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LA PATROCLIE dans l'ILIADE d'Homère

Publié le 16/03/2011

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iliade

   La conception d'un héros, Achille, qui se refuse intraitablement à oublier l'outrage qu'il a subi, tant qu'il n'aura pas reçu amende honorable ou que son offenseur n'aura pas été châtié par Zeus, mais qui oublie tout le passé, dès qu'il apprend que son ami a péri et ne pense plus qu'à le venger, est une conception aussi féconde en beautés poétiques qu'elle est noble et élevée. La partie de l'Iliade que nous allons aborder et que l'on appelle communément la Patroclie, du nom de son héros principal, en constitue un des éléments essentiels. Ceux qui croient à un poème primitif plus simple que l'Iliade actuelle, et borné plus strictement aux effets de la colère d'Achille, regardent les exploits et la mort de Patrocle comme en ayant fait nécessairement partie. Mais le texte que nous lisons ne saurait en provenir directement, et il est assez malaisé de discerner les éléments qui pourraient remonter jusqu'à lui, des additions que des aèdes postérieurs y ont apportées, ou des remaniements qui ont dû être opérés pour le mettre en accord avec celles, qui, dans les chants antérieurs, ont transformé la Colère d'Achille en un Iliade, par exemple avec l'Ambassade du chant IX, et avec cette construction du rempart qui donne leur caractère principal aux combats qui se livrent à partir du chant XII. Il y a donc dans le chant XVI des beautés supérieures, et il y a aussi des inégalités, des disparates, des contradictions même, soit intérieures, soit relatives aux chants qui précèdent ou à ceux qui suivent. Nos citations ont pour objet surtout de faire connaître les beautés, mais, dans une certaine mesure aussi, de permettre au lecteur de juger des difficultés.

L'appel de Patrocle a Achille. (1-129).

Le départ des Myrmidons. (155-167).

Prière d'Achille. — Première attaque des Myrmidons. (220-284).

Délibération entre Zeus et Héré sur le sort de Sarpédon. (431-461).

La mort de Patrocle. (777-867).

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« terrain, les Argiens ! tandis que toute la ville de Troie les attaque, pleine de confiance! Car on ne voit plus la visièrede mon casque ; on ne le voit plus resplendir de près.

Sans doute ils fuiraient et ils rempliraient le lit de leurs fleuvesde leurs cadavres, si le seigneur Agamemnon avait des égards pour moi, tandis que maintenant ils assiègent le camp! Car Diomède, fils de Tydée, ne tient plus en main sa lance furieuse, pour épargner la catastrophe aux Danaens ; etje n'ai pas encore entendu sonner la voix de l'Atride ; je n'ai pas entendu sa bouche odieuse ! Je n'entends que cellede l'homicide Hector donnant ses ordres aux Troyens, qui, de leur clameur, emplissent la plaine, dans la joie de leurvictoire sur les Achéens.

Eh bien ! quoiqu'il en soit, Patrocle, écarte le péril des vaisseaux.

Fonds sur l'ennemi,irrésistible ! Que la flamme de l'incendie n'embrase pas les vaisseaux, et n'anéantisse pas l'espoir du retour ! Maisécoute bien ma recommandation finale, si tu veux me faire obtenir de tous les Danaens force gloire et force honneur; si tu veux qu'ils me restituent cette femme si belle, et qu'ils m'apportent de magnifiques présents, chasse-les desvaisseaux, et reviens en arrière.

Si l'époux d'Héré, le dieu du tonnerre, te donne la victoire, ne cède pas au désir decombattre sans moi les Troyens belliqueux : tu diminuerais alors les honneurs que j'attends.

Ne te laisse pas enivrerpar l'ardeur du combat ; ne mène pas, parmi les Troyens massacrés, l'armée jusqu'à Ilion ! Crains que du haut del'Olympe un des dieux impérissables n'intervienne 1 Tu sais l'amour qu'a pour eux le bon archer Apollon.

Non ! reviensen arrière, quand tu auras apporté le salut aux vaisseaux, et laisse les autres se chamailler dans la plaine.

Plût auciel, ô Zeus, ô père, ô Athéné, ô Apollon, qu'aucun des Troyens, tant qu'ils sont, n'évitât la mort, ni aucun desArgiens, et que, seuls, nous pussions échapper au désastre, pour abattre seuls ces murs, qui font à Troie sondiadème ! » Tels étaient les propos qui s'échangeaient entre eux ! Ajax cependant ne pouvait plus tenir ; les traits qu'il recevaitavaient raison de sa résistance.

