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Jour de fête aux environs de Paris - Victor HUGO, Les Chansons des rues et des bois.

Publié le 06/02/2011

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hugo

Midi chauffe et sème la mousse; Les champs sont pleins de tambourins; On voit dans une lueur douce Des groupes vagues et sereins. Là-bas, à l'horizon, poudroie Le vieux donjon de saint Louis (1); Le soleil dans toute sa joie Accable les champs éblouis. L'air brûlant fait, sous ses haleines Sans murmures et sans échos, Luire en la fournaise des plaines La braise des coquelicots. Les brebis paissent inégales; Le jour est splendide et dormant; Presque pas d'ombre; les cigales Chantent sous le bleu flamboiement. Voilà les avoines rentrées. Trêve au travail. Amis, du vin ! Des larges tonnes éventrées Sort l'éclat de rire divin. Le buveur chancelle à la table Qui boite fraternellement. L'ivrogne se sent véritable; Il oublie, ô clair firmament, Tout, la ligne droite, la gêne, La loi, le gendarme, l'effroi, L'ordre; et l'échalas de Surène (2) Raille le poteau de l'octroi.

(1) Le donjon de Vincennes. (2) Il y avait encore des vignes à Suresnes. Victor HUGO, Les Chansons des rues et des bois. Sous la forme d'un commentaire composé, vous rendrez compte de la lecture personnelle que vous avez faite de ce poème. Vous pourriez par exemple - mais cette indication vous laisse toute liberté - étudier comment la fantaisie du poète enchaîne les thèmes de l'été et de la fête champêtre.   

• Les Chansons des Rues et des Bois - recueil lyrique -1865.  • Charme - fantaisie - gaieté.    • Souvent âme encore - ou redevenue - enfantine d'un grand'père.    • Ici tableau de campagne aux environs de Paris par une chaude journée...    • ... pimenté par quelques croquis, mais sans raillerie méchante : homme proche du peuple et gens humbles.    • Présentation des thèmes.   

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« • Été ouvre poème avec « Midi chauffe...

» deux notions de chaleur dans ce membre de phrase réduit à sujet +verbe = deux mots. • Soleil au zénith, puisque « presque pas d'ombre ». • Les sifflantes ff de « chauffe » impliquent aussi violence d'un brasier et entraînent image du feu, véritable «fournaise ». • Même si poète parle de « lumière douce », n'est-ce pas brume de chaleur? Trouble-t-elle vue de l'observateur quine distingue que « des groupes vagues »? • Chaleur étouffante qui s'infiltre en tout et dérègle les sens : la vision est trouble et le paysage « poudroie ». • Responsable : « Le soleil » (place de choix en tête de vers) présenté comme un dieu qui règne en maître sur lanature. • L'adjectif « éblouis » prend sans doute un double sens : physique certes, mais peut-être aussi dérivé :éblouissement éprouvé devant face divine.

Sentiment païen. • Nature pleine de respect pour ce dieu pourtant tyrannique puisqu'il P« accable » (force du rejet obtenu parl'inversion du complément « dans toute sa joie »).• Noter cependant la truculence de ce Dieu, déjà plus proche de Bacchus (dieu du Vin) que d'Apollon (Dieu duSoleil).

Cependant mythologie grecque et ses symboles ne sont pas loin. • Car sa tyrannie est involontaire, ce sont les grandes forces naturelles.

Notons cependant que la « joie » des Dieuxaussi bien que leur colère est souvent dangereuse pour les humains. • Force plus puissante que la nature même.

Sans doute raison du présent et du sujet qui est élément naturel « L'airbrûlant fait »...

La chaleur est vivante et agit sur les éléments; ainsi, elle fait « luire...

la braise ». • Ceci entraîne l'image d'un soufflet qui attise le brasier dont la couleur avivée est le rouge-orange des coquelicots. • Ainsi immense brasier symbolique, puisqu'il n'y a pas en réalité un vrai feu. • Mais ses deux éléments constitutifs habituels sont eux, bien présents, la lumière, évoquée par la « braise », lachaleur contenue dans la « fournaise ». • Image développée auditivement; ces « haleines Sans murmures et sans échos », dont le rythme est soutenu par le travail métrique (enjambement), la répétitionparallèle de sans, le choix même de termes - images sonores, n'est-ce pas l'évocation exacte du souffle dessoufflets?, mais ici soufflets naturels qui attisent un feu naturel. • Force mystérieuse.

Alors qu'un feu pétille, est élément saisissable visuellement, les « haleines » dignes de cellesdes forges de Vulcain ou des Cyclopes prennent une allure surnaturelle. • Est-ce panthéisme? (assez courant chez V.

Hugo) tout semble divinisé.

« Le jour splendide », son « flamboiement» : adjectif et substantif brillent éclatants comme s'ils échappaient aux normes humaines.• Éclair et symbole de Jupiter-Zeus, le dieu des dieux? La longueur du mot situé de plus enfin de vers, ajoute à lamajesté de son sens. • Bref chaleur distante, inabordable. • Le poète indique alors son action sur plantes, animaux et hommes. • C'est « la mousse » que Midi a « semé », ou les « champs » qui sont « éblouis ». • Mais pour l'homme aussi cette notion est importante.

L'éblouissement qui trouble la vue fait disparaître les clôtureset apporte une vision plus large : d'un point fixe et précis au 1er vers (« la mousse »), la chaleur et ses effets sesont étendus à tout l'horizon. • Ce sont les « cigales » qui « chantent »... • Ce sont aussi les « brebis » qui « paissent », au rythme alangui du vers dont les sonorités sont lentes et calmescomme les mouvements de l'animal - fatigué sans doute par la chaleur? • Ainsi obtient-on une alliance de termes à lre vue contradictoire : « splendide et dormant » - Paradoxe qui apporteau « jour » une atmosphère étrange, presque irréelle : marque des chaudes journées d'été inondées de luminositémais incitant les corps au repos.. »

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