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La Chartreuse de Parme (1839) STENDHAL - Chapitre III

Publié le 14/03/2020

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La Chartreuse de Parme est un roman dont l'action, située en Italie, a pour héros un jeune aristocrate, Fabrice del Dongo. Admirateur passionné de Napoléon, il s'est rendu à Waterloo pour assister à la bataille, que Stendhal raconte longuement dans les premiers chapitres. Mais le jeune homme a bien du mal à cerner la nature exacte de la guerre. À travers le regard d'abord surpris puis désabusé de son héros, Stendhal évoque le caractère tragique d'un événement qui marqua la fin d'une époque.

Tout à coup on partit au grand galop. Quelques instants après, Fabrice vit, à vingt pas en avant, une terre labourée qui était remuée d’une façon singulière. Le fond des sillons était plein d’eau, et la terre fort humide, qui 5 formait la crête de ces sillons, volait en petits fragments noirs lancés à trois ou quatre pieds de haut. Fabrice remarqua en passant cet effet singulier ; puis sa pensée se remit à songer à la gloire du maréchal. Il entendit un cri sec auprès de lui : c’étaient deux hussards qui tombaient 10 atteints par des boulets ; et, lorsqu’il les regarda, ils étaient déjà à vingt pas de l’escorte. Ce qui lui sembla horrible, ce fut un cheval tout sanglant qui se débattait sur la terre labourée, en engageant ses pieds dans ses propres entrailles ; il voulait suivre les autres : le sang coulait dans 15 la boue.

Ah ! m’y voilà donc enfin au feu ! se dit-il. J’ai vu le feu ! se répétait-il avec satisfaction. Me voici un vrai militaire. À ce moment, l’escorte allait ventre à terre, et notre héros comprit que c’étaient des boulets qui faisaient voler 20 la terre de toutes parts. Il avait beau regarder du côté d’où venaient les boulets, il voyait la fumée blanche de la batterie à une distance énorme, et, au milieu du ronflement égal et continu produit par les coups de canon, il lui semblait entendre des décharges beaucoup plus voisines ; il 25 n’y comprenait rien du tout.

Chapitre III.

Cette situation est mise en relief par les verbes impersonnels, « Ce qui lui sembla » (I. 11) et « il lui semblait » (I. 23-24) qui font de lui une sorte de témoin passif. L'expression « Il avait beau » (I. 20) souligne l'impuissance de Fabrice à distinguer les phénomènes et à les expliquer. Il les subit dans un état d'extrême confusion, ce qu'exprime l'affirmation « il n'y comprenait rien du tout ». (I. 24-25)

3- L'EFFICACITÉ D'UNE VISION NAÏVE

La naïveté du héros est exprimée par l'état de confusion dans lequel il se trouve. Elle est également soulignée par des interventions directes du narrateur et par le passage au style direct. Ces différents choix narratifs permettent à Stendhal de présenter une vision réaliste et critique de la guerre.

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« venaient les boulets, il voyait la fumée blanche de la bat­ terie à une distance énorme, et, au milieu du ronflement égal et continu produit par les coups de canon, il lui sem­ blait entendre des décharges beaucoup plus voisines ; il 25 n'y comprenait rien du tout.

Chapitre III.

AXES DE LECTURE MÉTHODIQUE INTRODUCTION Dans l'extrait choisi, Stendhal met en scène Fabrice en fai­ sant de lui plus un observateur qu'un acteur, bien que celui­ ci fasse partie d'une escorte lancée au grand galop.

Ce qu'il voit, sans toujours le comprendre, constitue en effet une assez large partie du texte.

Dans le récit, ses incertitudes tra­ duisent une impression générale de confusion, tandis qu'un bref passage au style direct confirme son inexpérience et le regard ironique que Stendhal porte sur lui.

On pourra, compte tenu de ces caractéristiques, construire l'étude du texte sur les axes suivants: - l'importance des perceptions visuelles dans le texte, - l'expression de la confusion, - l'efficacité d'une vision naïve.

1.

L'IMPORTANCE DES PERCEPTIONS VISUELLES DANS LE TEXTE Le passage est presque entièrement consacré à ce que voit Fabrice, comme le montrent le nombre important de verbes de perception visuelle et la précision de ce qui est aperçu.

Le point de vue est celui du héros.

'14. »

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