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La Locandiera de Carlo Goldoni et Minna von Barnhelm de Gotthold Ephraïm Lessing

Publié le 17/01/2022

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La comédie existe depuis l'Antiquité (elle voit le jour en Grèce, lors des fêtes traditionnelles en l'honneur de Dionysos, où un cortège burlesque se formait dans une explosion de plaisanteries et de chansons), mais elle n'a été défini de façon formelle qu'au XVIIème siècle. En effet, l'époque de Molière en donna un modèle difficilement contournable. Depuis l'Antiquité, la comédie se caractérisait donc par une non définition, récupérant les restes de la noblesse tragique. A partir de la fin du XVIIème siècle, les dramaturges voulaient moduler cette approche, y défendre des idées, des valeurs, rendre le genre plus noble et pour cela, ils rompirent avec l'ancien mécanisme dramatique qui mettait en scène des jeunes gens éperdument amoureux l'un de l'autre mais qui ne pouvaient s'unir puisque leur père s'opposaient à leur mariage (comme dans Le bourru de Ménandre). Au XVIIIème siècle, les auteurs sortent du schéma habituel en changeant l'intrigue, deux jeunes gens sont toujours épris l'un de l'autre mais cette fois-ci, l'obstacle est interne. C'est en effet, l'un des prétendants possible qui vient contrarié l'amour. Ainsi, nous remarquons que tout ce qui est nouveau est valorisé (la jeunesse, la volonté...), tandis que tous se qui se réfère à l'ordre ancien est ridiculisé (comme le marquis dans La Locandiera de Goldoni). Nous nous approchons des pièces sentimentales ou larmoyantes, mais attention au XVIIIème siècle les larmes sont une preuve de sincérité, un désir de proclamer une émotion intime et de laisser la part libre aux sentiments. Nous assistons donc, à cette époque, à un renouveau de la comédie. Goldoni et Lessing sont vu comme les deux plus grands réformateurs de ce genre.
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« et fort son refus de l'amour.

Lorsqu'il entre en scène à l'acte I, scène 4, il affirme en effet détester les femmes et iltente de ridiculiser le Marquis et le Comte épris de l'hôtesse comme en témoignent les vers suivant : acte I, scène 4« qu'il est en vérité difficile de se disputer pour quelque chose qui en vaille moins la peine ! C'est une femme qui faitnaître ce trouble, ce désordre entre vous? Une femme ! Ce qu'il faut entendre ! Une femme ! Pour moi, il est sûr queje n'aurai de dispute avec personne à propos de femmes : je n'ai jamais eu pour elles ni amour ni estime, et j'aitoujours pensé que la femme constitue pour l'homme une insupportable infirmité.

» , Acte I scène 4 page 49 : «Certes ! Voyez merveille des merveilles ! Mais pour ma part, je préfère cent fois un bon chien de chasse.

».

Maisfinalement, après que la belle hôtesse qui adore être courtisée, et habituée à ce que rien ni personne ne lui résiste,se soit donnée comme projet de faire bouger l'homme qui campe sur ses positions, le chevalier tombe fou amoureuxd'elle : acte III, scène 6 « Au contraire, vous pouvez disposer de moi comme vous voudrez; » ; « Ne me tourmentezplus : vous vous êtes suffisamment vengée.

J'ai de l'estime pour vous, j'ai de l'estime pour les femmes de votresorte, si tant est qu'il y en ai.

Je vous estime, je vous aime, et je vous demande pitié.

» ; « Ne me traitez pas sidurement.

Croyez-moi, je vous aime, je le jure.

».

Le chevalier capitule, et tout sentiment de haine qu’iléprouve se transforme en un amour passion qui le tourmente.

C’est vraiment son mépris pour la femme qui lerend vulnérable aux astuces de la Locandiera puisque ne connaissant pas les armes ennemies il n’a pas puse défendre.Enfin, le comportement de Mirandoline, personnage cher à Goldoni puisque nous la retrouvons dans bon nombre deses oeuvres, tels que : La donna di garbo, La Brave Femme (1744), Vedova scalta, La Veuve usée (1748), révèledes paradoxes.En effet, la jeune orpheline nous apprend à l'acte I, scène 15 « qu'elle a eu de bonnes occasions de se marier ; etcependant elle n'a jamais voulu le faire, parce qu'elle apprécie infiniment sa liberté » et pourtant elle tente par toutles moyens de séduire les hommes qui descendent dans sa locanda : acte I, scène 10 « J'emploierais tout mon artpour, vaincre, abattre et briser ces coeurs barbares et durs, ennemis de nous les femmes ».En somme, Goldoni et Lessing en souhaitant faire oeuvre de réalisme ont crée des figures plus développés que lepantalon ou l'arlequin.