La volonté de Zeus triomphait de lui, et les coups des vaillants Troyens.

Autour deses tempes, son casque brillant résonnait terriblement, sous les coups ; sans cesse, ceux-ci portaient contre lesbossettes bien œuvrées.

Son épaule gauche fléchissait sous le poids qui pesait toujours sur elle du bouclierétincelant, sans qu'ils pussent l'ébranler, malgré tout l'effort de leurs coups.

Sans relâche, il était en proie à unessoufflement pénible et une sueur abondante ruisselait de tous ses membres, sans qu'il pût en aucune façonreprendre haleine ; tous les maux s'accumulaient sur lui. Dites-moi maintenant, Muses qui résidez sur l'Olympe, comment le feu commença d'atteindre les vaisseaux desAchéens.

Hector, s'approchant le plus possible, frappa la lance de frêne d'Ajax, de sa grande épée, près del'emmanchement de la pointe, en arrière, et la brisa net ; Ajax, fils de Télamon, resta brandissant vainement untronçon de lance, et, loin de lui, tomba sur le sol, à grand fracas, la pointe d'airain.

Ajax comprit, et son cœur sansreproche en frémit, que la volonté des dieux se manifestait, que Zeus intervenait énergiquement dans la bataille,Zeus, qui fait rugir les nuées, et qu'il voulait la victoire pour les Troyens.

Il recula donc hors de la portée desjavelots, et les ennemis jetèrent le feu invincible sur le navire rapide ; une flamme inextinguible se répandit aussitôtautour de lui. Cependant le feu gagnait la poupe ; alors Achille se frappa les cuisses et dit à Patrocle : « Lève-toi, Patrocle, racede Zeus, bon écuyer ; je vois du côté des vaisseaux l'éclat du feu destructeur.

Vont-ils prendre les vaisseaux ?Allons-nous assister à l'irréparable ? Plus vite, revêts ton armure, pendant que je rassemblerai les soldats ».

Patrocle se revêt alors de l'armure d'Achille, ce qui ne sera pas sans difficulté dans le récit qui va suivre.

Il semblequ'il ait dû exister une première version, selon laquelle Patrocle portait ses propres armes.

Dans notre texte, il laisseseulement de côté la lance gigantesque d'Achille, présent de Chiron à Pélée, qu'Achille seul est capable de brandir.

Ilprend aussi les chevaux d'Achille les deux chevaux divins, Xanthos et Balios (le Bai et le Tacheté); fils de Zéphyreet de la Harpye Podargé, avec, comme cheval de renfort, Pédas, dont Achille s'est emparé dans le sac de la ville dÉétion. Le départ des Myrmidons.

(155-167). Achille, donc, passait en revue les Myrmidons, et les faisait s'armer ; tous, ils étaient rassemblés le long de leurstentes, avec leurs armures.

Comme des loups carnassiers, qui ont au cœur une vaillance indicible, ont surpris sur lamontagne un grand cerf encorné et le dépècent ; tous ont la gueule rouge de sang ; et tandis qu'ils s'en vont entroupe laper l'eau sombre à la source noirâtre, du bout de leurs langues minces, tout dégoutants encore du carnage,dans leur poitrine leur cœur reste sans crainte, et leur ventre rempli est à la gêne ; tels les chefs des Myrmidons etleurs capitaines, autour du vaillant écuyer d'Achille aux pieds légers, s'empressaient : et parmi eux se tenait,fièrement, Achille ; il excitait les chevaux et les hommes couverts du bouclier. Cette belle tirade est suivie d'un catalogue des Myrmidons, venus sur cinquante navires, qui portaient chacuncinquante soldats, et divisés en cinq corps.

Ce catalogue, et le petit discours d Achille qui s'y relie, sont bienvraisemblablement une addition au texte primitif.

C'est au contraire un morceau de ce texte que la comparaison quisuit, et la prière adressée par Achille à Zeus. Prière d'Achille.

— Première attaque des Myrmidons.

(220-284). Achille de son côté se dirigea vers sa tente, et ouvrit le couvert d'un coffre, d'un beau coffre bien orné, que Thétisaux pieds d'argent avait mis sur son navire pour qu'il l'emportât, après l'avoir empli de tuniques, de manteauxcapables de protéger contre le vent et de tapis épais.

Là se trouvait une coupe bien faite où aucun autre hommeque lui ne buvait le vin ensoleillé, et qui ne lui servait à faire des libations que pour Zeus le père.

Il l'enleva donc du. »

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