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La Poésie Se Définie-T-Elle Seulement Par La Forme ?

Publié le 25/09/2010

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Nous venons de voir que la forme poétique, le ‘’son’’ dans la citation de Mallarmé, est très importante dans tout poème. Nous allons maintenant voir ce qu’est le ‘’sens’’ de la poésie, et son utilité dans l’œuvre. Le sens de nombreux poèmes, leur fond, est l’incitation au voyage. Au voyage intérieur, avec par exemple « La chevelure « de Baudelaire, où l’odeur du parfum des cheveux de son amante transporte le poète dans un voyage dans ‘’Un port retentissant […] où les vaisseaux, glissant dans l’or et dans la moire’’. Au voyage intérieur certes, mais aussi au voyage au sens littéral, avec « L’invitation au voyage «, toujours de Baudelaire, où il invite son enfant, sa sœur à l’accompagner ‘’Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.’’ Le voyage dans ce paragraphe n’est qu’un exemple parmi tant d’autres pour montrer le fond de la poésie, qui n’est jamais vide de sens. En effet, même les Parnassiens, comme vu précédent, qui assuraient ne jamais prendre parti avaient déjà une opinion : celle de rester neutre pour gravir le mont Parnasse d’où Alphonse de Lamartine se vantait d’avoir fait descendre la poésie.                                                                                                   Il est impossible de parler de cette rupture avec le réel dans la poésie sans évoquer l’idée de marginalité du poète. Au XIXè siècle, plus précisément pendant la période symboliste, le thème du poète exclu et solitaire se recoupe avec le thème de l’ailleurs, du rêve. On peut citer la vie de Rimbaud, pleine d’absinthe, de violence conjugale, de relation homosexuelle avec Verlaine et d’un coup de revolver de la part de ce dernier, tout aussi ‘’poète maudit’’. Ces vies tumultueuses et marginales se retrouvent bien sûr dans les œuvres, nous pouvons citer par exemple Le « Sonnet du trou du cul « de Verlaine (composé conjointement avec Rimbaud), sonnet assez repoussant à la lecture mais doté d’une écriture périphrasée très travaillée.     

« aussi ‘'poète maudit''.

Ces vies tumultueuses et marginales se retrouvent bien sûr dans les œuvres, nous pouvons citer parexemple Le « Sonnet du trou du cul » de Verlaine (composé conjointement avec Rimbaud), sonnet assez repoussant à la lecturemais doté d'une écriture périphrasée très travaillée.

Une autre façon de privilégier le fond peut être l'expression des sentiments : le lyrisme.

Principal apanage des poètes romantiques comme Lamartine, Musset ou de Vigny, ces derniersprivilégient la spontanéité à une écriture trop travaillée, trop sculptée.

La présence du « Je » et du « Moi » en réaction à unesociété matérialiste permettent de transmettre des émotions au lecteur non plus en lui faisant admirer la régularité d'un sonnettrop travaillé et de ses alexandrins réguliers ; mais en lui parlant.

On pourrait citer l'exemple d' « Ondine », d'Aloysius Bertrand,poème en prose (avec donc une forme poétique beaucoup plus libre) où le poète présenté par le « Je » spécifique au romantismeappelle de façon insistante Ondine, exprime de façon répétée la méfiance de cette dernière.

Le sentiment d'échec du poète nousest donc transmis : le rêve est fini, c'est le retour à la réalité.

Nous avons pris le Romantisme comme courant littéraire exemple,mais beaucoup d'autres courants exprime le lyrisme : la poésie antique, le préromantisme, le symbolisme etc.

Enfin, l'importance du fond de la poésie est caractérisé par le combat que celle-ci mène.

En effet, les idées présentes dans lapoésie transparaissent souvent sous forme de poésie engagée ou de poésie didactique.

De part la nature même de la poésie, c'estdire un texte court, sollicitant les émotions du lecteur en peu de lignes, la poésie marque les esprits.

« Le dormeur du Val » deRimbaud par exemple, avec sa fameuse pointe ‘'Il a deux trous rouges au côté droit'' renverse complètement l'esprit du lecteurqui lors des précédents vers admirait une nature verdoyante, le repos d'un homme.

La poésie est donc un fabuleux moyen pourvéhiculer des idées.

Comme poète engagé, nous pouvons parler de René Guy Cadou, véritable poète engagé contre la guerre outransmettant l'horreur de la déportation, son poème « Ravensbrück » par exemple, avec les premiers vers ‘'A Ravensbrück enAllemagne On torture on brûle les femmes On leur a coupé les cheveux'' sans aucune ponctuation est aussi percutant dans l'espritdu lecteur que des images de ces actes.

Le lecteur est donc révolté par tant de barbarie, et ne reste pas indifférent, s'insurge etc.Le poème engagé à joué son rôle, il a convaincu le lecteur de l'atrocité de la guerre. Pour conclure ces deux parties, nous pouvons dire que la poésie ne se définit pas par Le Fond en opposition avec la Forme, maisque ces deux concepts doivent être mélangés ingénieusement pour que la poésie traverse les siècles, et que seuls quelquescourants littéraires isolés peuvent se permettre une liberté de volontairement omettre un des deux membres de l'équationpoétique.

