LA PRESSE APRES THERMIDOR
Publié le 30/03/2012
Extrait du document
Bonaparte, observateur attentif de la Révolution, avait clairement perçu l'importance sociale et politique désormais acquise par les journaux et les dangers qu'ils pouvaient représenter pour son pouvoir. Si je lâche la bride à la presse je ne resterai pas trois mois au pouvoir disait-il au lendemain du 18 brumaire. De fait, il ne devait jamais la lâcher et la tenir très courte. Dès le 27 nivôse an VIII (17 janvier 1800) un décret des consuls «considérant qu'une partie des journaux qui s'impriment dans le département de la Seine sont des instruments dans les mains des ennemis de la République, que le gouvernement est chargé spécialement par le peuple français de veiller à sa sûreté ,. supprima 60 feuilles à Paris et n'en laissa subsister que 13.
«
de bons articles.
Faites comprendre au rédacteur du
Journal des Débats et du Publiciste que le temps n'est
plus éloigné où m'apercevant qu'ils ne me sont plus
utiles, je /es supprimerai avec tous les autres et n'en
conserverai qu'un seul.
Le temps de la Révolution est fini et il n'y a plus en France qu'un parti, je ne souffrirai
jamais que mes journaux disent ni fassent rien contre mes intérêts ; ils pourront faire quelques articles où ils mettront un peu de venin, mais un beau matin on leur
fermera la bouche.
»
Lettre à Fiévée (censeur du Journal de l'Empire,
1807):
« Chaque fois qu'il parviendra une nouvelle désa
gréable au gouvernement elle ne doit pas être publiée
jusqu'à ce qu'on soit tellement sOr de la vérité qu'on ne doive plus la dire parce qu'elle est connue de tout le monde.
»
Il était particulièrement attentif à la presse étran
gère dont les critiques le mettaient hors de lui.
Mais
cette attention tatillonne traduisait chez lui moins
une réaction d'orgueil qu'un souci politique de diriger
le redoutable pouvoir de ces gazettes dont il disait
en 1802 que «quatre hostiles font plus de mal que
100 000 hommes en campagne» et dont Metternich
affirma
en 1806 qu'elles «valaient à Napoléon une
armée de
300 000 hommes ».
Toute la politique de Napoléon à l'égard de la
presse fut orientée par la volonté de contrôler les
journaux pour les faire servir sa politique et les
empêcher de lui nuire.
Rarement une conception
aussi totalitaire et un tel mépris des idées, rarement
une surveillance aussi efficace furent exercés sur les
journaux et les journalistes.
Le Moniteur universel, devenu journal officiel en
décembre 1799, était la clef de voOte de ce système
d'information..
»
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