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LA PENSEE SCIENTIFIQUE DANS LA FRANCE DU XVIIIe SIECLE

Publié le 27/05/2011

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Plus directement préoccupés de ,« philosophie « que leurs prédécesseurs, les écrivains du XVIII° siècle ont suivi plus attentivement l'actualité scientifique. Montesquieu, Voltaire, Diderot, Rousseau, pour ne citer que les plus grands, se sont même essayés à la recherche ou à la vulgarisation, tandis que les savants, comme d'Alembert ou Buffon, se piquaient de philosophie et de littérature. Si la connaissance scientifique contribue à constituer l'image que l'homme se fait de lui-même et de sa place dans le monde, si inversement elle répond volontiers aux inquiétudes que cette image suscite, ces liens réciproques ont été particulièrement étroits au XVIII° siècle, et l'histoire littéraire ne saurait les ignorer.

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« ignorance relative — mais vite dénoncée — des plus récentes découvertes dans les domaines particuliers.

Dans laseconde moitié du siècle, le Journal des savants, qui prétendait couvrir le champ entier des connaissanceshumaines, voit son succès décroître au profit de revues consacrées à des domaines plus restreints.

La divisionmoderne des sciences, et même la spécialisation, entrent dans les moeurs.Cependant, certains regroupements s'opèrent, qui annoncent les alliances du XIX° siècle.

La chimie et la minéralogieresserrent leurs liens.

Le développement de la paléontologie unit la géologie et la zoologie.

Enfin, les travaux deLavoisier, au moment même où ils contribuent à créer la chimie moderne, démontrent ses rapports avec laphysiologie et la biologie.La science de la fin du XVII° siècle est encore pénétrée des ambitions anciennes, et rêve encore d'une explicationtotale et universelle.

Le grand ouvrage de Newton a pour titre : Principes mathématiques de philosophie naturelle.

Ala fin du XVIII° siècle, la « philosophie naturelle » a cédé la place à la science.Il n'est sans doute pas impossible de rattacher cette évolution capitale de l'esprit scientifique à la transformation dela pensée philosophique et de la vision du monde qui, consciemment ou non, sous-tendent et parfois même dirigentl'activité des savants.La science du XVII° siècle avait été une science rationnelle et rationaliste.

La physique, même lorsqu'elle se fondaitsur l'expérience, s'était développée sur cette conviction que la nature était l'oeuvre d'un dieu géomètre ou, pourreprendre l'expression de Galilée, que « la nature est écrite en langage mathématique ».

Elle devait donc êtretransparente aux efforts méthodiques de l'esprit humain.

La mécanique, l'astronomie, la physique, servent alors demodèles à toute la recherche scientifique, et la vision « corpusculariste » de la matière permet à la chimie et à labiologie de se réduire à une mécanique.

A partir de 1660, le rationalisme philosophique et ses prolongementsscientifiques sont vivement attaqués.

La tradition de la philosophie sceptique, représentée surtout par Gassendi, estadoptée par les savants de la Société royale de Londres, puis par leurs collègues parisiens de l'Académie desSciences.

Le développement des sciences naturelles, marqué par les travaux de Hooke.

John Ray, Swammerdam, lesdécouvertes microscopiques de Hooke et de Leeuwenhoek, conduisent les savants anglais, puis ceux-du continent,à mieux prendre conscience de la diversité du réel.

On ne renonce pas à la rationalité de la nature, mais on ne croitplus que l'esprit humain puisse l'atteindre dans sa profondeur.

L'oeuvre de Locke ne fait guère que systématiser etjustifiez par ses analyses une évolution intellectuelle déjà sensible en dehors de lui.

Dès 1680, la plupart des savantsrépudient les ambitions de la science cartésienne et ses « romans de physique ».

On affirme hautement le primat del'expérience.

Sous la conduite de Fontenelle, son secrétaire perpétuel, l'Académie des Sciences part à la recherchedes « faits bien avérés », remettant à plus tard le soin de les organiser en « systèmes », espérant d'ailleurs qu'ilss'organiseront d'eux-mêmes.

