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LA POÉSIE DE 1500 A 1549 (littérature)

Publié le 18/05/2011

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I. — Les grands Rhétoriqueurs.

Entre Villon (dont le Grand Testament est de 1461) et le manifeste de la Pléiade (1549), s'écoule, pour la poésie française, une période de transition. Le seul nom resté illustre entre ces deux dates est celui de Clément Marot. Mais les poètes ont été nombreux; nous devons, avant d'arriver à Marot, en nommer quelques-uns, et chercher si l'art des vers, sinon la poésie, ne leur doit pas certains progrès. Les rhétoriqueurs furent particulièrement : — les poètes de la cour de Bourgogne; — ceux de la cour de Malines, en Flandre, groupés autour de Marguerite d'Autriche; — enfin ceux de la cour de France, protégés par Anne de Bretagne. Quelques-uns de ces poètes médiocres furent en même temps des chroniqueurs, des historiographes, des savants, et peut-être des hommes d'esprit. Les règles de leur poésie sont au fond les mêmes que celles des mie, mie et XIVe siècles. Mais les genres, lai, virelai, rondeau, ballade, servantois, chant royal, se sont compliqués; on en a multiplié les difficultés techniques.

« ? Il passe par Chambéry et arrive à Turin pour y mourir, à l'hôpital (1544).

Dans l'église de Saint-Jean, son fidèleLyon Jamet lui fit élever un monument.Originalité de Marot.

— Marot, doué de beaucoup d'esprit, d'un talent aimable et facile, fût resté toute sa vie unpoète de cour et n'aurait produit que de jolies pièces d'actualité, bientôt oubliées, si ses malheurs ne l'eussentobligé à parler de lui-même et à faire de la poésie plus humaine.

Ces catastrophes qui brisent, semble-t-il, sa vie depoète, le contraignent à sortir des conventions et des allégories à la mode.

Il gémit peut-être de perdre son tempset son talent à conter ses misères et à mendier des grâces et de l'argent; et pourtant cette nécessité le force àpuiser aux vraies sources de la poésie : la douleur, les regrets du pays, le remords.

Elle le pousse aussi à hausser leton, à quitter le badinage, à écrire les descriptions vengeresses de l'Enfer, à plaider éloquemment contre lessorboniqueurs.Mais jusque dans ses plaintes et dans ses réquisitoires, Marot reste Marot.

Son inspiration est courte.

Ce sont desimpressions vives et rapides.

Il est né homme de cour; il sait qu'on doit être discret avec les grands.

Il garde lesourire au coin des lèvres, tandis qu'une larme perle à ses yeux.

Il s'est défini dans ces vers charmants : Le povreesprit qui lamente et soupire, Et en pleurant tâche à vous faire rire...

Bref, il est le gentil Marot ; il n'est ni Villon, niMusset.Boileau a dit très justement : Imitez de Marot l'élégant badinage (Art poét., I, 96).

Marot badine.

Il ne traitesérieusement et à fond aucun sujet, même les plus graves, les plus personnels.

Il a toujours de l'esprit; et jamais iln'en a plus que lorsqu'il cherche à voiler la tristesse du sentiment sous la grâce de la forme.La renommée de Marot.

— De là, le grand et persistant succès de Marot au XVIIe siècle.

Ce n'est pas seulementBoileau qui l'admire.

La Fontaine en est amoureux; Bussy-Rabutin, Fénelon, La Bruyère, le P.

Bouhours, poètes etcritiques, c'est à qui le louera.

Au XVIIIe siècle, Voltaire et Rousseau sont d'accord pour le goûter.

Il doit ce succèsnon moins à son style et à sa langue qu'à son esprit.

En effet, dans cette première partie du XVIe siècle, la languen'est pas encore entrée dans la crise salutaire mais violente qu'elle va subir avec Ronsard et ses imitateurs.

Elle estfrançaise de vocabulaire et de syntaxe.

Elle est claire et vive; elle suffit à l'expression délicate de tous lessentiments moyens. III.

— Contemporains de Marot. Parmi les nombreux poètes qui furent illustres pendant la première moitié du XVIe siècle, signalons seulement : —Marguerite d'Alençon ou de Navarre, soeur de François Ier, qui est restée célèbre par ses Contes, dont nous parlonsplus loin.

Comme poète, Marguerite a laissé un recueil publié en 1547, sous ce titre : les Marguerites de laMarguerite des Princesses.Mellin de Saint-Gelais (1491-1558), fut le vrai disciple de Marot.

On lui doit peut-être d'avoir rapporté d'Italie lesonnet.

En tout cas, il est le premier en date de nos italianisants; et la Pléiade, qui l'a méprisé et combattu, n'a faitque le suivre dans l'imitation de Pétrarque et des poètes italiens.L'école Lyonnaise.

— Tous les poètes que nous venons de nommer, y compris Marot, s'étaient fait de la poésie uneconception fort étroite.

— Seule, Marguerite avait chanté ses aspirations religieuses et les tourments de son âme.— L'amour humain, ils l'avaient réduit à la galanterie, au caprice, à la coquetterie.

Certains poètes lyonnaisessayèrent de chanter l'amour idéal et presque mystique, en un style subtil et sou vent obscur.Les principaux sont Antoine Héroët (1568), auteur de la Parfaite amie ; — Maurice Scève (1510-I552), dont leprincipal ouvrage est : Délie objet de la plus haute vertu ; — Louise Labbé (1526-1566), qui présida à Lyon unemanière de salon littéraire.

Dans ses sonnets, elle chante ses propres sentiments, avec passion et avec mélancolie.L'Art poétique de Thomas Sibilet.

— L'école de Marot eut son Art poétique, publié par Thomas Sibilet en 1548,l'année même qui précède la Défense et Illustration de la langue française.

Cet Art poétique met déjà le sonnet etl'ode au-dessus des petits genres que du Bellay traitera d'épiceries ; il pousse les poètes à l'imitation de l'antiquité;il impose aux versificateurs la règle de la césure et l'alternance des rimes masculines et féminines.

Bref, il annonce latoute prochaine réforme.. »

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