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La scène du bal : Félix de Vandenesse rencontre la comtesse Blanche Henriette de Mortsauf - Le Lys dans la Vallée, Honoré de Balzac

Publié le 16/09/2011

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Trompée par ma chétive apparence, une femme me prit pour un enfant prêt à s'endormir en attendant le bon plaisir de sa mère, et se posa près de moi par un mouvement d'oiseau qui s'abat sur son nid. Aussitôt je sentis un parfum de femme qui brilla dans mon âme comme y brilla depuis la poésie orientale. Je regardai ma voisine, et fus plus ébloui par elle que je ne l'avais été par la fête; elle devint toute ma fête. Si vous avez bien compris ma vie antérieure, vous devinerez les sentiments qui sourdirent en mon cœur. Mes yeux furent tout à coup frappés par de blanches épaules rebondies sur lesquelles j'aurais voulu pouvoir me rouler, des épaules légèrement rosées qui semblaient rougir comme si elles se trouvaient nues pour la première fois, de pudiques épaules qui avaient une âme, et dont la peau satinée éclatait à la lumière comme un tissu de soie. Ces épaules étaient partagées par une raie, le long de laquelle coula mon regard, plus hardi que ma main. Je me haussai tout palpitant pour voir le corsage et fus complètement fasciné par une gorge chastement couverte d'une gaze, mais dont les globes azurés et d'une rondeur parfaite étaient douillettement couchés dans des flots de dentelle. Les plus légers détails de cette tête furent des amorces qui réveillèrent en moi des jouissances infinies: le brillant des cheveux lissés au-dessus d'un cou velouté comme celui d'une petite fille, les lignes blanches que le peigne y avait dessinées et où mon imagination courut comme en de frais sentiers, tout me fit perdre l'esprit. Après m'être assuré que personne ne me voyait, je me plongeai dans ce dos comme un enfant qui se jette dans le sein de sa mère, et je baisai toutes ces épaules en y roulant ma tête. Cette femme poussa un cri perçant, que la musique empêcha d'entendre; elle se retourna, me vit et me dit: "Monsieur?" Ah! si elle avait dit: "Mon petit bonhomme, qu'est-ce qui vous prend donc?" je l'aurais tuée peut-être mais à ce monsieur! des larmes chaudes jaillirent de mes yeux. Je fus pétrifié par un regard animé d'une sainte colère, par une tête sublime couronnée d'un diadème de cheveux cendrés, en harmonie avec ce dos d'amour. Le pourpre de la pudeur offensée étincela sur son visage que désarmait déjà le pardon de la femme qui comprend une frénésie quand elle en est le principe, et devine des adorations infinies dans les larmes du repentir. Elle s'en alla par un mouvement de reine. Je sentis alors le ridicule de ma position; alors seulement je compris que j'étais fagoté comme le singe d'un Savoyard. J'eus honte de moi. Je restai tout hébété, savourant la pomme que je venais de voler, gardant sur mes lèvres la chaleur de ce sang que j'avais aspiré, ne me repentant de rien, et suivant du regard cette femme descendue des cieux. Saisi par le premier accès charnel de la grande fièvre du cœur, j'errai dans le bal devenu désert, sans pouvoir y retrouver mon inconnue. Je revins me coucher métamorphosé.    La scène du bal : Félix de Vandenesse rencontre la comtesse Blanche Henriette de Mortsauf    Le Lys dans la Vallée, Honoré de Balzac

