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LA FONTAINE - Fables - Livres I à VI

Publié le 22/04/2011

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A quarante-sept ans, La Fontaine n'a encore rien produit de remarquable. Ce débutant presque barbon n'a guère publié que des traductions plus ou moins libres (Térence, Boccace, l'Arioste), des œuvres de circonstance (Le Voyage en Limousin, YElégie aux nymphes de Vaux), des ouvrages légers, à la limite du licencieux, en vers et prose (deux recueils de Contes et nouvelles). On y trouve déjà des qualités d'observation et d'élégance formelle, mais rien qui élève sensiblement l'auteur au-dessus du niveau de la littérature de salon de l'époque et qui fasse pressentir la pénétration psychologique, les préoccupations morales et la virtuosité extraordinaire de l'artiste qui éclateront dès les six premiers livres des Fables.    3. Les Fables dans la tradition littéraire    a/ Les sources    La Fontaine se recommande, avec quelque ostentation, d'Ésope et de Phèdre, se conformant ainsi à un dogme essentiel de l'école classique en plein épanouissement : l'imitation des Anciens. Mais ces derniers lui fournissent des thèmes et non pas des modèles.   

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« — Transformer la fable en un conte purement divertissant, mais « conter pour conter me semble peu d'affaire »(ibid.). Il trouve alors une solution de compromis dont le principe général est « instruire et plaire » (ibid.) Pour ce faire, ilfaut éviter les « vains ornements » (ibid), proscrire tant l'emphase que les mignardises dont il donne de plaisantsexemples (p.

56), combiner le réel et la fiction, l'élégance et la brièveté.

Ainsi obtiendra-t-on « un certain charme,un air agréable qu'on peut donner à toutes sortes de sujets, même les plus sérieux » (« Préface », p.

18).

Ainsiconciliera-t-il ses exigences personnelles et celles de son public.

L'artiste et le moraliste y trouveront leur compte. 2.

Y a-t-il une construction concertée ? On ne saurait, stricto sensu, parler de construction dans une œuvre faite « d'une succession discontinue de récitsayant chacun son unité et son originalité propres » (« Commentaires », p.

223).

Le groupement des fables par livresne répond pas à un souci structurel ou thématique.

Leur lien est purement circonstanciel : la personne duprotecteur désigné dans la dédicace.

A l'intérieur de chaque livre, les fables se succèdent à tous égards de façonarbitraire : sujets, personnages, variation du ton (du galant au burlesque et à l'émotion), large éventail destructures rythmiques. Cependant, à plusieurs reprises, La Fontaine pratique la « fable double » (I, 15 et 16 ; II 11 et 12 ; IV, 15 et 16 ; V,1 et 2 ; VI, 1 et 2).

Cela permet la reprise immédiate du même thème avec des personnages différents, sous unéclairage différent, souvent plus concret ou plus émouvant.

Parfois aussi un fil semble courir au long de plusieursfables, un thème repris comme en écho : par exemple celui de la surestimation de soi-même et des conséquencesdramatiques qu'elle entraîne : V, 16, 17, 18, 21, alors que les fables 19 et 20 illustrent, par contraste, la vertu deprudence ou le refus du rêve qui égare. On remarque aussi une sorte de progression du ton à la fin du livre V : quatre fables successives (pp.

132 à 136) sesituant dans un monde purement humain : on y traite de thèmes fondamentaux de la condition humaine : l'argent,l'amitié, la mort, la famille, la Providence.

Les deux dernières fables du même recueil reprennent le procédé de la «fable double » grâce au personnage central : le Maître, qui incarne une sagesse un peu désabusée (pp.

139 à 141).Dans les Fables il ne s'agit jamais d'une structure rigide, tout au plus de reprises de thèmes sur des tons différents,comme une composition musicale. L'impression dominante est celle d'une grande liberté nourrie de thèmes divers brillamment orchestrés en variationsqui ont l'apparence de l'improvisation. 3.

Les personnages a/ Un univers sans frontières Hommes, dieux, animaux, tout y fait quelque rôle, Jupiter comme un autre (V, 1, p.

146). J'ai fait parler le Loup et répondre l'Agneau ; J'ai passé plus avant : les arbres et les plantes Sont devenus chez moi créatures parlantes (II, 1, p.

55). Ces déclarations manifestent une sorte de fierté d'avoir en quelque sorte recréé l'univers sous le signe de lacommunication entre toutes ses composantes : hommes, animaux, végétaux, mais aussi entre le visible et l'invisible,le matériel et le surnaturel, le tout doué au même degré des attributs de l'humain : la parole, la pensée, la volonté,le sentiment, et par conséquent accédant à la dignité de personnages.

Mais ces personnages se tiennentétrangement à la frange du merveilleux et de la réalité. b/ Le merveilleux La Fontaine évoque avec humour un temps mythique : « Le temps que les bêtes parlaient » (IV, 1, p.

110).

Maiscela est vrai aussi des objets réputés inanimés : deux pots (V, 2, p.

148), une lime (V, 16, p.

161).

Plusaudacieusement encore, voilà que s'expriment des dieux : Jupiter, Mercure, Hercule ; des éléments de la nature : leSoleil, le Vent (Phébus et Borée, VI, 3, p.

174). Renouant avec un procédé poétique qui remonte au Moyen Age, mais en en réduisant l'artifice par le naturel de leursréactions, il anime des allégories : la Discorde, la Renommée (VI, 20, p.

131).

Il plonge même dans le fantastiqueavec des personnages surgis du vieux fonds mythologique : le Satyre (V, 7, p.

154). c/ La vérité humaine.. »

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