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Joë Bousquet

Publié le 30/03/2012

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Joë Bousquet a tout à la fois incarné un mythe et dû le subir à ses dépens. Car, si son oeuvre constitue, d'évidence, une réponse à sa Blessure, elle la déborde de toutes parts sans jamais cependant échapper à son orbite. Mais Bousquet, précisément, a su entretenir son mythe de reclus en assumant pendant près de trente ans, dans sa chambre obscure tapissée des tableaux de Max Ernst, Miro, Tanguy, un étonnant phénomène littéraire et social en attirant à son chevet tout ce qui comptait parmi les écrivains et artistes de son époque. En même temps, il édifiait, grâce au roman, au conte, au journal et à la poésie...

« 652 HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE blessure est tout d'abord vécue comme malédiction : « Il n'est pas le symbole de la malédiction, il est malédiction» (Le Meneur de lune, 1946), écrit Bousquet de son « hideux » personnage de paraplégique.

Puis, fortement intériorisée, elle s'identifie à un « crime» culpabilisant : « Un malheur vous suit comme une faute, et le mien m'a pourchassé comme le spectre de l'infamie» (Ibid.).

Ce n'est qu'en l'assimilant par l'écriture que le « grabataire » saura surpasser et dépasser son mal en le revendiquant hautement : « Ma blessure existait avant moi, je suis né pour l'incarner.

» Alors, vouloir et désirer sa Blessur.e en se « faisant la quasi-cause de ce qui se produit en nous » (Deleuze), revient à la transmuer radicalement selon une attitude stoïcienne et la désigner comme exemple à soi-même et aux autres.

« Vous ·avez changé le nom de votre blessure » - fait remarquer Mygale au narrateur du Passeur s'est endormi ( 1939).

C'est à assister à tous les degrés de cette transformation prométhéenne que nous invite Bousquet dans son œuvre, mémoire de sa chair cicatrisée.

A ce niveau, l'écriture, prenant en charge la Blessure, disant l'indicible ou le jamais dit, prétend aller au-delà de sa propre subjectivité dans un autre objectivé : « Disposant mon esprit en vue d'une expérience prochaine ...

, j'ai vu mon tourment s'écrire» (Il ne fait pas assez noir, 1932).

La Blessure étant mère et femme -porteuse d'un nouveau-né -, c'est auprès des femmes, désignées par autant de senhals poétiques que Bousquet a pu contourner son état « d'emmuré vivant » au prix d'une érotique fabuleuse produite dans « l'expérience mystique de la volupté » (Le Bréviaire bleu, 1942-1946).

Le regard, chez Bousquet, se veut possession, exploration et traversée du corps féminin.

Le corps de la « dame » sera d'autant mieux remodelé qu'il se plie aux caprices d' uw; alchimie visuelle qui réorganise l'espace du désir : « L'aJmer, c'est être seul avec mon regard dans la lumière de mon amour » (La Tisane de sarments, 1936).

Dans ses lettres à Bellmer, l'oeil-sexe se modèle sur l'objet érotique désiré, épousant sa chair dans l'acte-lumière du regarder et sonde les abîmes du corps-propre : « Toute vision se fait un nid dans la rétine qui, pour la recevoir claire, déforme l'oeil entier et explore en ce mouvement toute la ténèbre musculaire du corps.

» L'amour bousquetien saisit toujours l'autre féminin par le biais d'un autre soi-même.

De la même façon qu'il épouse son destin, Bousquet s'applique à coïncider à l'apparaître (intersignes et. »

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