La bêtise chez Maupassant
Publié le 02/08/2014
Extrait du document


«
E X P 0 S É S F C H E S
L'espace de I'ave~t~re
Parvenu à la porte l\.1aillot.
1 'équipage franchit les fortifications qui ceignent en
core la capitale.
Passer l'octroi équivaut_ en quelque :-.ortc, à passer dan'> un nouvel
e:.pace.
à voir s'ouvrir devant soi les prétendus horizons de la ca1npagnc - en té-
1noigne re1nploi du tnot contrëe pour désigner la" zone » qui entoure la capitale.
Avec ironie.
Maupassant tnontre M.
Dufour donnant.
tel un guide touristique.
le
signal
de l"adnüration à son épouse.
Le personnage assi1ni!e la sortie de Paris avec
l'arrivée à la campagne.
Le.'> Dufour effectuent une munière d'expédition dans le
désert suggérant un exotistnc de pacotille : dans le soleil et la poussière.
on se croi
rait au Sahara !
Cependant.
l'auteur brouille vite la perspective car lïtinéraire conjugue la cri
tique de la proche banlieue, déjà industrialisée, avec
l'évocation émouvante de
l'horizon
élargi.
On peut se de1nander quel sens revêt radjectif fonnidohle
(p.
128; GF, p.
96): faut-il le prendre au premier degré car l\.1aupassant admire
cette vaste trouée vers le lointain
? Le terme ignifie alors« in1posant >).
Mais on
pourrait aussi
le prendre dans son acception classique.
vieillie aujourd'hui, au sens
d' «effrayant.
redoutable)) et le considérer comme une 1nanière de jugetnent de va
leur énoncé en style indirect libre.
L'adjectif témoignerait d'une appréciation sub
jective de
la réalité, prise en charge par le groupe des personnages placés en posi
tion d'observateurs -
d'autant que la suite cultive l'ambiguïté en présentant ces
bourgeois comme des ignorants s'étonnant de tout.
L'auteur cultive les opposi
tions thématiques et stylistiques : le temps semble se dilater avec « continuelle
ment
)) et « interminablement "· contrastant avec les trois adjectifs 1nonosy\la
biques.
«nue, sale, puante>), d'un registre de langue fanlilier.
Ensuite, une période
de tonalité plus soutenue exploite
le fantastique de la zone personnifiée.
L'insis
tance sur le délabrement des bâtiments suggère une critique ~ociale ; puis, une 1né
taphore filée présente avec ironie les usines comme l'unique végétation d'un lieu
pollué par les odeurs d'usines et de décomposition.
Le modèle préconçu
Mais les Dufour ne semblent rien percevoir de tout cela car ils suivent un mo
dèle préconçu,
qu'ils tiennent absolun1ent à respecter « pour que ce fût plus
champêtre.
la famille
s'installa sur l'herbe sans table ni sièges» (p.
132: GF,
p.
100).
Leurs adnlirations obéissent au n1ê1ne conformisme: ils s'attendrissent à
l'écoute de la description poétique faite par le canotier, habile à éveiller en eux
«cet amour bête de la nature».
lis s'effrayent au récit des imprudences commises
par les sportifs, qui semblent bien contrevenir à tous les préjugés édictés par les
nlanue\s de remèdes de bonne femme.
Conclusion: Maupassant ne se donne pas de sujets complexes : il cherche
surtout
à montrer la réalité quotidienne telle qu ·elle est et à porter un
regard décapant sur
le réel.
'' Il y a, dans tout, de l ïnexploré, parce que
nous sommes habitués à
ne nous servir de nos yeux qu ·avec le souvenir de
ce
qu'on a pensé avant sur ce que nous contemplons.
La moindre chose
contient un peu d'inconnu.
)) (Préface de Pierre et Jean ).
En faisant la
satire du petit-bourgeois, l'auteur dénonce
un travers de la société de son
temps et atteint par là une forme d'universalité dans le décryptage minu
tieux des con1portements humains.
C'est, cependant, ce
même souci du dé
tail juste qui peut entraîner la fiction dans l'espace inquiétant du fantastique..
»
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