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LA DESCRIPTION dans Madame Bovary de Gustave Flaubert

Publié le 22/01/2020

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LA DESCRIPTION

• Le calme des choses et l’indifférence de la nature Inertes, privés de sentiment, les objets du monde extérieur sur lesquels se pose notre regard, quels rapports ont-ils avec notre conscience, avec nos rêveries, nos passions, nos projets? Quel sens ont-ils? Sont-ils liés à notre histoire, et comment ?

Leur calme, leur existence immobile de choses sans âme parfois nous étonne quand en nous le mouvement et la vie surabondent. Emma en fait l’expérience, après sa vaine conversation avec le curé. Elle a regagné sa chambre et retrouvé ses meubles familiers et « vaguement s’ébahissait à ce calme des choses, tandis qu’il y avait en elle-même tant de bouleversements » (p. 161). En d’autres circonstances, au contraire, le monde extérieur semble s’opposer à nous par sa vitalité et sa gaieté, mais toujours, en tout cas, par la même indifférence à ce que nous ressentons. C’est ainsi qu’à la troisième partie (p. 432), dans la scène de l’enterrement, un frais paragraphe descriptif évoquant « toutes sortes de bruits joyeux » et de couleurs claires contraste ironiquement avec le désespoir de Charles.

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« • Décors Les décors ne sont pas des toiles de fond muettes.

Ils révèlent la personnalité et la vie des êtres.

Retenons, pour nous en convaincre, trois descriptions d'intérieurs, celle de la salle du Père Rouault (p.

37), celle de ia.

chambre de la nourrice (p.

133), celle de la salle à manger du notaire (p.

389).

L'auteur décrit la salle des Bertaux où Charles descend après avoir fait son pansement au vieux paysan, à la suite de la présentation de la ferme.

Celle-ci (p.

35) donnait une impression d'aisance, que des adjectifs, banals en eux-mêmes, soulignaient par leur convergence : les chevaux étaient « gros •>, les râteliers « neufs '" le fumier « large », la bergerie « longue •, la grange « haute '" les charrettes " grandes '" les équipages « complets "· Les chiffres pairs, deux charrettes, quatre charrues, cinq ou six paons, marquaient l'ordre et l'équilibre, renforcés par l'adverbe« symétriquement».

Dans la salle, ce qui frappe d'abord le regard, ce sont les couverts et les timbales d'argent, puis le « grand » lit, recouvert d'indienne, et la « haute >> armoire, qu'on sent pleine et qui dégage une odeur agréable.

Détail d'abord insolite au milieu de ces beaux meubles, mais à la réflexion bien à sa place pour rappeler et la saison et les activités du maître de mai­ son : les sacs de blé.

Ils révèlent encore la richesse, et non le désordre : ils constituent le « trop-plein >> du grenier, et sont bien rangés dans les angles.

Une note inattendue et touchante est donnée par le dessin encadré.

Même si les lettres gothiques, quelque peu prétentieuses, ne s'accordent guère avec la naïveté de la dédicace et avec le sujet grec de la tête de Minerve, on sent pourtant dans cette œuvre placée «au milieu du mur '" et qui a au moins le mérite de n'être pas une vulgaire reproduction industrielle, à la fois la fierté d'un père et l'affection d'un enfant.

Ainsi, à travers la descrip­ tion des lieux, Flaubert poursuit le portrait de l'héroïne et de son père, laisse deviner quelque chose de son passé, de ses études, l'absence d'une mère, et dans la volonté d'orner un décor assez banal sans doute mais non dépourvu de dignité, un peu des rêves d'élégance d'Emma Bovary.

La chambre de la nourrice, dans laquelle vit la petite Berthe, est loin d'avoir la même netteté que la salle des Rouault.

On y retrouve le lit, mais « sans rideaux " et sans - 52. »

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