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La non-invitation au voyage de La Fontaine

Publié le 12/09/2019

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Dans l'Antiquité, le repos était considéré comme un \" trésor si précieux \" que les Anciens en faisaient le privilège exclusif des dieux. La Fontaine partage leur avis (VIl, 11). Les voyageurs de ses fables, quand ils ont la chance de revenir de leurs périples, savourent leur bonheur retrouvé. Vivre chez soi procure peu de soucis. Agir à sa guise constitue une liberté plus grande que celle de courir le monde (Les Compagnons d'Ulysse, Xli, 1}.

 

Testament moral de La Fontaine, l'ultime fable du Livre Xli (Le Juge arbitre, l'Hospitalier et le Solitaire, Xli, 29) est un éloge de la vie paisible et solitaire. Heureux qui sait rester chez soi près d'un ruisseau apaisant !

 

Une leçon de bonheur

 

Cet amour de la retraite ne paraît guère enthousiasmant. Il implique en effet la modération de ses désirs et passions, le mépris de l'argent et des honneurs, l'acceptation de ce que l'on est avec ses qualités et ses défauts. Mais, en contrepartie, le bonheur devient possible et comme à portée de main. À quoi sert en effet de parcourir le monde si c'est pour se précipiter au-devant d'une catastrophe ? Le voyageur croit-il que le temps passera moins vite ? Imagine-t-il que la mort ne le rattrapera pas dans sa course ? La découverte de nouveaux horizons est-elle un plaisir supérieur à la tranquillité, au fait de savourer le temps qui passe ? Le voyageur agit comme s'il remettait le bonheur à plus tard, à son retour à la prochaine escale.

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« découvrant des pâturages plus tranquilles confondent caprice et libe rté, et manif estent une totale inconscience (Les Deux Chèvres, Xl i, 4).

Jamais le voya geur n'est dépeint sous des couleurs sympathiques ou bienveilla ntes.

Un adjectif ou un comme ntaire du fabuliste le dis­ crédite d'emblée.

Le Singe qui fait naufrage près d'Athènes est stu­ pide et menteur .

Il tente de faire croire à un dauphin que Le Pirée (nom du port d'Athène s) est un mem bre de sa famille (IV, 7) ! L'envie de découvrir le monde, de se dépa yser ou de s'in staller ailleurs est présentée comme néfaste ou mauvaise.

Les danger s du voyage C'est que, dans les fables, il n'y a pas de voyage heureux ou pai­ sible.

Les unes après les autres, toutes insistent sur les mille et un dangers des voyages.

S'agit-il d'une traversée maritime ? Il faut affronter les tempêtes, les bancs de rochers, et même les pirates (L:Homme qui court après la Fortu ne et l'Homme qui J'attend dans son lit, VIl, 11 ; L:Jngr atitude et l'Inj ustice des hommes envers la Fortune, VIl, 13 ).

Ce n'est que par mir acle que " quatre chercheurs de nouveaux mondes , échappent à " la fureur des ondes , (Le Marchand, Je Gentilhomme, Je Pâtre et le Fils de roi, X, 15 ; même constat dans la fable 7 du Livre Xli).

Les voyages terrestres ou aériens ne sont pas plus rassurants.

Le voyageur de Phébus et Borée (VI, 3) lutte avec peine contre une bourrasque de vent.

Le malheur eux Pigeon qui s'envole au loin affro nte successivement un orage, des chasseurs, un vautour , le lance-pie rres d'un enfant (Les Deux Pigeons , IX, 2).

Quant au Rat écervelé, il est pris au piège d'une huître qui se referme sur lui (Le Rat et l'HuÎ tre, VIII, 9).

L' intitulé des voya ges On compr end dans ces conditions que courir tant de risques ne soit guère raisonnable.

Le voyage l'est d'autant moins que, lorsqu'on a la chance d'en revenir, on s'aperçoit qu'il n'a servi à rien de partir .. »

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