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LA COMÉDIE AU MOYEN AGE : FARCES. — MORALITÉS. — SOTIES

Publié le 18/05/2011

Extrait du document

Si les mystères et les miracles sont des genres tout à fait propres au moyen âge, et dont notre tragédie classique n'est pas issue, on ne peut nier qu'il y ait développement continu dans l'histoire de notre comédie. Entre les pièces comiques représentées du XIIIe au XVIe siècle, et celles des XVIIe et xviiie, siècles, il y a sans doute des différences notables, mais telles seulement que le goût de chaque époque les explique. Sans comparer l'auteur de Pathelin à celui de Tartuffe, ni Adam de la Halle à Beaumarchais, cette évolution est certaine.

I. — Première période : du XIIIe au XVe siècle.

Origines. — Les jongleurs colportaient de ville en ville un répertoire de Monologues, de Dits, etc., où l'on peut retrouver les origines des premières comédies. Mais nous ne possédons aucun texte dramatique avant le XIIIe siècle; le XIVe présente ensuite une lacune complète et difficile à expliquer. Il est probable que la plupart des sujets représentés au XVe, époque où tous les genres comiques s'épanouissent largement, sont des remaniements de pièces plus anciennes. Adam de la Halle (1230-1288 ?). — Par un singulier hasard nous commençons cependant par des oeuvres datées, signées, et dont l'auteur semble avoir eu la personnalité littéraire la plus marquée.

« volaille, dans un pâté, etc.

Primitivement, on désigna par le mot farce certaines interpolations mêlées au texteliturgique des épîtres, des évangiles, des proses.

On récitait à des fêtes déterminées, des épîtres farcies, trèssérieuses; on en récita de burlesques, en français, à la Fête des Fous.

A l'époque où l'on introduisit dans lesmystères de courts intermèdes comiques, on les considéra comme la farce qui vient s'ajouter à un mets substantiel,et qui y apporte un agréable condiment.

De là, ces petites comédies ont gardé le nom de farce, même lorsqu'ellesétaient représentées isolément.Nous avons conservé cent cinquante farces, dont le texte est souvent altéré : ce sont presque toujours des formesrajeunies de quelque pièce qui avait déjà passé par plusieurs états.

Les plus célèbres, en des genres très différents,sont : Pathelin et le Cuvier.Analyse de Pathelin.

— Maître Pathelin est un « avocat sous l'orme », c'est-à-dire sans causes.

Sa femmeGuillemette se plaint de n'avoir ni sou ni maille, et des robes râpées.

Pathelin promet à Guillemette de rapporter dudrap de la foire pour elle et pour lui.

Il quitte sa maison, qui se trouve à gauche du théâtre (cette maison estouverte et doit laisser apercevoir le lit, dans la chambre de l'avocat), et se rend à droite, où l'on voit la boutique deGuillaume le drapier : des pièces d'étoffe sont exposées à l'extérieur.Le drapier, assis devant la porte, guette les clients.

Pathelin l'aborde, le salue, lui fait l'éloge de son père défunt; et,tout en causant, il met la main, comme par hasard, sur une pièce de drap; il feint d'être séduit par la belle qualité del'étoffe, en demande le prix, marchande pour la forme, semble céder malgré lui aux exigences de Guillaume, et s'enfait mesurer six aunes.

Pathelin, ayant encore dans sa poche un parisis (environs franc de notre monnaie), le donnecomme « denier à Dieu », et le marché est conclu; puis il prie.

Guillaume de venir chez lui pour être payé en écusd'or, et pour manger à cette occasion de l'oie que dame Guillemette fait rôtir.

Le drapier accepte : il portera le drap;mais Pathelin met vivement le paquet sous sa robe, en protestant, avec force politesses, qu'il peut très bien luiépargner cette peine.

L'avocat parti, le marchand se félicite : il a fait payer 24 sous l'aune (environ 24 francs denotre monnaie) un drap qui n'en valait pas 20.

Ainsi, c'est lui, pour le moment, qui croit avoir trompé son client.Pathelin rentre chez lui.

