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JOHN MILTON: VIE ET OEUVRE

Publié le 14/06/2011

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(1608-1674)

LA JEUNESSE ET LES PREMIÈRES ŒUVRES (1608-1638). —La haute figure de Milton dépasse toute son époque. Né à Londres en 1608, il commença dès son séjour à l'Université de Cambridge à écrire des poésies latines et anglaises remarquées, et, en 1629, un poème : ON THE MORNING OF CHRIST'S NATIVITY Où sa personnalité se faisait jour, à travers les conceits de la Renaissance. Cette personnalité s'accusa et s'enrichit encore au cours des cinq années qu'il passa ensuite à Horton dans la maison paternelle. Il avait dès lors résolu de se consacrer entièrement à la poésie et s'y préparait par la lecture et l'étude des classiques. Sa culture grecque, latine, française, italienne, était très étendue. Parmi les Anglais il admirait surtout Spenser.

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« et souvent contradictoires.

Le Satan qu'il nous peint, révolté contre Dieu, apporte contre les décisions divines desarguments de poids.

Mais certains critiques modernes commettent unegrosse erreur lorsqu'ils attribuent à ces contradictions ou à ces objections une valeur absolue.

Il ne faut pointperdre de vue, en effet, le faitessentiel, qui est la foi chrétienne profonde, irréductible de Milton : Dieu, les anges, le Ciel, le Paradis sont pour luides réalités concrètes, qu'il peint telles qu'il les voit.

Que peuvent contre cela les objections proférées par unarchange criminel et déchu? La bonté originelle du Créateur, la malfaisance de Satan, la chute de l'Homme, sarédemption par le Christ, et la grâce de Dieu faisant finalement sortir du Mal un Bien supérieur : autant de dogmesintangibles pour Milton.

Quant à l'histoire d'Adam et Ève et de Satan, elle apparaît avant tout comme une aventurepoétique, émouvante par ses péripéties et son dénouement; nous y apprenons successivement comment Satandésire entraîner l'Homme et la Femme dans sa chute, puis comment Dieu permet que ses créatures courent cerisque, comment elles succombent, comment enfin par l'intervention du Fils de Dieu l'espoir leur est rendu.

Et,certes, tout cela soulève au passage le problème du Mal, celui du Péché, celui de la Liberté, celui du Pardon, centautres que Milton envisage, résout parfois, mais à leur place, et seulement en fonction du sujet central.

Que sessolutions soient valables ou non, ce n'est qu'un problème secondaire pour le lecteur.

Les seules questions qui luiimportent sont les suivantes : Le Paradis Perdu offre-t-il une belle transposition poétique de ces thèmes religieux?La lutte entre Satan et le Créateur, entre Satan et l'Homme présente-t-elle un intérêt dramatique et psychologique?Les réponses à ces questions ne sont point douteuses. LE POÈME ÉPIQUE.

— Après avoir songé à faire du Paradis Perdu une tragédie, Milton s'est décidé pour l'épopée.Pendant vingt ans il a médité son projet, le modifiant et en écrivant même quelques passages.

Il semble qu'il l'aitrédigé de 1658 à 1663, mais c'est finalement en 1667 que fut publié PARADISE LOST, A POEM, IN TWELVE BOOKS.Il faut noter d'abord le caractère unique de ce poème : la majesté du dessein, la grandeur des personnages qu'il meten scène, son style constamment noble, le haussent sur le plan des Livres Saints.Mais il est enrichi, en plus, de toutes les résonances qu'y introduit la culture antique de Milton : souvenir deProméthée dans Satan, de la Guerre des Titans dans la révolte des anges, de l'Age d'Or dans la peinture du Paradis,de la mythologie et de ses personnifications dans les descriptions de la nature.

De tous ces éléments antiques,Milton fait les dessous de sa peinture et ils contribuent à lui donner de la profondeur.Il y met aussi sa culture moderne, ses préoccupations philosophiques, ses connaissances théologiques.

Ajoutonsencore tout ce qu'il y a d'émotion simplement humaine dans cette tentation du premier couple.

Surtout Milton nepeut s'empêcher de donner cours à ses passions personnelles, à ses souffrances et à ses ressentiments : Révoltede Cromwell, discussions du Parlement sur la prérogative royale, sévérités puritaines; et son insoumission de révoltévaincu (lorsqu'il peint Satan), ses souvenirs, ses rêves et ses ressentiments d'époux (lorsqu'il peint Adam), sanostalgie de la femme idéale, soumise et pure (lorsqu'il peint Ève).

Comment enfin ne pas sentir tout le pathétiquede la belle invocation à la Lumière qui ouvre le livre III, lorsqu'on se rappelle que son auteur était aveugle? Onpourrait citer bien d'autres exemples : la personnalité de Milton est partout dans son oeuvre.Le plan est net : trois livres disent la révolte de Satan, expliquent les motifs qu'il a de se venger et pourquoi il le faitsur le dernier des êtres créés par Dieu.

Les six livres suivants peignent Adam et Ève, décrivent leur vie, leurtentation, leur chute.

Enfin les trois derniers disent leur punition et leurs espoirs de rachat.

Ainsi deux actions (lalutte Dieu-Satan et la chute du couple humain) se combinent et se rencontrent, comme dans un drame élisabéthainqui serait bien construit.Ce qu'on voudrait pouvoir étudier à loisir ici, ce sont les protagonistes du drame : le couple Adam et Ève, sisimplement humain; mais surtout le personnage de Satan, très complexe, avec ses côtés nobles, ses aspects vilsaussi (que l'on oublie trop parfois, et que Milton a pris soin de marquer). Peut-on considérer ce sombre révolté comme le vrai héros du poème? Ce serait se méprendre singulièrement sur lafoi chrétienne de Milton.

Mais s'il n'en est point le héros au point de vue moral, il l'est dramatiquement : et c'est unpersonnage vivant et pathétique.Il nous faudrait de longues pages encore pour examiner le style poétique de Milton, la grande richesse de sonvocabulaire, sa précision aussi, son choix de mots expressifs et nobles, d'épithètes exactes. Sa syntaxe est souvent latine, personnelle parfois, au point de paraître dure.

Son vers, le pentamètre héroïque nonrimé, remarquable par l'ampleur soutenue de son A mouvement, mais tout autant par son caractère musical, laliberté de la césure, l'abondance des rejets, une souplesse qui lui permet de s'associer exactement au rythme de lapensée. PARADISE REGAINED (1671); SAMSON AGONISTES (1671).

— On peut passer rapidement sur le PARADIS REGAGNÉ,simple complément du PARADIS PERDU, qui amplifie en quatre livres, et quelque 2.000 vers, les textes bibliques où ilest traité de la tentation du Christ par Satan.Dans SAMSON AGONISTES (c'est-à-dire Samson l'Athlète) Milton a voulu composer un drame sacré sur le modèle dela tragédie grecque.Samson aveugle, esclave à Gaza, plaint par le choeur de ses amis, médite d'abord sur les fautes qui lui ont méritécette punition divine.

Puis en de très belles scènes il refuse l'offre d'une évasion, repousse l'amitié fausse de Dalila,subit les provocations et les insultes du géant Harapha; nous apprenons enfin, par le récit d'un témoin, qu'il s'estenseveli sous les ruines du Temple en se vengeant des Philistins.

Protestation vivante contre le théâtre de laRestauration, SAMSON tente un retour aux lois de la tragédie grecque, et les unités y sont observées.

C'est uneoeuvre lente, trop littéraire, et trop dépourvue d'action pour réussir à la scène ; mais elle abonde en beaux vers où. »

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