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La Fontaine, « Le Rat et l'Huître », Fables, VIII, 9

Publié le 16/03/2011

Extrait du document

fontaine

 

 

Ce qu'il ne faut pas manquer lors de l'explication de texte:

 

Le livre VIII appartient au second recueil publié par La Fontaine. Si les fables du premier recueil s'inscrivaient dans la tradition des fabulistes grecs et latins, très vivante au XVIIe siècle, le second recueil se caractérise, entres autres singularités, par la variété des tons et les interventions de plus en plus fréquentes de l'auteur, qui exprime sa propre opinion et commente sa propre écriture. L'art de la fable s'y complique et s'y réfléchit comme tel.

 

            « Le Rat et l'Huître « organise la rencontre entre un personnage bien connu des fables, le rat, bavard impénitent (notre texte va le confirmer puisqu'il est le seul à parler), et un personnage plus rare et muet, l'huître. Le rat prétentieux quitte les siens pour aller explorer le monde mais se retrouve rapidement avalé par une huître.

 

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« - Le ton héroï-comique: le rat est présenté comme un héros d'épopée.

Il possède ses « DieuxLares » (dieux domestiques) et c'est Thétys, déesse de la mer qui lui découvre une huître.Le voc.

Noble coexiste avec les mots plus humbles qui décrivent une réalité rurale: champ,grains, javelle, case... L'héroï-comique est prolongé ici par les propos mêmes du rat, qui se pique d'un savoir livresqueet interprète donc à contresens ce qu'il voit dans la première partie du récit: il a lui-même unstyle épique, moqué par le fabuliste qui fait rimer par exemple « case » avec «Caucase », donneau personnage des inversions et des périphrases soutenues (« le maritime empire »), deshyperboles (qui produisent un grandissement épique)... - Le rôle de la parole: le rat est ici un être de discours parce qu'il est nourri delivres.

Mais aussi parce qu'il transforme aussitôt ses voyages en discours (discoursdirect), qui trahissent une autosatisfaction.

C'est ce que sous-entend la locutionconjonctive « sitôt que »...

« il dit » et il s'exclame (avec la diérèse sur« spacieux » qui donne au ton une emphase certaine): le rat s'empresse non pas dedécouvrir le vaste monde mais de le parler, de le parler avec des phrases toutes faiteset, qui plus est, mal comprises: le savoir du rat est un savoir de seconde main (celuid'un « magister », maître d'école du village, terme employé souvent en un senspéjoratif), et mal assimilé: v 15, une citation erronée et non pertinente de Rabelais! - C'est justement ce passage-là que La Fontaine met en valeur dans le schéma strophique(avec en plus une allitération mimétique en /r/ : « n'étant pas de ces rats qui, leslivres rongeants/ se font savants jusques aux dents ».

Dans ces deux vers, La Fontaineremotive un proverbe tout fait, lui redonnant un sens concret appliqué à un rat, à unrongeur donc.

Pour signifier quoi? Que notre rat n'est pas même un demi savant et qu'ilparle pour dire n'importe quoi (« à travers champs »: l'expression ici aussi appuie sonsens figuré (cela veut dire « à tort et à travers ») sur le sens concret (le rat deschamps) remotivé par le récit.

La Fontaine s'amuse donc de ces deux sens et donne untour spirituel et gai à cette satire du pédant. - L'écart entre les deux pans du récit: le rat est puni non pas de sa fatuité, mais de sagourmandise, de sa sensualité cachée derrière ses discours.

Et quand il s'agit denourriture, il ne se trompe pas.

L'erreur du rat est donc moins son ignorance que sonimprudence.

La Fontaine semble suggérer l'inutilité d'un savoir – mal assimilé,producteur d'illusion- quand c'est l'expérience de la vie qui fait défaut au rat. - Le piège de la moralité: La Fontaine insiste sur la fonction didactique de lafable.

Mais la fable montre que celui qui croit savoir apprend à ses dépens qu'il ne sait rien dutout.

Qu'en est-il alors des lecteurs? Fable doit leur apprendre.

Pourtant, si les lecteursrefusent d'apprendre, ne manifesteront-ils pas, comme le rat, une fatuité et une assurance quiles perdront? Au fond, cette fable est un piège et l'huître, tentante et appétissante, maistrompeuse, peut offrir la mise en abyme du pouvoir de la fable, récit séduisant qui laissecroire, à tort, qu'il est aisé d'en tirer un leçon!. »

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