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La raison au XVIIe et au XVIIIe siècle

Publié le 14/02/2012

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Les scolastiques ont appelé « la raison « : le principe naturel de l'activité humaine. Ses définitions varient selon le point de vue envisagé : d'aucuns voient en elle la faculté soit de penser ou de comprendre, soit celle de discerner le vrai du faux; pour d'autres, elle est la faculté de l'absolu, de l'ordre, ou enfin, la possibilté de saisir la raison des choses. Descartes affirme - peut-être ironiquement - qu'elle est « la chose du monde la mieux partagée «. Il la confond avec le bon sens ou le sens commun. Le bon sens, dit Bossuet, doit être le maître de la vie humaine, en sorte que l'honnêteté des sentiments et des actes corresponde toujours à la justesse des idées, soit individuelles, soit collectives. Voyons quel fut son rôle au XVIIe et au XVIIIe siècle ....

« beaute faite d'ordre, de simplicite, de proportion, de purete, de noblesse, ideal consacre par le temps, immortel comme la raison et la nature.

Quand Garrick, interprete des roles de Shakespeare, disait :«Moliere n'appartient pas a la France, mais l'humanitene caracterisait-il point nos genies du xviie siècle, resumant leur gloire, fixant leur place dans l'admiration des peuples? Si la moralite des grandes pieces de Moliere est incomplete et manque souvent d'elevation, du moins ne manque-t-elle jamais de justesse ni de naturel.

Ses personnages sympathiques y repre- sentent Bien le caractere francais fait de clarte, de raison pratique, de raillerie comique, et ils assurent le triomphe du bon sens, notamment dans les Precieuses ridicules et les Femmes scrutinies.

Henriette, avec un grain de poesie en, plus, ne pourrait-elle pas rivaliser avec Mme de Sevigne? Quant a Corneille, ne fait-il pas du raisonnement Pelement essentiel de ses tragedies? Comment peindre, en effet, agitations, luttes intimes de ?Arne, conflit entre le devoir et la passion, si nine ne met en oeuvre toutes les ressources de l'esprit; la volonte pourra-t-elle triompher sans etre eclairee des lumieres de la raison? Racine nous interesse a la fois par le drame moral qui se passe dans le coeur de ses hems, et par le denouement logique, rationnel, aboutissement d'une crise commencee avant que ne s'engage l'action.

Avec l'autorite de son caractere et de son talent, le Legislateur du Parnasse ne cesse de preconiser la regle, la raison, de proclamer l'iden- lite du vrai et du beau.

C'est, en date, notre premier critique litteraire. Dans ses Epitres et surtout dans son Art poetique, - ce code in peu etroit, mais si judicieux, - s'exprime par l'exemple et le precepte,la conception rationnelle de notre art classique.

La Fontaine et Moliere ont ce trait de commun, qu'ils tirent de leurs observations et de leurs peintures, la memo lecon : celle de ?experience. Le re Bonhomme » ne eesse de precher a tous, surtout aux faibles, la pru- dence, la sagesse, la resignation, l'entr'aide - loi de nature, - de les premunir contre Pingratitucle, l'imprevoyance, la vanite, l'ambition : con- soils dictes par la raison, conformes a la pratique de la vie.

Esprit math& matique, Pascal impregne tous ses ecrits d'exactitude scientifique.

Pas- sionne pour le vrai, it le' fait resplendir dans ses Pensees.

Il s'adresse d'abord a la raison, lui montre les contradictions de notre nature, que seul explique le dogme de la chute originelle; par des motifs d'interet, s'efforce d'entrainer la volonte, lui donnant pour appui les preuves histo- riques de l'apologetique chretienne.

Bien qu'excellent logicien, it sait que si l'esprit a son ordre, le coeur aussi a le sien, et ses raisons que la raison ne comprend pas.

Lyrique, comme Pascal et La Fontaine, Bossuet offre neanmoins la plenitude de la pensee et la rigueur du raisonnement.

Le bon sens est sa qualite maitresse.

Nul caractere, en ce temps-la, ne temoigne d'un plus heureux equilibre des facultes.

Chez lui, les trois cordes de la lyre ha- maine - raison, sensibilite, imagination - vibrent a la fois d'une inten- site egale et avec la plus exacte harmonie; elles font Pceuvre commune dans une collaboration incessante et dans un ordre parfait.

La Bruyere, comme un sage, cache sa vie et repand son esprit.

Exempt des prejuges de caste, ii a une vue nette des hommes et des choses.

Esprit independant, fier, it est par-dessus tout an philosophe chretien, sensible et bon.

Sa foi aidant sa raison lui montre plus apparents les travers de l'humaine nature, dont ses Garacteres forment un des repertoires les plus complets. Parmi les representants feminins de la raison au xvne siecle, it suffit de nommer Mme de La Fayette, Mine de Sevigne et Mme de Maintenon.

m Elle est vraie disait La Rochefoucauld de la premiere.

« Elle aimait le vrai en toutes choses confirme Segrais dans ses Memoires.

De la deuxieme, on a dit : « Ce fut tine nature droite, oil ?intelligence et le bon sens pra- tique dominerent.

» Sa correspondance, et specialement ses lettres a sa fine, en fournissent d'abondants temoignages.

Mme de Maintenon fut une femme superieure a la fois par l'esprit et par le cceur.

Sagacite, raison, jugement droit lui assignent une place de ehoix, en un siecle dont In bon sens faisait 'la gloire. Le role preponderant de in raison ne fist pas alors l'apanage exclusif de la litterature.

Il serait aise de montrer que ce caractere distinctif se retrouve dans les beaux-arts en ce siècle qui eut la passion des idees rai- sonnables et les exprima de fawn exacte, noble et solide.

Chez lui, le jugement contint la verve, les grands effets -naquirent, semble-t-il, sans ~e~uté faite d.'ordre, de simpli.cité, de proportion, de pureté, de noblesse, Ideal consacre par le temps, Immortel comme la raison et la nature.

Quand Garrick, interprète des rôles de Shakespeare, disait : « Molière n'appartient pas à la France, mais à l'humanité», ne caractérisait-il point nos génies. »

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