LA POÉSIE ITALIENNE
Publié le 20/04/2012
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TouJours dans le tableau de 1945, qui, insensiblement, et pour des raisons plus profondes que des raisons de simple commodité, devient la base d'un futur tableau de la poésie italienne de 1960 à 1970, il convient de placer, aux côtés de la figure centrale d'Ungaretti, deux autres figures-clé de notre poésie du premier demi-siècle : celles d'Umberto Saba, et surtout d'Eugenio Montale. La poésie de Saba est déjà tout entière dans le Canzoniere, qui, le poète étant d'origine israélite, n'a pu paraître dans son intégralité qu'après la guerre. Elle s'est alors brusquement trouvée au centre même du langage poétique que la nouvelle génération commençait à se forger. Au Canzoniere succèdent, après la guerre, Mediterranee et Uccelli- Quasi un racconto- ...
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polémiquement engagé dans une perspective humaine à la fois chorale et politique.
Ses œuvres récentes
(Giorno dopo giorno, La vita non è sogno, Il falso e vero verde, La terra impareggiabile)
lui ont valu, en r 959, le Prix Nobel de littérature.
TouJours dans le tableau de r 945, qui, insensiblement, et pour des raisons plus profondes que
des raisons de simple commodité, devient la base d'un futur tableau de la poésie italienne de r 960
à r 970, il convient de placer, aux côtés de la figure centrale d'Ungaretti, deux autres figures-clé
de notre poésie du premier demi-siècle : celles d'Umberto Saba, et surtout d'Eugenio Montale.
La
poésie de Saba est déjà tout entière dans le Canzoniere, qui, le poète étant d'origine israélite,
n'a
pu paraître dans son intégralité qu'après la guerre.
Elle s'est alors brusquement trouvée au
centre même du langage poétique que la nouvelle génération commençait à se forger.
Au Canzoniere
succèdent, après la guerre, Mediterranee et Uccelli- Quasi un racconto- sorte de biographie
poétique dont le langage est celui, chaud et communicatif, de la vie courante et qui, tout en s'inspirant
de la grande tradition lyrique italienne, révèle un penchant pour la poésie morale et narrative et
comporte certains éléments relevant du domaine de la psycho-analyse.
L'œuvre de Saba se caractérise
par une vive sensibilité, alliée à une conscience aiguë de ses origines linguistiques et ethniques.
Les
deux premiers ou.vrages d'Eugenio Montale, Ossi di seppia et Le occasioni, révélaient en revanche,
dès avant la guerre, un souffle et une ampleur résolument lyriques ainsi qu'une disposition à la médita
tion austère qui s'était déjà exprimée par la voix d'un illustre prédécesseur ligure, Camillo Sbarbaro,
mais qui provenait aussi de ce que le poète avait lui-même repensé, dans une optique à la fois historique
et moderne, du grand courant métaphysique de la poésie européenne.
Montale avait découvert un
langage qui alliait la noblesse de la pensée à l'obJectivité « terre à terre » des symboles de notre vie
quotidienne; mais cela dans un contexte historique qui, tout en évoquant certaines des conquêtes les
plus valables de l'aventure poétique du début du siècle, rerifermait tous les sujets de protestation
rationnelle et orgueilleuse qui avaient fait de Montale le porte-drapeau de l'opposition italienne à
la dictature fasciste.
Le troisième recueil de Montale, La bufera e altro, caractérisé par la même
rigueur d'invention et de réflexion, concilie harmonieusement des éléments poétiques très divers - une
conception moderne du stoïcisme, un langage chargé de symboles et d'éléments baroques, une vision
singulièrement technicisée et consciente de l'avilissement d'un monde désormais conditionné par
l'industrialisation -
et constitue pour les nouvelles générations de poètes italiens, et peut-être aussi
européens, une source à laquelle ils pourront longtemps puiser.
C'est donc par rapport à la poésie de Montale en premier lieu, puis à celle d'Ungaretti, de
Saba et enfin de certains poètes quelque peu tombés dans l'oubli (ceux surtout qui, à l'époque de la
Première Guerre mondiale, se réclamaient du mouvement « La Voce » de Campana à Sbarbaro,
de Re bora à ]ahier), que nous pourrons dégager les principaux traits qui constituent les prémices
de la poésie d'aujourd'hui.
La fin
de la dernière guerre vit éclore- sur un terrain déjà préparé par Ungaretti et Montale
ce phénomène complexe, indéfinissable sous certains aspects et bien définissable sous d'autres, que
l'on a nommé « hermétisme », et qui s'apparente à la fois au surréalisme français et au majestueux
récitatif d'un Eliot.
Historiquement parlant, l'hermétisme fut, vers la fin de la dictature fasciste,
considéré comme l'émanation du refus et de la résistance qu'opposèrent les milieux littéraires italiens
au régime mussolinien et au pompiérisme culturel qu'il prétendait instituer (et ce fut indubitablement
là un de ses aspects, qui d'ailleurs attira, en même temps que les poètes, des romanciers tels que
Gadda, Landolfi et même Vittorini).
Mais l'hermétisme a également servi de catalyseur aux poètes.
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