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LA POÉSIE N'EST PAS DANS LES CHOSES

Publié le 29/03/2015

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n'est pas dans l'objet, elle est dans le sujet. « Pour lui, la poésie résulte de la transformation du réel, de son « humani­sation « par le créateur :

« Le poète est un transformateur de puissances — la poésie, c'est du réel humanisé, transformé, comme la lumière électrique est la transformation d'une énergie redoutable et meurtrière à trop haute tension. Au réel vrai le poète substitue le réel imaginaire. Et c'est le pou­voir, ce sont les moyens d'élever ce réel imaginaire à la puissance de la réalité matérielle et de la dépasser en la transmuant en valeur émotive qui constituent propre­ment la poésie.«

 

Olo, D'une manière très convaincante, Pierre Reverdy réfute donc l'idée très répandue selon laquelle la poésie est partout et qu'il suffit de la voir. Il prend aussi le contre-pied de la thèse qui tend à assimiler poésie et émotion. Pour lui, le poème résulte d'un savant travail sur les mots qui permet la communication d'une intimité à une autre. Et il aurait cer­tainement accepté de faire sienne la formule selon laquelle «L'art est le plus court chemin d'un homme à un autre.«

« 220 I Situation du poète .

§J de l'homme - l'une des plus déterminantes de son des­ tin.

Elle est une propriété de sentir et un mode de pen­ ser.» Sans employer la formule, Pierre Reverdy revient encore assez longuement sur cette question dans l'article d'août 1950 qui donne son titre au recueil auquel nous nous réfé­ rons .

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Le caractère paradoxal de l'affirmation de Reverdy sus­ cita sans doute des réactions, ce qui explique qu'il ait éprouvé à plusieurs reprises le besoin d'expliciter sa pensée.

Dans «Cette Émotion appelée poésie», il fait ainsi le point une nouvelle fois : «On a souvent dit et répété que la poésie comme la beauté, était en tout et qu'il suffisait de savoir l'y trou­ ver.

Eh bien non, ce n'est pas du tout mon avis.

Tout au plus accorderai-je que la poésie n'étant au contraire nulle part, il s'agit précisément de la mettre où elle aura le plus de chances de pouvoir subsister.» Il rappelle ensuite que, s'il n'y a pas d'objet ou de lieu poé­ tique en soi, il n'existe pas non plus de« mots poétiques»: «Il n'y a pas de mots plus poétiques que d'autres.

Car la poésie n'est pas plus dans les mots que dans le coucher du soleil ou l'épanouissement splendide de l'aurore -pas plus dans la tristesse que dans la joie.

Elle est dans ce que deviennent les mots atteignant l'âme humaine, quand ils ont transformé le coucher du soleil ou l'aurore, la tristesse ou la joie.

Elle est dans cette transmutation opérée sur les choses par la vertu des mots et les réactions qu'ils ont les uns sur les autres dans leurs engagements -se répercutant dans l'esprit et sur la sensibilité.

Ce n'est pas la matière dont la flèche est faite qui la fait voler -qu'importe le bois ou l'acier - mais sa forme, la façon dont elle est taillée et équilibrée qui font qu'elle va au but et pénètre et, bien entendu aussi, la force et l'adresse de l'archer.» Dans d'autres articles plus tardifs, Reverdy enfonce encore le clou.

«Il n y a pas d'image dans la nature»; «La poésie. »

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