LA 1 Eldorado, Laurent Gaudé - Incipit
Publié le 21/05/2023
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«
Eldorado, (2006) Laurent Gaudé - incipit
Intro : 4 P
- Présentation de Laurent Gaudé (œuvres ; prix littéraires) et son intérêt pour
l'actualité, comme pour la place de l'homme dans la société.
Eldorado traite de la
question des migrants dès 2006, un phénomène qui est toujours d'actualité et qui ne
cesse de s'amplifier.
- Présentation de l'extrait : il s'agit de l'incipit.
Le roman commence par un long
paragraphe descriptif sur un marché à Catane, avant de présenter le personnage
principal.
-
Problématiques
possibles :
Cet
incipit
a-t-il
la
valeur
qu'on
lui
attribue
habituellement ? Ce début de roman remplit-il sa fonction d'incipit ? Comment L.
Gaudé choisit-il de mettre en place son récit/ l'intrique ? De quelle façon ce passage
nous donne-t-il à voir les thèmes mis en œuvre dans la suite du roman ? En quoi ce
début de roman est-il réaliste ? Comment le narrateur met-il en place l'horizon
d'attente du lecteur ?
- Plan : nous verrons tout d'abord le cadre spatio-temporel mis en place avant de
nous intéresser aux personnages.
Puis nous verrons en quoi ce début de roman est
annonciateur d'un avenir funeste.
(à adapter, à moduler en fonction de la
problématique …).
I.
Un incipit informatif
1.
Cadre spatio-temporel
- Le narrateur nous présente le lieu de l’histoire à l’aide d’indications spatiales.
La
scène se passe à « Catane » en Sicile.
Puis, par un effet de zoom, le lieu devient de
plus en plus précis.
En effet, nous sommes dans le « quartier du Duomo » puis sur la
place du « marché ».
Avec la ville de Catane, ses « ruelles » et son marché aux
poissons, la mer à proximité, le décor est planté.
- Vie du marché représentée par les gens qui le font : les « les pêcheurs », (L.
4) ;
« La foule », L.
5 ; « Les femmes du quartier », L.
7 ; « les jeunes gens », L.
7 ; « les
hommes », (L.
9) ; « les hommes et les femmes », (L.
13) = il s'agit d'une foule
anonyme qui anime ville ; les gens se connaissent ou non comme le montrent ces
expressions ligne 8 : « On s'observait d'un trottoir à l'autre.
On se saluait parfois.
» =
les relations sont commerciales ou de voisinage, comme sur un marché quelconque.
On note aussi les pronoms indéfinis : « On », (L.
8) ou « Nul », (L.
11) = la vie
s'organise autour d'une économie qui repose sur la pêche.
- Nous avons aussi des informations temporelles : « en ce jour » (l.
1 et L.
13) ;
« l'air du matin », (L.
9) et « le soleil de midi », (L.
2).
Mais le récit s'inscrit dans le
présent d’énonciation avec l'expression « en ce jour », comme si l'histoire s'écrivait
sous nos yeux.
Cet effet est produit par la présence d'un narrateur qui a en charge le récit, et
dont nous allons parler maintenant.
2.
Narration et point de vue
- Les faits ont effectivement l'air de se raconter d'eux-mêmes grâce à la présence d'un
narrateur extérieur à l'histoire.
Il semble d'abord n’être qu’un spectateur assez neutre,
mais il va rapidement laisser paraître un point de vue omniscient par ses
jugements : « sentait la poiscaille », l.
1 ; « l’œil plissé du commerçant aux aguets »,
l.
5 « les jeunes gens, eux, venaient trouver de quoi distraire leur ennui », l.
8.
- Il s'autorise aussi des anticipations dans la chronologie du récit (ou prolepses) avec
l'emploi du conditionnel passé L.
13-14 « Il serait peut-être un temps ou elle [la mer]
refuserait d'ouvrir son ventre aux pêcheurs » ; « Où les poissons seraient retrouvés
morts ...
», (L.
14) + conditionnel présent : « La mer, un jour, les affamerait peutêtre ».
- Le temps utilisé de façon prédominante est l’imparfait de l'indicatif, puisqu'il nous
fait part d'une description (ex.
variés à relever dans le texte …), mais on peut noter
aussi des imparfaits d'habitude : « On s'observait […] on se saluait », L.
10.
- le narrateur apporte beaucoup de détails, on peut même dire que la scène a des
allures de tableau impressionniste que l'on pourrait intituler « Un jour de marché à
Catane ».
Cette scène vue de l'extérieur, d'un point de vue omniscient, passe toutefois en
point de vue interne, ce que l'on comprend lorsque le personnage de Piracci apparaît.
II.
Les personnages
1.
Le commandant Piracci
- personnage principal, il entre en scène dans le second paragraphe grâce à un
effet de zoom : alors que le premier paragraphe évoquait la foule du marché, les
habitants de Catane en général, le narrateur se focalise maintenant sur « Le
commandant Salvatore Piracci ».
Son grade est ici mis en avant = Quel rôle va-t-il
jouer ? contrôle, surveillance …
- Le narrateur souligne aussi sa solitude.
Rapidement, il se différencie des autres.
En
effet, c’est un personnage passif comme le montrent les termes : « se laissant
porter » (l.34) et « son esprit était comme happé » (l.37).
Il se démarque aussi par sa
vision des choses.
La scène se déroule dans un marché aux poissons.
Tous les
habitants voient les poissons comme « une profusion joyeuse de nourriture » (l.3940) contrairement à lui qui ne les voit que comme « une macabre exposition » (l.4041).
Petit à petit nous faisons connaissance avec Salvatore Piracci, et on devine que
certaines remarques sont les siennes, au DIL (discours indirect libre), comme par ex.
lorsque « la poiscaille » est évoquée.
Nous avons accès à ses pensées.
- le personnage est caractérisé dès les premières lignes par l’inaction et par une forme
de renoncement : « déambulait … lentement … se laissant porter par le mouvement
de la foule … observait… esprit comme happé par le spectacle … il ne pouvait plus les
quitter des yeux… »
- Il semble fasciné par ce spectacle morbide : « rangées de poissons morts disposés
sur la glace, yeux morts et ventre ouverts… ».....
»
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