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La critique littéraire

Publié le 21/04/2011

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La critique littéraire est une notion qui depuis toujours pose problème et évolue constamment. Quelle soit universitaire, journalistique ou bien, la critique a toujours eu sa place dans l’histoire littéraire. L’intérêt ici ne sera donc pas de retracer son évolution ni les différentes formes sous lesquelles elle apparait mais bien d’interroger cette discipline dans son sens premier comme art de porter un jugement d’ordre intellectuel, moral ou esthétique sur une œuvre. Sa place dans la littérature et sa légitimité sont souvent mises en doute. Entre « appendice de la littérature « ou « double nécessaire «, le sujet fait débat et impose une remise en question de son statut. En effet si beaucoup d’auteurs voient dans son influence un caractère néfaste, nous ne pouvons néanmoins nier l’importance de son rôle dans l’évolution de la littérature. Le problème sera donc de voir si l’activité critique est menaçante pour la création littéraire ou si au contraire elle concoure à son renouvellement. En d’autres termes, permet-elle de mieux apprécier une œuvre ou constitue-t’elle un risque pour l’inspiration littéraire ?  Pour cela, nous verrons dans un premier temps les risques et dérives inhérents à l’activité critique pour dans un second temps étudier cette dernière comme outil mis au service de la lecture pour mieux comprendre les ressorts d’une œuvre. Dans une dernière partie nous tâcherons de replacer la critique du point de vue du lecteur, le seul peut-être légitime à juger une œuvre.   

« dimension morale qui brouille à la fois l'interprétation d'une œuvre et empêche d'avoir une vision objective de laqualité ou non de l'œuvre littéraire.

Pire encore, ces pré-requis sur l'auteur peuvent tout simplement être un frein àla lecture d'une œuvre.La Critique historique quant à elle prend le risque d'enfermer l'œuvre dans un genre ou un contexte historique.

Orœuvres littéraires majeures sont justement souvent celles qui sont intemporelles voire subversives et en désaccordavec leur époque : on pourra citer l'exemple de la querelle du Cid ou des Fleurs du mal qui condamnées par lescritiques de l'époque sont aujourd'hui reconnues comme faisant partie des œuvres majeures de la littératurefrançaise.

De même restreindre l'interprétation d'une œuvre à son simple contexte socio-historique c'est sous-entendre que toute la production littéraire d'une époque est identique car réalisée dans une époque commune.

Ainsile déterminisme social et historique inhérent à cette méthode empêche toute forme d'individualité.

C'est d'ailleurs ceque condamne Flaubert dans sa correspondance avec Sand où il souhaite un retour à l'œuvre en elle-même tropsouvent rejetée en arrière plan au profit d'une critique normative appliquer à juger selon des modèles esthétiques.Enfin, si on a pu voir que les limites interprétatives de ces méthodes réduisaient l'œuvre à des critères souventdiscutables, on peut souligner également une autre dérive importante de la critique qui est l'esthétisation.

Certes lacritique s'est toujours réclamée de son appartenance à la littérature mais les procédés qu'elle utilise aujourd'hui pourse donner une légitimité littéraire menace sa légitimité en tant que critique.

Le risque pour le critique est d'utiliser lesmêmes outils que l'écrivain au dépens de son objectivité rationnelle et de son but premier qui est de décrypter dansune langue claire et neutre le langage de l'écrivain.C'est notamment ce que l'on peut retrouver avec la critique dit artiste.

Critique qui s'est développées avec desécrivains comme Baudelaire, Hugo, Lamartine et qui permet à la fois de mieux saisir l'inspiration et le génie d'unécrivain mais qui d'un autre côté perd en objectivité.

Les écrivains cherchent alors dans les œuvres qu'il leur arrivede commenter ce qui peut nourrir leur propre production littéraire.

Cette critique de parti pris souvent violente,excessive, ne cherche pas tant à être équitable qu'à augmenter son pouvoir d'invention.

Le risque est d'alors defaire de faire de la critique littéraire une forme d'art à part entière qui supplante la littérature elle-même.Pour conclure sur cette première partie, nous pouvons dire que la critique littéraire revêt des formes diverses etvariées où les dérives sont nombreuses.

