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La dramaturgie d'Electre de Jean Giraudoux

Publié le 06/01/2020

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didascalies indiquent régulièrement que les personnages « rentrent » dans le palais. Cette « cour intérieure » constitue en outre un lieu vraisemblable de promenade pour les époux Théocathoclès, et de rencontre pour la femme Narsès, le mendiant ou pour Agathe et son amant.

 

L’existence de ce lieu unique n'empêche pas la mention d'autres lieux : le parc entourant le palais (II, 5, p. 93); plus loin la campagne et les collines environnantes (I, 2, p. 23 et II, 7, p. 105) ; dans Argos enfin, l'appartement des Théocathoclès (II, 2, p. 77-78). La pièce comporte ainsi tout un arrière-plan.

 

Un lieu tragique et obsédant

 

Le décor représentant la façade du palais d'Agamemnon remplit certes sa fonction de localisation géographique : le mythe d’Électre est à jamais lié à Argos et au palais du roi des rois. Mais son importance mentale et psychologique est plus grande encore. C'est le lieu tragique par excellence, celui où tous les crimes des Atrides se sont perpétrés : voici la fenêtre de la chambre où Atrée « tua les fils de son frère » (1,1, p. 13), l'« échauguette1 » où fut étranglée Cassandre (p. 13), la fenêtre donnant sur la pièce où mourut Agamemnon (p. 14). C'est le lieu de référence de la plupart des personnages, celui vers lequel revient Oreste, celui d’où part l'obsession d’Électre parce que son père y fut assassiné.

 

Durant le spectacle, 1e public a constamment ce décor sous les yeux. Et ce décor est le cadre de tous les crimes passés et à venir. Il est ainsi en permanence chargé de souvenirs monstrueux et dramatiques; et, à la fin de la pièce, il devient le cadre de la vengeance, c'est-à-dire de l'assassinat d'Égisthe et de Clytemnestre, tandis qu'au loin Argos périra. Le lieu devient un élément même du tragique.

L'UNITÉ D'ACTION

Le traitement de l'action s'avère également conforme à la doctrine classique, L’unité d'action imposait que l'intérêt fût centré

 

1. Guérite en pierre placée en angle, dans un château fort.

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« vingt-quatre heures.

Au-delà, pensait-on, se produisait entre temps réel et temps fictif un trop grand décalage, préjudiciable à la vrai­ semblance.

Le spectateur, pensait-on, ne pourrait croire qu'en trois heures de spectacle on lui présente des événements cen­ sés se produire sur deux ou plusieurs jours.

L'unité de temps apparaissait comme nécessaire à la crédibilité de l'œuvre jouée et, partant, à l'intérêt qu'elle devait susciter.

Le respect par Jean Giraudoux de l'unité de temps Fin connaisseur des grands auteurs classiques, Jean Giraudoux observe strictement cette unité de temps.

L'action s'ouvre dans le plein soleil d'un après-midi, avec des villageois en costume de fête pour le mariage annoncé d'Électre et du jardinier.

La nuit tombe quand s'achève le premier acte.

Le « lamento >> du jardinier coïncide avec une grande partie de la nuit.

L'acte Il débute« peu avant le jour>> (p.

75).

Le dénouement intervient à I' « aurore >> (p.

132) quand, sur le fond de l'incendie qui ravage Argos, se confondent la lumière du soleil et celle de la vérité.

Le spectateur passe ainsi de l'après-midi d'un jour è l'aube du lendemain.

Mathématiquement l'action d' Électre se condense donc en moins de vingt-quatre heures.

La rénovation par Jean Giraudoux de l'unité de temps Tout en se pliant aux contraintes de l'unité de temps, Jean Giraudoux n'en innove pas moins.

L'inversion du déroulement du temps fictif constitue la pre­ mière nouveauté.

La tragédie classique avait en effet pour habi­ tude de lancer l'action à l'aube (dans Britannicus de Racine, par exemple) ou dans les toutes premières heures de la matinée (cas d'Andromaque ou de Phèdre; ou, chez Corneille, du Cid ou de Cinna).

Le dénouement avait lieu le soir même.

Très rares étaient les tragédies dont l'action se poursuivait durant la nuit, ou au-delà (Le Cic/J.

Jean Giraudoux inscrit sa pièce dans cette exception et, par là même, il renouvelle la manière d'observer l'unité de temps.. »

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