inversion de ce vers 10, la fermeté du rythme, l'ampleur de cet adjectif de quatre syllabes, obtenue par la diérèse (au-da-ci-eux), renforcent cette impression.

Et l'adjectif "dur" apporte lui aussi une connotation affective qui personnifie la pierre et en fait un personnage, voire un géant, froid, sec et implacable (dentales [d]) face à du Bellay [annonce de la partie III] qui n'a alors d'autres recours que de penser avec nostalgie à sa région natale. III° partie : D'où cette belle et grande déclaration à ce pays idéalisé. 1§ - C'est en effet avec une très grande émotion que le poète parle de ce qu'il a quitté.

Mais s'il aime sa patrie qu'il a préférée à celle des anciens vainqueurs, s'il aime cette "France, mère des arts, des armes et des lois", c'est surtout de sa région natale qu'il nous parle dans ce poème.

C'est en effet la "doulceur angevine" qu'il chante, non la douceur française ; c'est de l'"ardoise" d'Anjou, la "Loire" dont il est question, non la Seine, son "petit Liré" non la capitale.

Ce "petit village" est pour lui symbole de simplicité, d'intimité et d'unité et de chaleur : c'est ce qu'évoque la seule "fumée" d'une douce chaumière parentale qu'il voit, dans son rêve d'exilé, s'élever au-dessus du village. Une telle vision suffit alors à l'emmener de la glaciale capitale romaine et à réchauffer son c?ur meurtri.

Le poème servirait donc d'exutoire.

[on peut garder cette dernière phrase pour la conclusion ou la rappeler.] 2§ - Mais ce n'est pas seulement le pays natal qui attire ses pensées, il s'agit pour lui de pouvoir enfin "vivre entre. »

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