La conquête de la culture (Malraux)

« 62 1 Culture (comme conquête) «Le peuple de la liberté, c'est celui pour lequel la résistance est une tradition séculaire, celui dont l'his­ toire moderne est celle d'une inépuisable Guerre de l'Indépendance -le seul peuple qui célèbre une fête du «Non».

Ce Non d'hier fut celui de Missolonghi, celui de Solomos.

Chez nous, celui du général de Gaulle, et le nôtre.

Le monde n'a pas oublié qu'il avait été d'abord celui d'Antigone et celui de Prométhée.

Lorsque le der­ nier tué de la résistance grecque s'est collé au sol sur lequel il allait passer sa première nuit de mort, il est tombé sur la terre où était né le plus noble et le plus ancien des défis humains, sous les étoiles qui nous re­ gardent cette nuit, après avoir veillé les morts de Sala­ mine.» ~ L'étude du contexte nous montre que cette formule se situait, pour Malraux, dans une perspective histori­ que.

On pourrait cependant l'interpréter dans un sens plus individuel.

Elle pourrait signifier que la culture, pour un individu, ne se limite pas à l'absorption de connaissances.

Elle ne péut résulter que d'un engage­ ment personnel, elle suppose une attitude active faite de curiosité, d'effort et d'esprit critique.

Enfin, elle n'est jamais achevée, nécessitant pour ne pas dépérir une constante vigilance.

Ce que le maréchal Foch ex­ primait en disant: «Il n'y a pas d'hommes cultivés, il n'y a que des hommes qui se cultivent.

». »