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Kholle: les personnages doivent-ils plaire pour qu'un roman soit lu

Publié le 18/10/2021

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Dans le Père Goriot, Balzac utilise le personnage de Rastignac qui plaît par son ambition devant la haute société de Paris. Balzac a la particularité de faire de chaque œuvre, l’œuvre pour un personnage que l’action suivra jusqu’à la fin. Ainsi, pour que le lecteur continue à lire sans désintéressement, elle doit lui plaire, le séduire. De ce fait, le personnage de roman devrait être en capacité de plaire au lecteur afin d’éviter que celui-ci perd sa lecture et donc pour que le livre perdure. La séduction du personnage semble donc être le qualité primordiale pour affirmer la qualité d’une œuvre car sans ça, l’œuvre ne serait pas lue. Ainsi Albert Thibaudet, dans Qu’est-ce qu’un bon livre ? a écrit : « Pour qu’un livre soit lu, il faut que le personnage sur lequel repose l’action soit séduisant. ». Dans la littérature, le personnage est l’élément clé et constant qui se retrouve au cœur de l’action, va subir l’intrigue, etc. Ce personnage peut tout autant venir de la réalité ou être fictif mais dans tous les cas, il est pourvu de différentes caractéristiques tant physiques que morales. Or c’est justement par ces caractéristiques qu’un personnage se distingue des autres, sort du lot et se fait donc remarquer par le lecteur, séduisant par la même occasion ce dernier. De ce fait, le lecteur aurait la capacité de s’identifier au personnage et donc de lui permettre d’échapper à sa vie et d’entrer pleinement dans l’œuvre. Mais pour se faire, le personnage doit parvenir à séduire le lecteur, c’est-à-dire de susciter l’admiration, l’estime de quelqu’un. Cette séduction ne peut se ressentir que par celui-ci qui lit et c’est ainsi que le lecteur prend une place importante dans le processus de séduction car à la fin, c’est lui va donner un jugement sur le personnage. L’œuvre qui est capable de plaire au lecteur, de créer un lien avec le personnage au cœur de l’action, respecte le principe de séduction littéraire, s’apparentant à la séduction réelle, en mettant en place un ensemble de règles autour du personnage, cette séduction assure sa qualité. Ainsi, est-ce que séduire le lecteur est le seul moyen pour être assuré qu’un livre soit lu ? Pour ce faire, nous verrons tout d’abord que pour plaire au lecteur, l’auteur doit inventer un personnage qui va réussir à le séduire. Mais dans un deuxième temps, nous verrons que le personnage à d’autres rôles que celui de séduire uniquement le lecteur. Enfin dans un troisième temps, nous verrons qu’il existe une autre manière de plaire permettant de rendre attrayant un livre. I) Pour plaire au lecteur, l’auteur doit inventer un personnage qui va le séduire A] Pour les séduire, le personnage va devoir respecter certaines règles Cette séduction ne va fonctionner que si le personnage de littérature respecte certaines règles existantes. Pour ce faire, il va exister un certain nombre de procédés littéraires donc l’auteur va se servir. Ces procédés sont multiples mais l’on peut parler des principaux. Ainsi, présenter un personnage avec des caractéristiques exceptionnelles, qui sort de l’ordinaire peut permettre de séduire le lecteur. Le personnage ne doit donc pas être banal, visible dans la vie de tous les jours, il se doit d’être original, différend. Cela passe par exemple par le fait qu’il ne soit pas spécialement beau comme par exemple Quasimodo de Notre-Da...

« De ce fait, la séduction ne peut fonctionner uniquement si l’image qu’on nous donne du personnage devient un « concept sémiologique » et assure au lecteur une certaine lisibilité par l’ensemble de ces descriptions, caractéristiques tout au long du récit.

Puisque ce personnage sort de l’ordinaire, on va avoir tendance à pouvoir plus s’identifier à lui. B] Or cette séduction va permettre au lecteur de se libérer de ses passions Effectivement, par le fait de créer un personnage qui sort de l’ordinaire, le but de l’auteur va être d’attirer le lecteur.

L’identification est une manière pour le personnage d’entrer totalement dans l’œuvre et de se mettre à la place du héros, il peut ainsi ressentir des sentiments qu’il ne connaissait pas, ce qui contribue à former sa personnalité.

C’est pour cela que selon Danièle Sallenave, l’expérience littéraire est vitale.

Le personnage va permettre une identification permettant alors au lecteur de se libérer de ses passions.

Si le personnage n’est pas séduisant, qu’il ne sort pas assez de l’ordinaire et que donc il ne va pas savoir séduire le lecteur, celui-ci ne va pas entrer dans l’action et va donc perdre tout sens que l’auteur voulait transmettre.

La fonction cathartique apparaît ici.

Pour Aristote, la catharsis se définit comme la purification de l'âme, délivrée de ses passions, chez le spectateur d'une pièce de théâtre dramatique d’une part mais aussi plus généralement dans l’ensemble des genres littéraires.

Ainsi, si le lecteur parvient à s’identifier à un personnage, il doit pouvoir purger ses passions à travers lui.

Le cas d’Iphigénie de Racine est évocateur de cette idée.

Le geste meurtrier d Agamemnon envers sa fille permet au lecteur de s’identifier puisqu’il va essayer de se mettre à sa place et de se demander ce qu’il aurait fait si il était à sa place.

Cependant, le lecteur peut également s’identifier à Iphigénie et sentir la peur d’être sacrifiée.

Ainsi, ces personnages sont bien séduisants puisqu’ils exposent le lecteur à une situation inédite et qui n’ont encore jamais pu assister.

De ce fait, le lecteur va pouvoir se libérer d’une partie de ses passions tout en apprenant des choses sur l’être humain et donc sur lui-même. C] Mais va également permettre au lecteur de se comprendre, connaître soi même Effectivement, comme dit juste avant, si un personnage est séduisant alors il permet au lecteur de découvrir des choses sur lui-même.

Tout le monde n’est pas parfait, il existe du bon et du mauvais en nous.

Or par l’identification, le lecteur va être encouragé à l’introspection afin de se demander quel part l’emporterait sur nous en cas de situation inédite.

L e personnage devient donc séduisant en confrontant le lecteur à une nouvelle vision du monde et en fragilisant ses acquis.

Emannuel Carrère écrit à propos de son personnage principal de son roman Limonov que : « C'est une vie dangereuse, ambiguë : un vrai roman d'aventures.

C'est aussi, je crois, une vie qui raconte quelque chose.

Pas seulement sur lui, Limonov, pas seulement sur la Russie, mais sur notre histoire à tous depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

».

Ici, Emmanuel Carrère voudrait donc montrer que ce roman ne doit pas se borner à Limonov en lui-même mais aller beaucoup plus loin puisqu’il renfermerait un sens, une certaine vérité cachée.

Ainsi, par le fait d’une vision assez radicale du monde, il va proposer un personnage qui sort de l’ordinaire symbolique de la séduction du lecteur. Cependant, des personnages avec des multiples points de vue peuvent permettre au lecteur d’avoir accès à de nombreuses opinions et donc de pouvoir apprendre grâce à ça.

On peut par exemple parler de l’œuvre d’ Eric-Emmanuel qui dans La part de l’autre, imagine Adolf Hitler, partagé entre deux tendances : une bonne et une mauvaise.

Adolf est le personnage sympathique et gentil, celui qui aurait réussi à intégrer les Beaux Arts tandis qu’ Hitler est le personnage aigri, colérique et mauvais qu’il deviendra.

La narration oscille entre ces deux personnages, ces deux personnalités.

Le lecteur voit ainsi ce que peut peut-être devenir quelqu’un qui laisse se développer l’un ou l’autre de ses instincts.

Le lecteur est donc séduit car il n’est pas obligé de croire un personnage sur parole, il peut être attiré par la vision d’autres protagonistes.

Il entre donc dans le jeu de la séduction avec plusieurs personnages qui lui offrent tous quelque chose de différent.. »

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