Néanmoins nous pouvons noter l'intérêt de ces différentes méthodes qui, sielles peuvent paraitre superficielles prises séparément, constituent cependant « un double nécessaire » à lalittérature.II] Une critique mise au service de la lectureComme l'expliquait Sainte Beuve, « le critique est quelqu'un qui sait lire et qui apprend à lire aux autres ».

En effet,le rôle du critique est avant tout de tâcher de convertir le sens d'un texte dans un langage plus commun etaccessible.

Ainsi, lorsque le critique américain Joseph Frank consacre une étude à Dostoievsky en se basant sur sabiographie et sur les brouillons de l'auteur, il ne cherche pas à relater des anecdotes superflues et inutiles mais bienà démontrer la place essentielle qu'occupe l'histoire personnelle de l'auteur dans ses œuvres.

Ainsi avoirconnaissance de certaines informations concernant sa quasi exécution ou ses années de bagne permet sans aucundoute une compréhension de la genèse mais aussi du sens de son œuvre.

De la même manière ces informationspersonnelles permettent au lecteur de désacraliser en quelque sorte la figure de l'écrivain et de rendre ce dernierplus accessible, plus humain.

Face à des œuvres du patrimoine littéraire monumentale et impressionnante, le critiquese place en tant qu'allier du lecteur pour faciliter son entrée dans l'œuvre et sa compréhension.

En effet, même unlecteur avertit peu par manque de connaissances de l'auteur, de l'époque ou autres se laisser porter par une fausseinterprétation compromettant une compréhension efficace et intelligente.La critique littéraire a donc une responsabilité importante qui est de rapporter le plus fidèlement les pensées d'unauteur.

Si elle oscille entre la célébration, la compréhension et le jugement, c'est parce que le rapport de lalittérature au monde est variable, problématique et jamais parfaitement clair.

Il convient donc de préparer leslecteurs, de les disposer à entrer dans un rapport complexe.

De fait, la lecture compréhensive immédiate est unmythe, c'est d'ailleurs ce que rappelle la présence de préfaces critiques rédigées par les écrivains eux-mêmes pourpréparer le lecteur.

Sa responsabilité est d'autant plus importante qu'elle représente le premier contact que lelecteur aura d'une œuvre dès lors le critique à le pouvoir ou non d'influencer la lecture d'une œuvre.De plus le rôle du critique est également de rappeler que l'écrivain est avant tout un lecteur et par conséquent, sonœuvre s'inscrit dans une lignée qui le précède.

Ainsi l'Ulysse de James Joyce fait écho et reprend clairementl'odyssée d'Homère.

Dès, il incombe au critique le devoir de transmettre le grand dialogue entre les hommes engagésdepuis toujours et qui permet de mieux comprendre la nature humaine.

Tout texte entre en résonnance avecd'autres textes et donc le critique joue le rôle de comparatiste.Son rôle peut également avoir une certaine influence sur telle ou telle tendance.

Le critique représente dès lors unintermédiaire, un lieu de passage nécessaire entre l'auteur et son lecteur.

Pour cela il doit maitriser et pressentir lesvies de l'évolution littéraire.

Une grande œuvre littéraire est souvent caractérisée par son décalage avec la sociétéde l'époque et donc incomprises par ses contemporains.

La critique est donc là pour aider le lecteur à comprendreles idées émises par l'auteur et expliquer l'intérêt d'une nouvelle valeur esthétique ou morale.La critique littéraire est une discipline en perpétuel changement.

Balzac sera l'un de ceux à dessiner une nouvellevoie pour la critique.

Il propose une démarche s'intéressant à l'architecture même du texte.

Démarche qui sera aucœur de la critique de genette, aux analyses structurelles ou encore à la poétique de Bachelard qui s'appliquenttoutes à décrire au plus juste les contraintes du discours littéraire.Peu importe la méthode utilisée, le critique a donc pour mission d'élargir les perspectives de lecture, d'expliquerl'indicible, de rendre compte de la beauté et du génie créateur.

Il est le témoin d'une époque, le garant de normesesthétiques mais doit pouvoir s'en détacher pour reconnaître le renouveau littéraire.III] le lecteur comme seul et unique destinataireNous aborderons cette troisième et dernière partie à travers la vision de Todorov qui voit la critique comme une «conception étriquée de la littérature, qui la coupe du monde dans lequel on vit, s'est imposée dans l'enseignement,dans la critique et même chez nombre d'écrivains.

Le lecteur, lui, cherche dans les œuvres de quoi donner sens à. »

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