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La langue française

Publié le 30/06/2012

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langue

La langue française nous permet cette distinction essentielle : tragique n'est pas seulement une épithète associée à tragédie (Sophocle, auteur tragique) ; le mot recouvre une réalité plus vaste et plus profonde, si l'on pense que le phénomène du tragique constitue une structure fondamentale de l'univers. On objectera peut-être qu'il en va de même pour comique, qui ne qualifie pas uniquement un genre littéraire; il est vrai qu'il y a des spectacles comiques. indépendamment de toute représentation théâtrale. Mais lorsque à propos de quelque incident, on dit: C'est comique, on ne désigne qu'un aspect extérieur d'un événement ou d'une situation dont la nature essentielle demeure hors de cause.

langue

« ne devait pas mourir, et pourtant quelque chose nous disait qu'il était exposé à cette mort, précisément à cause de toute cette puissance et ce bonheur, presque surhumains, qui le distin­ guaient, le désignaient à la vengeance.

C'est tragique parce que le sang appelle le sang, et que le meurtrier devait avoir cette mort hors de la justice légale dont le mécanisme semblait bien au-dessous de son crime.

Causalités absurdes et pourtant immédiatement admises par le public pour qui ces meurtres ne sont pas la conséquence d'une volonté ou d'un hasard, d'une politique ou d'une imprudence, mais relèvent d'une nécessité supérieure à la logique humaine.

L'événement était imprévisible - quelle somme de coïncidences il a exigée, la Commission d'enquête l'a montré-! -et pourtant il était attendu.

Cet attentat.

l'opinion, spontanément, le situait hors des cadres, dans une zone exceptionnelle où il apparaissait presque normal.

Tous les faits divers qu'on appelle tragiques ne ·représentent pas la même intensité que l'assassinat du Président Kennedy, mais on y retrouve plus ou moins le même mécanisme et.

chez le spectateur, le même mélange de surprise et de secrète attente, d'indignation et de consentement.

-conscience fruste du tragique.

qui s'accompagne souvent d'un assez vil ressentiment, d'une satisfaction légèrement sadique, car il est agréable aux petits que les grands, les riches et les heureux soient frappés au cœur de leur réussite.

comme si, à travers l'injustice qu'on déplore, s'exécutait le décret mystérieux d'une autre justice, celle qui, de toute éternité, asservit les hommes au travail, à la maladie et à la mort pour les punir de quelques instants de bonheur.

Ambigu est le comportement commun à l'égard du tragique.

On dit:« Qu'avait-il donc fait pour mériter ça?»; on dit : « Si ce n'est pas une misère ! Il était si jeune.

elle était si belle, ils étaient si heureux ...

>> On parle ainsi, mais on sait eu fond de soi que ce paradoxe scandaleux recele la raison du malheur ; on pressent que le destin qui se monnaye si gentiment en horoscopes hebdomadaires a des réserves de férocité naturelle comme ces fauves du zoo qui.

aprés avoir ronronné sous les caresses, dévorent soudain le bras et l'enfant.

(( Tout homme heureux est coupable », écrivait Péguy méditant sur Œdipe-Roi.

L'opinion en est spontanément convaincue.

Mais cette conviction, si agréable à partager lorsque.

dans les temps de misère.

elle réconfortait les humbles, commence à peser lourd sur une société qui fait du bonheur son culte et installe les masses dans la sécurité matérielle.

Certes, des épisodes éminents continuent de solliciter la complicité indi­ gnée ; le lendemain de la nuit où Marylin Monroe se tua, des millions de gens ont oublié leur frustration.

leur laideur.

en. »

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