Devoir de Philosophie

La condamnation de la société chez Rousseau

Publié le 23/06/2015

Extrait du document

rousseau

Le rêve d'un monde meilleur

Peut-il y avoir un monde meilleur? Rousseau ne propose aucun système idéal mais ses choix affectifs permettent d'imaginer quel type de société aurait sa préférence.

Il se méfie des puissants et proclame sa « haine inextinguible (...) contre les vexations qu'éprouve le malheureux peuple et contre ses oppresseurs « (ibid., p. 217). Par ailleurs, il se méfie des villes qu'il juge corrompues alors que les paysans lui parais­sent vertueux et généreux. En matière d'argent, il ne songe qu'à gagner honnêtement des sommes suffisantes mais modestes. Le rêve de Jean-Jacques serait-il de vivre, loin de tout État, dans une communauté rurale à l'intérieur de laquelle les hommes seraient égaux entre eux? Peut-être. Mais à la différence de Voltaire qui chercha toujours à agir', Rousseau ne tenta pas de concrétiser son rêve. Son désir d'un monde meilleur reste abs­trait. Sa vision de la société est sans doute trop désespérée pour déboucher sur une action politique.

 

Par son oeuvre philosophique, Rousseau inspirera après sa mort les hommes politiques de la Révolution française. Ses cendres seront même transférées au Panthéon en 1794. Mais dans Les Confessions, le narrateur ne parle ni en prophète ni en maître à penser. Il se peint au contraire comme un homme rejeté pour avoir tenté d'être fidèle à ses principes. Parce qu'il veut mettre en application une certaine conception du bien, il passe pour un fou (L. Il, p. 92). Pour Rousseau, la société et la morale sont nécessairement en guerre.

rousseau

« Le caractère de Jean-Jacques À y regarder de plus près, Jean-Jacques ne ressemble pour­ tant pas aux héros des romans de formation.

Ce n'est pas un ambitieux.

«Tantôt héros et tantôt vaurien » (L.

Ill, p.

132}, il ne s'élève pas, palier par palier, jusqu'au pouvoir ou à la fortune.

Son itinéraire hasardeux n'a rien de la trajectoire précise des per­ sonnages de Balzac ou Stendhal qui vont droit au but (c'est-à-dire à la réussite}.

Jean-Jacques, lui, se signale par son « penchant à dégénérer» (L.

1, p.

63}.

Les quelques succès qu'il remporte restent sans lendemain : il ne demeure pas chez ceux qui sem­ blent lui vouloir du bien.

Il ne reste en effet ni chez Mme Basile, ni chez le comte de Gouvon, ni chez son neveu l'abbé de Gouvon, ni chez le marquis de Bonac.

En outre, Jean-Jacques n'est pas un être volontaire.

Ses départs sont plus souvent des coups de tête que des actes réfléchis.

Quant à ses allées et venues, elles sont généralement dues à l'initiative d'autrui.

M.

de Pontverre l'envoie à Annecy.

M.

Sabran lui suggère d'aller à Turin.

Mme de Warens lui demande d'accom­ pagner M.

Le Maître à Lyon.

Jean-Jacques obéit chaque fois.

Il ne monte pas à l'assaut de la société, décidé à prendre sa vie en main.

Il se soumet au hasard des rencontres et s'incline devant la volonté des autres.

Mais surtout, le héros ne fait preuve d'aucune aptitude à corn­ prendre les lois de la société.

Au contraire, à mesure qu'il avance en âge, il ressent le désir de fuir les hommes ou de contester la manière dont ils se comportent.

Le narrateur résume ainsi son expérience : « Plus j'ai vu le monde, moins j'ai pu me faire à son ton » (L.

IV, p.

208}.

Ce bilan est absolument l'inverse de celui de tout roman de formation.

Sans doute, à la fin du Livre IV, la situation de Jean-Jacques s'est-elle stabilisée: grâce à Mme de Warens, il a obtenu un emploi.

Mais ce répit ne doit pas faire illu­ sion.

Un coup d'œil sur le Livre V nous apprend que Jean-Jacques ne va guère rester au service du roi de Sardaigne.

Il se dégoûte rapidement de ce nouveau métier.

S'il ne parvient à se satisfaire d'aucune place dans la société, c'est que celle-ci lui semble fon­ damentalement mauvaise.

88. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles