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LA MORALITE DU THEATRE DE MOLIERE

Publié le 21/02/2011

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Renan reprochait à Molière a de présenter les meilleurs choses par leur côté ridicule « et il ajoutait : « de même que les personnes pieuses auront toujours contre Tartuffe un grief assez fondé, de même il me semble que les personnes sérieuses auront toujours quelque peine à approuver les Femmes Savantes. « (Essais de morale et de critique. Souvenirs d'un vieux professeur allemand). Bossuet, Fénelon, J.-J. Rousseau et enfin Renan accusent Molière de faire rire de la vertu. Cette continuité est troublante, d'autant plus que Renan, en reprenant l'accusation, lui donne une forme limitée, mesurée, nuancée qui semble la rendre inattaquable.

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« C'est Philinte qui se gêne pour Alceste ; mais jamais Alceste ne se gêne pour Philinte.

C'est le plus personnel despersonnages du Misanthrope.

Ne serait-ce pas à dégoûter de la franchise ? Et cependant de tous les honnêtes gensde Molière, Alceste est le plus sympathique ; celui que l'on sent le plus capable de loyauté, de droiture et peut-êtred'héroïsme I Mais il faut bien avouer que le sublime d'Alceste reste dans l'ombre.On pourrait intituler Tartuffe : les méfaits du christianisme.

Je ne nie pas que Madame Pernelle et Orgon soient lesvictimes non du vrai christianisme, mais du faux.

Cependant comme le faux est obligé de se comporter comme levrai, on est gêné quand on entend Orgon déclarer que Tartuffe lui apprit à ne plus se soucier de sa femme et de sesenfants, et Tartuffe excuser les actes les plus abominables sur la pureté de ses intentions.

Car on ne sent que tropà quels préceptes de l'Evangile, à quels principes de la casuistique il est fait allusion.

Il faut bien reconnaître lue siMadame Pernelle et si Orgon étaient moins chrétiens, ils seraient moins crédules et moins dupes.

Il faut bienreconnaître aussi que le christianisme leur a laissé plus de défauts que la morale naturelle aux autres honnêtes gensde la pièce.

En effet, Elmire, Cléante, les sages de cette comédie, ne sont guère dévots.

"Les sentiments humains,mon frère, que voilà !" répond Cléante à ces paroles d'Orgon: Et je verrais mourir frère, enfants, mère et femme,Que je m'en soucierais autant que de cela ! Il ne dit pas : les sentiments chrétiens.

Cléante dira bien qu'il existe de vrais dévots et il les nomme, Ariston,Périandre, Ormente, Alcidamas.

Polydore, Clitandre.

Mais ces vrais dévots ne seront jamais sur la scène.

Aucund'eux ne vient s'opposer à Tartuffe et nous montrer les vertus du Christianisme.

Jamais Tartuffe n'entraînera uneconversion ; et toujours Tartuffe plaira aux ennemis de la Religion !Dans les Femmes Savantes, certes, il ne ne s'agit pas de la science mais du pédantisme.

Et les ignorants sont plusmaltraités que les pédants.

Chrysale est inférieur à Philaminte et Henriette à Armande.

Chrysale n'a ni esprit nicaractère.

Il ne se sert d'un gros Plutarque que pour repasser ses rabats, et il tremble devant sa femme qui, dumoins, ne manque pas de dignité.

Henriette, à un âge où il sied à une jeune fille d'avoir quelque poésie, est la dignefille de Chrysale, et, comme lui, enfoncée dans la matière.

Loin d'être gênée d'avoir enlevé Clitandre à sa soeur, ellea le triomphe déplaisant et impitoyable.

Il y a plu d'idéal chez Armande.

Néanmoins la supériorité de Philaminte etd'Armande est toute relative.

Philaminte n'a pas le temps de mettre en pratique son stoïcisme ; et Armande tâchepar tous les moyens de marier sa soeur avec Trissotin.

Enfin, comme toujours, la pièce est sans contrepoids.

Onvoit les faux savants, Vadius et Trissotin ; on ne voit pas les vrais savants.

Aussi, de même que Tartuffen'entraînera jamais une conversion, les Femmes Savantes n'inspireront jamais l'amour de la science.En vérité, il est difficile de faire aux objections de Renan un 3 réponse convenable et de ne pas lui accorder que lespersonnes pieuses et sérieuses auront toujours un grief assez fondé contre Tartuffe et les Femmes Savantes.Apparemment Molière, qui se contentait de la morale facilement immorale de la nature et du gros bon sens populaire,n'avait pas l'amour de la vertu et de la science assez ardent en lui pour chercher à le communiquer.

Renan a raison.Jamais, au sortir des Femmes Savantes, un étudiant ne prendra la résolution de suivre le cours de Trissotin auCollège de France et de Vadius aux Hautes-Etudes.. »

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