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« Champ lexical de la religion : sainte, pardon, repentant, cieux… il évoque une vertu morale : Madame de Montsauf a de « pudiques épaules » (ligne 12), une « gorge chastementcouverte d'un gaze » (ligne 15). = l'héroïne est présentée sous la double référence à la mère (comme Marie, mère de Jésus) et à la pureté : il émaneun caractère religieux, mystique de cette femme 13- Une beauté idéalisée- une focalisation interne = vision subjective de Mme de Mortsauf aussi déformée par les sentiments queVandenesse éprouve.la seule description que nous avons de Madame de Mortsauf est faite à partir de comparaisons de Félix deVandenesse.Présence du champ lexical de l'éclat ainsi que celui de la royauté (cf lys) pour intensifier l'image magnifiée de Mmede MorsaufIl parle d'« une tête sublime couronnée d'un diadème de cheveux cendrés, en harmonie avec ce dos d'amour » etremarque qu' « elle s'en alla par un mouvement de reine »- il insiste et révèle sa beauté extraordinaire et sa perfection du corps grâce aux hyperboles + nombreuxsuperlatifs : « mes yeux furent tout à coup frappés par de blanches épaules rebondies sur lesquelles j'aurai voulupouvoir me rouler » (l10, 11) ; « comme si elles se trouvaient nues pour la première fois » (l11, 12) et « rondeurparfaite » (l15, 16).- Nous pouvons aussi remarquer plusieurs comparaisons entre la jeune femme et des tissus précieux: « satinée »(l12), « soie » (l13), « dentelle » (l16) et « velours » (l18).

Cela montre sa douceur et sa grande valeur 2- Le roman d'apprentissage 21- L'adieu à l'enfance- L'enfant (parallélisme avec l'image de la mère)Félix de Vandenesse s'apparente à plusieurs reprises à un enfant : « chétive apparence » (l.4, 5), « larmes » (l.24et 28), « comme un enfant qui se jette dans le sein de sa mère » (l.20, 21)- Le rejet de l'enfance qui permet de devenir adulteMépris pour cette condition d'enfance : un leurre = « trompée » + exclamative Ah ! si elle m'avait dit… Félix fait son apprentissage de la vie et rejette donc l'enfance.

Cependant, malgré son agacement pour son jeuneâge, il oscille et le texte lui donne tour à tour les marques d'un enfant puis celles d'un homme 22- L'éveil du désir - L'érotisme de la scène = lui donner plus de sensualité.

Ainsi, les sens du narrateur sont très sollicités.

En effet,l'odorat : « parfum de femme » (l.6, 7), le toucher : « peau satinée » (.12), « tissu de soie » (l.13), « cou velouté »(l.18) et la vue : « gorge » (l.15), « globes azurés » (l.15), « ébloui » (l.8), « éclatait à la lumière » (l.12) et« étincela » (l.26) sont présents dans cet extrait.= un caractère choquant pour les mœurs de l'époque, une attitude irrespectueuse de la part de Félix :noter qu'avant de voir son visage, Félix est fasciné par les épaules (répétitions, comparaisons) = - La description minutieuse : une gradation constanteLe Réalisme prônant des descriptions minutieuses, le corps de Madame de Montsauf vu à travers les yeux de Félixest érotisé.

Il se focalise sur la poitrine de Madame de Montsauf et parle de « globes azurés […] douillettementcouchés dans un flot de dentelle » (lignes 15-16). 23- La transgression - confusion des sens, des genres : Mme de Mortsauf passe de la mère à une fillette : disant « un cou veloutécomme celui d'une petite fille »(l.18) .

Il voudrait qu'elle soit aussi petite qu'il l'est dans sa tête.

Et la seule chosequi lui permet de se jeter sur Mme de Mortsauf sans réfléchir , est peut-être dû au fait qu'il a l'impression de « sejete[r] dans le sein de sa mère.

»(l.21).- Cette recherche inconsciente de sa mère renvoie au complexe d'Œdipe (voir sur le net).

= aucune expérienceamoureuse ce qui explique que ses sentiments soient incontrôlables.

En effet, les sentiments de Vandenesse sontincontrôlables : « mon imagination courut comme en de frais sentiers.

» (l 19) et « tout me fit perdre l'esprit » (l19).- Cette perte de contrôle des sentiments de Vandenesse l'amène à une autre et dernière comparaison ; sansréfléchir, il agit comme un enfant et se jette sur Mme de Mortsauf : « je baisai toutes ces épaules » (l 21). 3- Un héros trop romantique 31- Un lyrisme exacerbé…- le ton de la confession : « Si vous avez bien compris….

Sourdirent en mon cœur » : ne pas oublier que Félixraconte son passé et s'adresse à Natalie. »

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