A la vue de ce beau drap, Guillemette se récrie et s'inquiète : comment pourra-t-on jamais le payer ? Son mari larassure et lui explique la manoeuvre à suivre : quand Guillaume viendra pour manger de l'oie et toucher son argent,on lui fera croire que l'avocat, malade depuis six semaines, n'a pu, en aucune façon, lui acheter du drap, ni l'inviter àsouper; et Pathelin lui-même, couché dans son lit, aura le délire.

On conçoit l'étonnement de Guillaume qui arrivequelques instants après.

Le pauvre homme, d'abord incrédule, est bien forcé de se rendre à l'évidence, quand ilaperçoit Pathelin bondissant dans son lit, en proie à une agitation fiévreuse, et baragouinant dans tous lesdialectes.

Il s'en va donc, en se demandant de quelle illusion il a pu être victime.Cependant se présente chez Pathelin un berger à l'air naïf; ce berger, Agnelet, est au service de Guillaume, dont ilgarde les moutons.

Son maître vient de le traduire en justice : il l'accuse d'avoir assommé plusieurs de ses bêtes,pour les manger et pour vendre leur laine.

Or Agnelet a besoin d'un avocat, et il est venu trouver Pathelin.

Celui-ci,qui a des tours plein son sac, conseille au berger de contrefaire l'idiot, et de ne répondre à toutes les questions quipourront lui être adressées par le juge, par Guillaume, ou par lui-même, que : bée...

L'avocat plaideral'irresponsabilité, et le pauvre homme sera acquitté.

— Alors commence, au milieu du théâtre représentant la placepublique, la scène du jugement.

Guillaume est d'un côté, Agnelet de l'autre; et, derrière Agnelet, se tient Pathelin.Le drapier formule son accusation; tout à coup il reconnaît l'avocat.

Ses idées s'embrouillent; il mêle le drap volé auxmoutons assommés...

Le juge le croit fou, le rappelle à ses moutons, et finit par absoudre le berger qui, fidèle à sapromesse, n'a répondu que bée, à toutes les questions.

Pathelin triomphe donc; mais il va trouver son maître.

Restéseul avec Agnelet, il lui demande de le payer.

Agnelet continue à bêler, et Pathelin, furieux, n'en peut tirer uneparole.

C'est sur cette dernière tromperie que finit la pièce.On ne sait quel est l'auteur de Pathelin; on l'a attribué, sans preuves, à Villon.

Le texte que nous possédons est de1470.C'est la première en date de nos comédies d'intrigue et de caractères.

Les personnages y sont vivants et naturels;les incidents sortent les uns des autres avec la logique même de la réalité; le style en est clair et spirituel.Le Cuvier.

— C'est une des nombreuses farces satiriques dirigées contre les femmes; on y constate que nos auteursdramatiques du XVe siècle puisaient largement aux mêmes sources que les auteurs de fabliaux.

— Jacquinot, marifaible et débonnaire, est persécuté par sa femme et sa belle-mère.

Il demande, pour éviter de perpétuellesdiscussions, qu'on veuille bien écrire sur un papier (un rollet, ou petit rôle) toute la liste de ses occupationsobligatoires.

Dans une scène très bien conduite, on voit Jacquinot, assis devant sa table, et écrivant sous la dictéedes deux femmes; celles-ci accumulent les prescriptions ; elles se creusent la cervelle pour penser à tout; etJacquinot, qui a son idée, écrit toujours.

Le papier est signé.

Jacquinot le met dans sa poche, et aide sa femme àfaire la lessive.

Un grand cuvier occupe le milieu de la scène; la femme, par suite d'une fausse manoeuvre du mari, ytombe, et elle ne peut en sortir.

Elle appelle Jacquinot à son secours.

Celui-ci, tranquillement, tire de sa poche lerollet, et le lit, article par article.

— Interrompu, à chaque vers, par les cris et les supplications de la femme, ildéclare enfin que " ça n'est point à son rollet ".

La belle-mère, incapable à elle seule de tirer sa fille du cuvier,promet qu'on déchirera le rollet.

A ce prix, le mari consent à délivrer sa femme et il se jure de devenir maître chezlui. IV.

— La Moralité. Définition.

— La moralité dramatique est un genre didactique et allégorique.

On sait, par le succès du Roman de laRose, quel était le goût du moyen âge pour la personnification des vertus, des vices, des opinions, etc.

La moralité. »

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