LA LITTÉRATURE ALLEMANDE DU MOYEN AGE AU BAROQUE
Publié le 22/10/2011
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C'est également au xviie siècle qu'écrivit un poète mystique dont les vers, généralement groupés par deux sous un titre qui les désigne comme des maximes morales ou religieuses, ont connu depuis quelques années un regain de faveur : Angelus SILESIUS, de son nom Scheffler, luthérien devenu jésuite. Son Pèlerin chérubinique a été réédité et commenté à plusieurs reprises au milieu de notre xxe siècle. Des âmes sensibles à la poésie et des esprits de théologiens ont aimé le charme simplet de ces notations pittoresques et ont voulu y découvrir un sens profond.
«
des traits de la femme idéale que chanteront les Minnesii.nger.
Elle est l'antithèse de Kriem hild et fait parfois penser à l'Iphigénie de Gœthe.
Les meilleures épopées courtoises sont celles de Henri de VELDEKE, de HARTMANN VON AUE, de WoLFRAM voN EscHENBACH et de GoTTFRIED VON STRASSBURG.
Tandis que Veldeke, dans son Enéide (1183) se rattache à l'antiquité en chantant le héros troyen, mais peint en réalité la société chevaleresque et brode sur les thè mes de l'amour et de l'héroïsme, les autres abandonnent résolument les sources nordi ques ou classiques pour imiter les poèmes français et puiser leurs sujets dans le « Cy
cle d'Arthur ».
Hartmann von Aue, aux confins du xn• et du xn1• siècle, écrit Ereo et Iwain où l'on distingue nettement l 'influence de Chrétien de Troyes : poèmes « chevaleresques » qui nous montrent différents caractères de chevaliers, assez finement nuancés jusque dans leurs contrastes , mais tous également épris de cet idéal courageux et désintéressé que stimule l'amour de leur dame.
Son Gregorilus est le r écit des tribulations de Grégoire qui, après avoir découvert qu'il a é pousé sa mère, se condamne à un cruel exil dans un tlot désert d'où il sera tiré par le s Roma ins qui en feront un pape.
Le Pawvre Henri est l'histoire très émouvante dans sa sim p licité d'un ch e valier lépreux, soigné par une petite paysanne , et qui doit être guéri - on ne dit pa s encore par la tran sfusion, mais - par l'aspersion du sang , s'il trouve une vierge qui consente à se sacrifier pour lui.
Sa garde-malade s'offre avec la joie
des âmes pures et aimantes.
Il refuse longtemps ; elle insiste; il finit par consentir .
Au moment où l'opil ration va commen cer, -qui doit guêrir l'un et faire
mourir l'autre - Heinrich s'indigne c ontr e lui ·mêm e et consent à rester lilpreux pour que la jeune fille
vive .
Quand il la ramène chez ell e, il se voit en chemin miraculeusement gué ri : son mal a disparu, comme le bâton de Tannhaüser s e met soudain à fleurir, par la v ertu du sacrifi ce vol o ntaire et expiatoir e.
Wolfram von Eschenbach est l'auteur de Parsifal, écrit peu après 1200, long poème de
827 laisses de 30 vers, qui reprend le sujet de la Queste du Graal selon Chrétien de Troyes et le complète.
La forme souvent c ompliqu ile et n égli gile, com me si
le poème eût été dic té , a des obscurit ils et des longu eurs, mais Wolfram sait aussi conter avec ais ance et humour , et, quand il n'accumule pas l es dé tail s inutiles dans d'int erminables descriptions ou ne fait pas montr e d'une ilrudition très hiltilroclite, il sait maintenir en éveil notre curiosité, et même nous émouvoir encore.
Là, comme dans le ca s des Nibelung e n , ce serait une erreur de regarder ce Parsifal à traver s Wagner et
le se ns de l'œuvre est tout différent .
Wolfram entend fair e la morale à ses auditeurs et ne s onge pas à la
r é d e mpt ion du mond e par la piti il.
On a dit que son
poème é tait, dans la littérature alle mande, le « prem ier roman d'une éducation ».
Gottfried de Strassburg ne nous a laissé que son Tristan, composé vers 1210, qui n'a
pas la profondeur tragique de celui de Wa gner, et qui est resté inachevé.
Mais il peint avec précision, élégance et amour la société chevaleresque de son temps.
Au contraire de Wolfram, qui se perd volontiers dans des di gressions philosophiques, il apporte un soin particulier à ciseler ses vers.
Il sait évoquer en poète les aspects changeants de la forêt et de la mer.
Une autre sorte de poésie, à la même époque, n'a pas été moins florissante : la poésie lyrique des Minnesiinger.
On entend par là un genre bien défini de poésie cour toise dans lequel le chevalier chante - au sens propre comme au figuré - son amour platonique pour la Dame de ses pensées.
En effet, le mot Minne signifie : amour, senti ment noble et pur qui enflamme les cœurs pour de grands exploits.
Il semble que cette adoration de la femme inacces sible qui provoque l'hilr o ïsm e par un sourire ou le don de quelqu e menu souvenir, fasse partie de la morale et de la psychologie courtoises comme la lan c e
e t le bou clier font partie de l'armure des chevaliers .
Jamais cette Belle n'est d ésign ée par des traits qui lui donnent le relief et le s parti cularit ils d'un être vivant :
c ' est un idilal semblable chez tous.
On dirait, remarqu e
A .
Moret, que « tous les Minnesanger ont chanté la même femme ».
De plus , le genre du Minnesang comportait des règl es stri ctes qui tendaient à e n faire un jeu ha bile et raffiné , où excellaient certain s v ir· tuoses .
On y a d'ailleurs dilcelé des influences orientales, provençales et même issue s de l'antiquit é classique .
Quoi qu' il en soit, l'abondante production des Minne
siinger, entre le s xn• et Xlv" siècl es , nous a lilgué un grand nombre de courtes poilsie s qui comptent parmi les fleurs les plus belles et les p lus fraîches -du lyrisme allemand.
D'abord illustré par des chevaliers, même par un empereur (Henri VI), des rois, des princes, en un mot : des Nobles, ce genre fut ensuite cultivé, comme on exerce une profes sion, par des jongleurs ambulants dont il est difficile de suivre la course et dont beaucoup d'œuvres ont été sûrement perdues pour tou jours.
Cette des cente progr essive le long de l'échelle sociale devait aboutir aux corpora tions des Maîtres-Chanteurs, qu'il ne faut pas confondre avec les Minnesanger, et qui se recrutaient surtout parmi les artisans.
Forte ment organisées au xv1 • siècle, ces corpora tions ont à leur tour connu une époque flo rissante avec Hans SACHS, le cordonnier poète.
Pour compléter cette esquisse, il faut souli gner qu'après avoir chanté l'amour-noble, pur et désintéressé, la « hohe Minne », on en vint peu à peu à chanter les plaisirs de l'amour sensuel, Vénus pandemos, la « niedere Minne ».
A côté des poèmes d 'amour, on compte aussi, dans ce lyrisme médiéval, beaucoup de pièces d'intention moralisatrice.
Les Alle mands désignent ce genre par le nom géné rique de Spruch ..
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