LA MÈRE chez Marivaux

De L'École des mères à La Mère confidente, Marivaux dresse le por­trait antagoniste des deux types de mères que l'on retrouve dans le res­tant de son oeuvre : la mère autoritaire et tyrannique qui s'oppose à la mère affectueuse et compréhensive. À partir de ces figures se des­sine le portrait de la mère idéale, renvoyant aux principes pédagogi­ques chers à Marivaux, père d'une fille trop tôt orpheline de sa mère.

UNE MÈRE INDULGENTE

Le jeune homme de riche et noble famille est tombé amoureux d'Angélique, suivante roturière et désargentée. Il s'engage à l'épou. ser, mais ne veut pas déplaire à sa mère. Sou• cieux de préserver la tendresse et le respect maternels, il cache ses intentions jusqu'à ce que certaines coïncidences favorisent la révé­lation. Voici la réponse d'une re mère idéale« :

Cette dame avoit tous les sujets imagina­bles d'kre satisfaite de lui. Excepté k mariage, il avoit toujours été soumis à ses volontez, Il n'avoit jamais abusé de ses bon-tez, & avoit toujours réciproqué par une piété sincère la tendresse qu'elle avoit pour lui. Elle le laissa achever sans l'interrompre l'état oû il étoit lui faisoit pitié ; elle le con­sola elle-même, & l'envoya reposer. Elle se coucha dans l'incertitude de ce qu'elle avoit à faire, mais avant qu'elle s'endormît, elle prit sa résolution. Elle étoit pénétrée de l'amour que son fils lui avoit découvert, & très satisfaite de son respect.