Ainsi, tel l'être humain, leurs personnages ont parfois des contradictions. Finalement, les contradictions sont résolues sur le mode plaisant.Pour parler plus précisément, le dénouement d'une comédie est obligatoirement heureux.Ainsi, le Major Tellheim voit son honneur, sa fortune et ses droits rétablis par le roi de Prusse : acte V, scène 9 «Ah, une fois de plus il tient parole ! Oh, Mademoiselle, quelle justice ! Quelle grâce ! C'est plus que je n'attendais !Plus que je ne mérite ! Mon bonheur, mon honneur, tout m'est restitué ! Je ne rêve pourtant pas ? Non, ce n'est pasune illusion de mes désirs ! Lisez vous-même, Mademoiselle, lisez vous-même ! » et Minna met fin à sa plaisanterie :acte V, scène 12 « Le comte, mon oncle, mon père...

Ma fuite, sa colère, sa décision de me déshériter, ne voyez-vous donc pas que tout était inventé ? O chevalier crédule ! » .

Le jeune Prussien et la jeune Saxonne peuvent denouveau s'aimer paisiblement.De la même façon, le chevalier qui était tombé amoureux redevient misogyne : acte III, scène 18 « Oui, traîtresse,épouse qui tu veux.

Je le sais, que tu m'as trompée ; je sais qu'en ton coeur tu triomphes de m'avoir abaissé, et jevois à quel point tu veux faire l'épreuve de ma patience.

Tu mériterais que je paie tes tromperies d'un coup depoignard dans le sein ; tu mériterais que je t'arrache le coeur pour le faire voir à toute les enjôleuses ; à toutes lestrompeuses.

Mais ce serait là doublement m'avilir.

Je fuis loin de tes regards, en maudissant tes charmes, tesmensonges, tes larmes.

Tu m'as fait connaître quel funeste pouvoir peuvent avoir sur nous les femmes ; tu m'as faitapprendre à mes frais que pour vous vaincre, il ne suffit pas de vous mépriser, mais qu'il faut vous fuir.

»Finalement, les paroles du chevalier et son comportement ne sont plus paradoxales, et son mépris des femmes sevoit justifié en raison de cette terrible expérience.En sommes, nous constatons que la comédie n'a fait que donner l'illusion d'une menace. Nous venons de voir que les personnages des deux comédies sont déconcertants, le chevalier misogyne tombefinalement amoureux d'une coquette sans scrupule, cette même femme qui n'aspire qu'à être libre consentfinalement à se marier et deux jeunes gens passionnément amoureux l'un de l'autre se refuse tour à tour.

Mais cescontradictions sont résolues sur le mode plaisant ce qui est tout à fait normal, puisque Carlo Goldoni et GottholdEphraïm Lessing ont écrit deux comédies séduisantes.

Toutefois, cette idée est à nuancer, en effet certainsparadoxes trouvent une réponse peu satisfaisante et toutes les menaces n'ont pas disparu. Tout d'abord , nous pouvons affirmer que les menaces n'étaient pas qu'illusoires et surtout qu'elles ne sont pastoutes résolues sur le mode plaisant.En effet, Tellheim refuse d'épouser Minna en raison de sa situation précaire, alors la jeune femme maligne et ruséemet au point avec sa suivante Franziska un stratagème pour que l'ancien officier prussien change d'avis.Pour cela, elle joue d'abord l'infortuné, ainsi Tellheim peut de nouveau l'aimer sans craindre de la déshonorée : acteV, scène 9 « Vous êtes très cruel, Tellheim, d'évoquer avec tant de charme un bonheur auquel il me faut renoncer.Mon infortune ...

» ; « C'est tout réfléchi ! Aussi vrai que je vous ai rendu la bague par laquelle vous m'avez naguèreengagé votre foi, aussi vrai que vous avez repris cette même bague : jamais la malheureuse Barnhelm ne deviendral'épouse d'un Tellheim plus heureux qu'elle ! ».

Ensuite, prise au jeu du miroir elle renvoie mot pour mot au major lesdéclarations moralisantes qu'il avait précédemment cité pour ne pas devoir épouser sa promise puisqu'il pensait depas en être digne : acte V, scène 9 « L'égalité est le seul lien solide de l'amour.

L'heureuse Barnhelm ne désiraitvivre que pour l'heureux Tellheim.

La malheureuse Minna elle-même se serait finalement laissé convaincre : pouradoucir – ou aggraver – le malheur de son ami elle serait restée auprès de lui.

Il aura d'ailleursremarqué qu'avant l'arrivée de cette lettre, qui détruit à nouveau notre égalité, je ne résistais plus que pour la. »

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