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LA LITTÉRATURE POPULAIRE EN FRANCE

Publié le 21/11/2011

Extrait du document

On appelait d'abord feuilletons les chroniques publiées en bas de page des journaux et réservées aux critiques littéraires ou dramatiques ; le genre avait ses maîtres qui faisaient la loi dans le domaine de la librairie ou du théâtre. Aussi fut-ce une véritable révolution quand, en 1841, le Journal des Débuts commença la publicatign des Mémoires du diable, de Frédéric SOULIE (1800-1847) où on trouvait, dans une haletante succession d'épisodes effrayants, une description inattendue de Paris. Le succès fut tel que le journal demanda à Eugène SUE (1804-1857) de prendre la suite de Soulié. Ainsi naquirent les Mystères de Paris (1842) qui, pendant seize mois, allaient tenir la France en haleine et imposer à l'imagination les personnages pittoresques de Fleur-de-Marie et du prince Rodolphe ou du Chourineur, avec une géographie ignorée de la capitale où il n'est question que de l'Allée des

« Des marchands vagabonds qui étalent des livres dans les foires Mais qu'est-ce que la littérature populai~e? S'agit-il d'écrits provenant du peuple ? Cela ~.rnve, mais ce n'est pas un fait général.

Il v~ut lllleux ~ voir une littérature, de provenances dtverses, qut s'adresse à un public particulier.

Et c'est là où commence la difficulté : quel est ce public ? Malesherbes, le protecteur des encyclopédistes et l'avocat de Louis XVI, avait écrit, trente ans avant la Révolution, des Mémoires sur la librairie et la liberté de la presse qui constituent aujourd'hui un précieux document sur le commerce du livre dans les provinces vers le milieu du xvm• s.iè?le.

« :r~ut est rempli de marchands vagabonds, dtt-il, qm eta­ lent des livres dans les foires, les marchés, les rues des petites villes.

Ils vendent sur les grands che­ mins ; ils arrivent dans les châteaux et y vendent leur marchandise ...

,.

Il y a fort à penser que ces colporteurs , qui vendaient pêle-mêle livres et rubans ne vendaient pas au gens des châteaux ce qu'ils ~endaient aux habitants des villages.

Voltaire ou Montesquieu n'avait pas la clientèle des ache­ teurs du Bonhomme Misère.

Il y a donc deux types de lecteurs dans la France qui lit, et on s'en rend bien compte avec une anecdote citée par un auteur anonyme du XVIII• siècle.

Une dame de haut ran~ demanda un jour à sa femme de chambre de lut prêter l'histoire de Pierre de Provence, roman épique dans le style .médiéval que ~ad~e ?e Scu­ déry n'aurait pas ose prendre pour sen msprrer.

La soubrette en fut si étonnée qu'elle hésita longtemps avant d'obéir et qu'elle n'apporta la brochure à sa maîtresse qu'en rougissant.

Co~ent en ~ff~t un ouvrage destiné aux gens de cmsme auratt-11 pu s'adresser aux gens de qualité ? On fera appel à une sorte de conscience de classe, pour parler un langa­ ge politique ; ce n'est probablem~~t pas e~act.

Il s'agit, dans le cas présent, d'll!l ventable declasse­ ment, comme si, aux yeux-me~es d~s l~teurs,.et des lectrices de livres popularres, 1 attratt qu tls exerçaient sur eux avait eu que~qu~ ~hose d:ina­ vouable.

Même une servante devmatt, mconsctem­ ment, une différence entre la littérature dont elle faisait son bonheur, après le travail, à la chandelle, et celle qui s'étalait dans les bibliothèques ?e l.a maison.

Cette curiosité, si c'en était une, paratss.att inopportune.

Il y a un public pour chaque espece d'ouvrage.

Le livre populaire existe.

Reste à .savoir qui .le ~it.

Ce qu'on sait, depuis les travaux fatts sur la ~tbh. »

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