La sensibilité adolescente dans "le roman" de Rimbaud
Publié le 04/11/2022
Extrait du document
«
La sensibilité apparaît comme un terrain de jeu, d’invention et de réflexion d’une grande
richesse pour les artistes et les philosophes depuis le XVIIIe siècle.
Le poème « Roman » de Arthur
Rimbaud publié dans les Cahiers de Douai en 1870 nous raconte un moment de jeunesse du jeune
poète mais également l’adolescence de tous d’une manière plus générale.
C’est une forme classique
avec une suite de quatrains d’alexandrins.
Rimbaud est un des rares poètes de son temps à écrire sur
l’adolescence, ce passage délicat de l’enfance à l’âge adulte où toutes les sensations sont amplifiées.
Nous pouvons alors nous demander quelle vision de la sensibilité adolescente ce poème donne-t-il ?
Nous verrons tout d’abord le portrait de l’adolescence puis l’ivresse de la sensibilité et enfin le recul
ironique du poème.
Tout d’abord, par l’utilisation du pronom indéfini « on » dès la première strophe, le poète
cherche l’universalité de son expérience : « On est pas sérieux quand on a dix-sept ans ».
En effet, le
pronom « on » provenant du latin « homo » qui signifie « être humain » caractérise dans la
littérature antique un sujet indéterminé puisqu’il est inconnue du locuteur.
Aussi, il donne à la
strophe une valeur de vérité générale tel un proverbe avec également la présence du présent de vérité
général « n’est pas ».
Il n’y pas de lyrisme direct à la première personne « je » ce qui apporte un
certain recul par rapport à ses propos.
Le poète se place donc en observateur de son propre portrait.
De plus, Rimbaud parle de l’adolescence à travers trois thèmes qui jalonnent le poème : l’insouciance
qui se remarque par l’abondance des sensations « on divague ».
C’est aussi une insouciance qu’il
cherche à revivre à travers ses écrits et la nostalgie qui figure tout au long du poème.
Comme si
Rimbaud la regrettait.
On retrouve également la découverte en général avec l’abandon à l’alcool et à
l’amour et enfin la sensibilité.
Rimbaud a peur de toutes ses choses « d’adultes » qui sont représentés
dans le premier quatrain par « foin des bocks et de la limonade, Des cafés tapageurs aux lustres
éclatants ! » Toutes ces choses de la vie urbaine que Rimbaud cherche à fuir pour aller vers un lieu
plus bucolique, plus propice à la rêverie et l’insouciance.
On pourrait presque parler d’un lieu et
d’une temporalité idyllique, un locus amoenus.
Enfin, le parallélisme au vers 8 « A des parfums de
vigne et des parfums de bière… » Rappelle l’éloignement entre l’adulte et l’adolescent, les vignes
n’étant pas mure en cette saison rappelle l’adolescent et l’alcool l’adulte.
Le poème donne une vision
de la sensibilité adolescente à travers le portrait universel de l’adolescence que donne Rimbaud.
De plus, l’adolescence est très marquée par l’ivresse de la sensibilité.
En se laissant émouvoir
par ses perceptions et surprendre par ses émotions, jusqu’à atteindre une forme d’ivresse, le sujet
entre dans un rapport personnel au monde.
Le registre du poème est lyrique.
On peut le remarquer
par l’évocation des sensations, la vue : « éclatants » « verts », « azur sombre », « on aperçoit » ,
« blanche » ; l’ouïe : « tapageurs » « bruits » ; le toucher : « air si doux », « chiffon », doux,
« frissons », « aux lèvres un baiser » ; l’odorat : « sentent bon », « parfums de vigne et parfums de
bière » et enfin le goût : « bock » « limonade....
»
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