Cette définition universelle est assez impersonnelle, et nous allons maintenant proposer une définition plus personnellede la poésie. En tout premier lieu, nous allons parler de l'ensemble des œuvres considérées comme poétique.

En effet, il est beaucoup tropréducteur d'étudier exclusivement des poèmes et de clamer que seule la rime est poétique.

Il est évident que chacun de nouspeut trouver un roman, une nouvelle, une pièce de théâtre ou encore un pamphlet poétique.

En guise d'exemple, nous pouvonsévoquer La grammaire est une chanson douce d'Erik Orsenna (parmi tant d'autres possibles et imaginables).

Dans ce livre oucohabite prose, quelques poèmes, et de nombreuses illustrations pour rendre plus vivante sa lecture (et faciliter son accès auxplus jeunes), la forme tient un rôle très important, avec de nombreuses apartés au lecteur, des rimes très présentes lors du récitdes poèmes, des rythmes très changeant (phrase très courte, puis longue citation de Marcel Pagnol, l'un des écrivains quel'héroïne rencontre dans son aventure sur l'île des mots) et le fond, accessible à tous, qui nous avertit de l'utilisation abusive desmots, des raccourcis, sur l'oubli d'anciens mots etc.

Le fond et la forme sont réunis, nous pouvons considérer des passages de ceroman comme poétique.

(Lire le passage sur l'utilisation du « Je t'aime », émouvant de candeur sans tomber dans lamièvrerie).

Toutefois, le domaine de la poésie ne doit pas se limiter seulement aux choses lues. Ainsi, toute une branche du cinéma d'animation peut faire l'objet de réflexion poussée.

Par exemple, le film d'animation Wall-E,réalisé par les studios Pixar il y a seulement un an est un petit bijou de réalisation.

Ainsi, pendant toute la première partie du film,pas une phrase n'est prononcée, seul le petit robot erre dans un monde post-apocalyptique, en silence.

Lorsqu'il y découvre uneplante, vivante, sa vie est bouleversée.

Ce film est aussi une critique de la consommation, et de l'homme voulant à tout prix sefaciliter la vie.

Aussi, notre mode de vie occidental ne nous pousse pas vraiment à découvrir unepoésie autre que celle de Baudelaire, Hugo et autres.

C'est ainsi que des fabuleuses branches de la poésie restent méconnues,comme par exemple le haïku japonais.

Soumis à de très nombreuses règles, comme par exemple évoquer la saison où le poèmeest écrit, il doit pouvoir se lire d'une traite.

Ce poème extrêmement court doit inviter à laréflexion.

Le printemps passe. Les oiseaux crient Les yeux des poissons portent deslarmes.

Matsuo Bashō. Par conséquent, le poétique ne doit se limiter ni à la forme écrite de la poésie, et se doit d'englober aussi de très nombreuxdomaines tels que le cinéma, la musique, le théâtre, la peinture etc.

La poésie est aussi définie par celle de toutes les autrescultures, méconnue à cause de l'orgueil occidental, et de la fierté d'une littérature bien ancrée depuis des siècles. Pour en revenir à la forme plus traditionnelle de la poésie, nous pouvons maintenant parler de l'importance du langage dans ladéfinition de la poésie.

Les poètes ont un autre langage que le notre.

Plus pragmatique, la langue orale s'axe sur la raison, lafacilité de la compréhension par tout le monde.

Au contraire, le poète préfère faire comprendre, insinuer, mettre le lecteur commeun interprète ; que dire ouvertement et de façon concise ses idées.

Par exemple, Roger Caillois parle dans son art poétique d'unpassant, poète, qui remplaça la pancarte « Aveugle de naissance » d'un sans-abri par « Le printemps arrivera et je ne le verraipas ».

On voit bien que la seconde pancarte est beaucoup plus personnel, fait intervenir les sentiments, l'expression dessentiments par le clochard qui s'exprime maintenant avec ce ‘'Je''.

La poésie possède donc un langage spécial, qui sous-entend,oppose, répète, renforce, concrétise, réifie les pensées du poète, permettant à tous de comprendre des thèmes parfois délicat.

Unarticle d'une revue scientifique expliquant ce qu'est la synesthésie est-il meilleur enseignant que le poème « Voyelles » deRimbaud ? Nous pouvons clore cette définition en disant que ce qui différencie la poésie des autresgenres, c'est l'importance capitale de l'interprétation dans sa lecture.

Chaque poème sera ressenti différent selon la Vie et l'avisdu lecteur.

La Poésie peut aussi se permettre de se libérer des contraintes, comme par exemple Paul Eluard ou R.G.

Cadou, quisuppriment la ponctuation de leurs recueils.. »

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