La première moitié du XVIII° siècle voit donc le triomphe des « observateurs », surtoutnaturalistes : son maître est Réaumur, l'auteur des Mémoires pour servir à l'Histoire des Insectes, dont les sixvolumes in-quarto paraissent de 1734 à 1742, et son héros est l'abbé Nollet, premier professeur de Physiqueexpérimentale au collège de Navarre, et grand démonstrateur des merveilles électriques.La science reflète ici la tendance générale qui pousse l'homme occidental à sortir de lui-même, à chercher hors del'Europe ou hors de l'homme tout ce qui est différent de lui.

On peut parler de « curiosité », à condition de marquerque cette curiosité, ce goût bientôt répandu de collectionner des coquillages fossiles ou des insectes, ne sont quel'expression superficielle d'une crise de l'impérialisme humain, d'un retournement dans la conscience que l'homme a deses rapports avec le monde.

La raison a perdu l'initiative d'une conquête méthodique du réel ; son rôle se ramènedésormais à l'accueil et à la vérification des faits observés.

La tentative de synthèse, l'hypothèse même sontfrappées de suspicion.

Dans le même temps, les siences de la nature découvrent des preuves multiples de lasagesse du Créateur et de sa bonté à l'égard de l'homme, comme si les attentions de la Providence devaientconsoler des impuissances de la raison.

Comme tend à le démontrer l'abbé Pluche dans son Spectacle de la nature(9 vol.

in-8° parus de 1732 à 1750) , Dieu a confié à la nature le soin du bonheur de l'homme. Encore admet-on le plus souvent que l'ordre du monde, sans doute inaccessible par suite de sa complexité, n'estpas essentiellement hétérogène aux démarches de l'esprit humain.

Le Créateur pense comme l'homme, et Fontenellelui-même finit par pro tester contre un scepticisme excessif.

L'univers reste une machine, si compliquée soit-elle, etl'homme sait concevoir des machines.

Or les progrès de la pensée newtonienne en France vont mettre en causecette ultime certitude.L'Importance des travaux mathématiques de Newton avait été très vite reconnue en France, encore que l'influencede Leibniz ait été sans doute prépondérante sur le continent.

Quant à son astronomie, elle avait été saluée commeun admirable modèle mathématique, malheureusement sans rapport avec le réel, car elle introduisait une notionincompréhensible, celle de « gravitation ».

Admettre que Dieu donnait à la matière le pouvoir d'agir à distance,c'était, pour tous les adeptes du mécanisme moderne, ressusciter les « qualités occultes » que la physique du XVIIesiècle avait eu tant de peine à éliminer.

La discussion philosophique, dans laquelle Voltaire intervint activement,montra que les esprits étaient de moins en moins rebelles à accepter l'existence de forces naturelles inconcevables,pourvu que leurs effets fussent dûment constatés.

Les travaux théoriques de Clairaut (1743), l'expédition deBouguer et La Condamine au Pérou (1735-1744), celle de Maupertuis en Laponie (1736), démontrèrent que, sur leproblème très discuté de la forme du globe terrestre, Newton avait eu raison contre les cartésiens.

Les succèsrégulièrement obtenus par Clairaut, d'Alembert et beaucoup d'autres en appliquant l'hypothèse de Newton auxproblèmes de la mécanique céleste, achevèrent de convaincre le monde savant.

Il fallait donc admettre uneincompréhensible attraction de la matière, dont les effets devaient se faire sentir aussi bien dans ses combinaisonsinternes et dans l'activité de la matière vivante que dans le mouvement des astres.

Le mystère était désormaisinstallé au coeur des phénomènes naturels.

De vieilles formes de pensée, teintées d'animisme ou d'hylozoisme,allaient retrouver du même coup un succès inattendu.Ces conséquences ne se firent guère sentir dans les sciences exactes : la mécanique rationalisa sans trop de peinela notion de force, et l'astronomie elle-même calcula les attractions réciproques des astres sans en approfondir la. »

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