La naturalisme et la morale (Proust)
Publié le 13/09/2015
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Cela nous oblige souvent à travailler sur des sujets gâtés, à descendre au milieu des misères et des folies humaines. Mais nous apportons des documents nécessaires pour qu’on puisse, en les connaissant, dominer le bien et le mal. Voilà ce que nous avons vu, observé et expliqué en toute sincérité : maintenant, c’est aux législateurs à faire naître le bien et à le développer, à lutter avec le mal, pour l’extirper et le détruire. Aucune besogne ne saurait donc être plus moralisatrice que la nôtre puisque c’est sur elle que la loi doit se baser. Comme nous voilà loin des tirades sur la vertu qui n’engagent personne ! Notre vertu n’est plus dans les mots, mais dans les faits; nous sommes les actifs ouvriers qui sondons l’édifice, indiquant les poutres pourries, les crevasses intérieures, les pierres descellées, tous ces dégâts qu’on ne voit point du dehors et qui peuvent entraîner la ruine du monument entier. N’est-ce pas là un travail plus vraiment utile, plus sérieux et plus digne que de se planter sur un rocher, une lyre au bras, et d’encourager les hommes par une fanfare sonore ?

«
haute et sévère philosophie de nos œuvres naturalistes
se trouve admirablement résumée dans ces quelques
lignes.
Nous cherchons
les causes du mal social ; nous
faisons l'anatomie des classes et des individus pour
expliquer
les détraquements qui se produisent dans la
société et dans
l'homme.»
..,..
Claude Bernard (1813-1878), auquel Zola se réfère
ici, était un physiologiste, titulaire
d'une chaire de
médecine expérimentale au Collège de France, qui
découvrit notamment la fonction glycogénique du foie.
Il expliqua
les principes fondamentaux de sa méthode
dans
L'Introduction à l'étude de la médecine expéri
mentale (1865).
Cet ouvrage exerça une forte influence
sur
Zola qui s'y référa parfois à l'excès.
Mais, pour le
développement qui nous intéresse ici, l'analogie entre
le travail du savant et celui du romancier est tout à fait
acceptable.
Ils font apparaître
les causes du mal afin
d'en trouver le remède, remède qui pourra être appli
qué par d'autres.
Immédiatement après le passage que
nous venons de citer,
Zola écrit :
« Cela nous oblige souvent à travailler sur des sujets
gâtés, à descendre
au milieu des misères et des folies
humaines.
Mais nous apportons des documents
néces
saires pour qu'on puisse, en les connaissant, dominer
le bien et le mal.
Voilà ce que nous avons vu, observé
et expliqué en toute sincérité: maintenant, c'est aux
législateurs
à faire naÎtre le bien et à le développer, à
lutter avec le mal, pour l'extirper et le détruire.
Aucune
besogne
ne saurait donc être plus moralisatrice que la
nôtre puisque c'est sur elle que la loi doit
se baser.
Comme nous voilà loin
des tirades sur la vertu qui
n'engagent personne! Notre vertu n'est plus dans
les
mots, mais dans les faits ; nous sommes les actifs
ouvriers qui sondons l'édifice, indiquant
les poutres
pourries,
les crevasses intérieures, les pierres descel
lées, tous ces dégâts qu'on ne voit point du dehors et
qui peuvent entraÎner la ruine du monument entier.
N'est-ce pas là un travail plus vraiment utile, plus.
»
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