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La Renaissance et l'Humanisme

Publié le 14/05/2011

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I. — DÉFINITIONS ET HISTORIQUE

— La Renaissance est la rénovation des lettres, des arts et de la pensée, qui s'est produite en Occident aux XVe et XVIe siècles. Elle est née de l'humanisme, c'est-à-dire de la connaissance approfondie des Anciens, grecs et latins. - L'humanisme nous est venu d'Italie. — a) Ce pays avait été moins radicalement coupé de la tradition antique que le reste de l'Occident, et il avait même gardé sous les yeux maints témoignages de l'art grec et romain. — b) Dès le XIVe siècle, Pétrarque avait pris connaissance complète de la littérature latine, que le Moyen Age ne connut que par fragments, et Boccace avait entrevu la littérature grecque. Ces deux maîtres avaient institué le culte de l'antiquité classique. — c) Cent ans plus tard, les savants chassés de Constantinople par l'invasion turque (x453), apportant leur science et le trésor de leurs manuscrits aux brillantes cours princières de Naples, de Milan, de Florence, de Mantoue, ainsi qu'à la cour papale, avaient donné un essor nouveau au désir de connaître et d'admirer. — d) En sorte que l'Italie fut pendant deux siècles le pays de l'humanisme; et c'est pourquoi la Renaissance française est un prolongement de la Renaissance italienne.

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« — D'autres humanistes heureusement réagirent : Geoffroy Tory de Bourges, suivi par Rabelais, à qui il inspiral'épisode de l'écolier limousin; Ronsard, du Bellay, proclamant leur foi dans une langue qui n'avait besoin, disaient-ils,que d'être cultivée; Etienne Pasquier, auteur d'une lettre fameuse à Turnèbe sur ce sujet.

D'autre part, HenriEstienne écrivait la Précellence da langage français contre l'invasion de l'italianisme à la Cour de France.— Ces maîtres reprochaient à leurs adversaires d'être mauvais enfants de France, citoyens ingrats.

Ils les raillaientde se priver sottement d'un langage vivant et d'avoir du goût pour un langage mort.

Ils les blâmaient enfin d'êtreaveugles devant l'avenir : est-ce què Cicéron, en réagissant contre la mode romaine de mépriser le latin au profit dugrec, n'avait pas réussi à créer un latin littéraire P Au reste, le français avait déjà produit beaucoup de bons etsolides ouvrages.— Les partisans de la langue nationale finirent par l'emporter.

L'imprimerie les y aida, elle qui entraînait les 4crivainsà viser un large public où beaucoup de lecteurs et surtout de lectrices ne savaient pas on savaient mal le latin. IV.

— LA RENAISSANCE MÉRITE SON NOM — La Renaissance mérite assurément son nom.

Dans toute l'Europe, sauf en Allemagne, le XVIe siècle a connu unessor inouï de la littérature et de la pensée; la France en est le témoin le plus décisif.— Il faut entendre le mot « Renaissance » dans deux sens, qui d'ailleurs se complètent l'un l'autre.A) Premier sens.

— Les lettres françaises déprimées retrouvent une santé florissante.

Déclin du monde féodal, ruinede la chevalerie, guerre de Cent ans : ces conditions historiques avaient entraîné un dessèchement de l'imaginationlittéraire aux XIVe et XVe siècles.

Aucune nouveauté n'aboutissait plus.

Avec la révélation complète de l'antiquité,avec l'influence des grands Italiens, les lettres ont repris vie en France; les noms de Ronsard, d'Amyot, de Rabelais,de Calvin et de Montaigne signifient un réveil français.B) Second sens.

— La chaîne des traditions intellectuelles et artistiques, brisée au Moyen Age, était renouée pour lapremière fois aux maîtres antiques, dont le Moyen Age ignora les plus grands et connut mal les autres.

— a) Eneffet, les classiques anciens et italiens révélaient à la France et à l'Europe : les grands genres de la Tragédie, del'Ode, de la Satire, qui obligent la poésie à viser haut; des modèles de beauté formelle, en littérature comme en art;des modèles de psychologie, des modèles de discours moral (d'Homère à Plutarque, de Sophocle à Pétrarque) etmême le sentiment profond, la passion de la nature (Théocrite, les Géorgiques de Virgile).

— b) L'apport n'était pasmoins important dans le domaine de la pensée.

La philosophie antique vraiment connue et comprise., la libertéantique de l'esprit découverte, la sagesse antique telle que la résumèrent les Adages d'Erasme, tout cela dressait lpraison affranchie, le libre examen, face à la philosophie scolastique et à la pensée du Moyen Age.

— c) Et lessciences se trouvaient par là même affranchies elles aussi, orientées vers l'observation et l'expérience.

— d) Bref, ladiffusion des idées succédait à la domination des dogmes.

Jamais encore, depuis les Grecs, l'esprit humain n'avait vusi loin ni si clair.

Ainsi donc, la France rejoignait l'humanité la plus haut située dans la hiérarchie civilisée. V.

— GRANDEUR DU XVI° SIÈCLE — Une telle métamorphose des esprits, un tel jaillissement de vie nouvelle dans la pensée, qui s'accompagne d'unjaillissement parallèle dans l'art, ont fait dire que le XVIe siècle fut le grand siècle européen.— Ce qui précède peut donner à cette opinion une apparence sérieuse de vérité; jamais peut-être il n'y eut surterre éclosion plus puissante d'activités, d'énergies, de vocations.— Mais cependant, il faut tout considérer.

Que de désordre, que de divisions et de divergences, que de polémiqueset de guerres ! La Réforme, ce grand soulèvement religieux par lequel Luther, Zwingle et Calvin brisèrent l'unitécatholique, a paralysé gravement la Renaissance qui l'avait favorisée : l'Italie en a l'essor de sa pensée rompu ,net;l'Allemagne, les pays scandinaves ne parviennent pas à une rénovation littéraire; l'Espagne, qui n'entre dans son âged'or qu'à la fin du siècle, échappe aux luttes religieuses en fermant ses frontières intellectuelles et en ignorant toutde la France du temps.

Quant à la France, elle n'a pas souffert de l'Inquisition, et même la mêlée des croyancessemble y avoir favorisé l'activité d'esprit; mais elle est restée trop manifestement dans l'imperfection.— Que de commencements encore loin de s'épanouir ou même qu'il faudra détourner de leur premier jet ! Voyez lapoésie de la Pléiade, aristocratique à l'excès et qui nécessitera la réaction quasi bourgeoise de Malherbe; voyez lapauvreté du théâtre; voyez l'incertitude de la langue.— Non, le XVIe siècle manque trop d'ensemble positif et de beauté vraiment fixée pour qu'on puisse le considérercomme le plus gram} siècle d'Europe.

Peut-être le XVIIIe aurait-il plus de droits à cet honneur.

Mais a-t-il jamaisexisté, peut-il exister un siècle auquel le premier rang revienne sans conteste ? VI.

— GAINS DE LA LITTÉRATURE FRANÇAISE - Tout d'abord, gain de pensée.

L'humanisme a donné une grande force à cette confiance dans la bonté de lanature et de l'homme, à ce culte de la vie et de l'humanité qui étaient nés en France dans le poème de Jean deMeung (Roman de la Rose, seconde partie); il les fait s'épanouir dans les oeuvres du temps, dans leur trésord'observations psychologiques et morales, jusque dans le lyrisme de la Pléiade.— Notre poésie du XVIe siècle, pénétrée d'humanisme, a fait un effort magnifique pour s'élever au grand art, enessayant d'égaler la beauté de forme et les sentiments d'humanité supérieure qu'elle admirait dans les grands genres. »

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