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LA RÈGLE DES UNITÉS

Publié le 28/03/2015

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Les idées fluctuent sur la question. Le lieu « unique « peut être une région, une ville, un palais, une salle d'un palais, une rue. Chacune de ces solutions pose d'ailleurs des pro­blèmes. Dans les premiers cas, la scène n'est pas un lieu unique, mais un lieu composite. L'endroit représenté sur la scène correspond, en fait, à plusieurs lieux dans la fiction représentée, d'où parfois de sérieux problèmes de mise en scène. Si on opte pour la rigueur extrême, le lieu représenté sur la scène est bien le lieu unique — une salle du palais, par exemple — où vont se retrouver tour à tour ou ensemble tous les personnages. La vraisemblance en souffre quelque­fois, par exemple quand on voit des ennemis mortels venir conspirer et confier leurs secrets au même endroit et à quelques minutes d'intervalle.

 

Du fait de ces problèmes, rares sont les pièces ou le principe de l'unité de lieu est strictement respecté. Une pièce comme Bérénice (1670), dont l'auteur s'astreint à respecter cette règle avec rigueur, est en réalité une exception.

« El .

La règle des unités / 289 appliquer les écrivains de son temps.

Et cela pour la bonne raison qu'il vient après.

Quand paraît son Art poétique, en 1674, tout le théâtre de Corneille, tout le théâtre de Molière et une grande partie du théâtre de Racine sont parus.

Cela sans compter l'abondante production de tous ceux qui ne sont pas passés à la postérité.

Boileau se contente donc d'exprimer dans ses alexandrins clairs et bien frappés les théories mises en œuvre avec plus ou moins de rigueur par les auteurs de théâtre, dans la période qui suit le premier tiers du XVIIe siècle.

Que veut-on dire quand on demande qu'il n'y ait qu'une action : un seul événement? un seul problème? Il suffit d'examiner les pièces concernées pour comprendre qu'il n'en est rien.

De ce fait, Jacques Scherer pense qu'il fau­ drait plutôt parler d'unification de l'action.

Comme pour les autres règles, la règle sur l'unité d'action s'est progressivement élaborée en réaction contre ce qui se passait au Moyen Age, au XVIe siècle et au début du XVIIe siècle.

Les hommes de théâtre de ces époques n'hési­ taient pas à accumuler les événements sans trop se soucier d'établir un lien entre eux.

Il importait avant tout de renou­ veler l'action, de donner au public son comptant de péripé­ ties.

Mais l'excès dans cette direction suscita une réaction en sens inverse.

Progressivement les dramaturges vont se montrer plus exigeants.

Ils n'iront pas vers une intrigue simple, c'est-à-dire ne comportant qu'une action, mais vers une action une.

Cela signifie que les actions secondaires devront être étroitement imbriquées dans l'action princi­ pale.

Elles doivent lui être subordonnées.

Dans un premier temps, cette subordination n'impliquait qu'une chose: une corrélation entre l'intrigue principale et les intrigues secon­ daires, ces dernières étant influencées par l'action la plus importante.

Par la suite, l'exigence fut poussée plus loin, puisqu'il était exigé que l'action principale fût tributaire des actions secondaires.

Il pouvait y avoir plusieurs intrigues, plusieurs fils, de nombreuses péripéties, mais tout, depuis l'exposition jusqu'au dénouement, devait se rapporter à la marche de l'action principale et influer sur elle.. »

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