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Victor Hugo : LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS - Ordre du jour de Floréal (II)

Publié le 16/03/2010

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Orphée, au bois du Caystre,  Écoutait, quand l'astre luit,  Le rire obscur et sinistre  Des inconnus de la nuit.    Phtas, la sibylle thébaine,  Voyait près de Phygalé  Danser des formes d'ébène  Sur l'horizon étoilé.    Eschyle errait à la brune  En Sicile, et s'enivrait  Des flûtes du clair de lune  Qu'on entend dans la forêt.    Pline, oubliant toutes choses  Pour les nymphes de Milet,  Épiait leurs jambes roses  Quand leur robe s'envolait.    Plaute, rôdant à Viterbe  Dans les vergers radieux,  Ramassait parfois dans l'herbe  Des fruits mordus par les dieux.    Versaille est un lieu sublime  Où le faune, un pied dans l'eau,  Offre à Molière la rime,  Étonnement de Boileau.    Le vieux Dante, à qui les âmes  Montraient leur sombre miroir,  Voyait s'évader des femmes  Entre les branches le soir.    André Chénier sous les saules  Avait l'éblouissement  De ces fuyantes épaules  Dont Virgile fut l'amant.    Shakespeare, aux aguets derrière  Le chêne aux rameaux dormants,  Entendait dans la clairière  De vagues trépignements.    Ô feuillage, tu m'attires ;  Un dieu t'habite ; et je crois  Que la danse des satyres  Tourne encore au fond des bois.

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