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La bêtise chez Maupassant

Publié le 02/08/2014

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maupassant

 

Avec le xixe siècle, siècle par excellence de la bourgeoisie, apparaît la cri­tique de cette catégorie sociale triomphante taxée de bêtise par Stendhal et plus encore par Flaubert, pour qui la bêtise naît de l'asservissement au sté­réotype. de l'incapacité à penser soi-même. Maupassant s'inscrit dans la continuité de cette dénonciation du lieu commun, qui n'est pas forcément le lot d'une classe mais l'apanage des individus soumis aux impératifs de la mode. Affectés d'un patronyme commun, les Dufour se caractérisent par leur conformisme alors qu'ils croient partir à l'aventure.

maupassant

« E X P 0 S É S F C H E S L'espace de I'ave~t~re Parvenu à la porte l\.1aillot.

1 'équipage franchit les fortifications qui ceignent en­ core la capitale.

Passer l'octroi équivaut_ en quelque :-.ortc, à passer dan'> un nouvel e:.pace.

à voir s'ouvrir devant soi les prétendus horizons de la ca1npagnc - en té- 1noigne re1nploi du tnot contrëe pour désigner la" zone » qui entoure la capitale.

Avec ironie.

Maupassant tnontre M.

Dufour donnant.

tel un guide touristique.

le signal de l"adnüration à son épouse.

Le personnage assi1ni!e la sortie de Paris avec l'arrivée à la campagne.

Le.'> Dufour effectuent une munière d'expédition dans le désert suggérant un exotistnc de pacotille : dans le soleil et la poussière.

on se croi­ rait au Sahara ! Cependant.

l'auteur brouille vite la perspective car lïtinéraire conjugue la cri­ tique de la proche banlieue, déjà industrialisée, avec l'évocation émouvante de l'horizon élargi.

On peut se de1nander quel sens revêt radjectif fonnidohle (p.

128; GF, p.

96): faut-il le prendre au premier degré car l\.1aupassant admire cette vaste trouée vers le lointain ? Le terme ignifie alors« in1posant >).

Mais on pourrait aussi le prendre dans son acception classique.

vieillie aujourd'hui, au sens d' «effrayant.

redoutable)) et le considérer comme une 1nanière de jugetnent de va­ leur énoncé en style indirect libre.

L'adjectif témoignerait d'une appréciation sub­ jective de la réalité, prise en charge par le groupe des personnages placés en posi­ tion d'observateurs - d'autant que la suite cultive l'ambiguïté en présentant ces bourgeois comme des ignorants s'étonnant de tout.

L'auteur cultive les opposi­ tions thématiques et stylistiques : le temps semble se dilater avec « continuelle­ ment )) et « interminablement "· contrastant avec les trois adjectifs 1nonosy\la­ biques.

«nue, sale, puante>), d'un registre de langue fanlilier.

Ensuite, une période de tonalité plus soutenue exploite le fantastique de la zone personnifiée.

L'insis­ tance sur le délabrement des bâtiments suggère une critique ~ociale ; puis, une 1né­ taphore filée présente avec ironie les usines comme l'unique végétation d'un lieu pollué par les odeurs d'usines et de décomposition.

Le modèle préconçu Mais les Dufour ne semblent rien percevoir de tout cela car ils suivent un mo­ dèle préconçu, qu'ils tiennent absolun1ent à respecter « pour que ce fût plus champêtre.

la famille s'installa sur l'herbe sans table ni sièges» (p.

132: GF, p.

100).

Leurs adnlirations obéissent au n1ê1ne conformisme: ils s'attendrissent à l'écoute de la description poétique faite par le canotier, habile à éveiller en eux «cet amour bête de la nature».

lis s'effrayent au récit des imprudences commises par les sportifs, qui semblent bien contrevenir à tous les préjugés édictés par les nlanue\s de remèdes de bonne femme.

Conclusion: Maupassant ne se donne pas de sujets complexes : il cherche surtout à montrer la réalité quotidienne telle qu ·elle est et à porter un regard décapant sur le réel.

'' Il y a, dans tout, de l ïnexploré, parce que nous sommes habitués à ne nous servir de nos yeux qu ·avec le souvenir de ce qu'on a pensé avant sur ce que nous contemplons.

La moindre chose contient un peu d'inconnu.

)) (Préface de Pierre et Jean ).

En faisant la satire du petit-bourgeois, l'auteur dénonce un travers de la société de son temps et atteint par là une forme d'universalité dans le décryptage minu­ tieux des con1portements humains.

C'est, cependant, ce même souci du dé­ tail juste qui peut entraîner la fiction dans l'espace inquiétant du fantastique.. »

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