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La Situation De Quiproquo Dans Une Pièce De Théâtre Vous Semble-T-Elle Seulement Un Artifice De Composition, Ou Présente-T-Elle Des Intérêts, Tant Dans Le Texte À Lire Que Lors De Sa Représentation ?

Publié le 03/01/2013

Extrait du document

A l‘acte V, les personnages se servent d‘un style étrangement élevé, ils sont pris par des

sentiments violents et nobles, et à la fin, le fils meurt. Le magicien explique alors au père désespéré qu’il

ne s’agissait que de la

fin d‘une pièce de théâtre interprétée par la troupe dont le fils fait désormais partie. Ce dénouement nous

semble exprimer

parfaitement la donnée de la pièce, typiquement baroque, qui met en avant l’illusion de la vie et en

corollaire l’importance du

théâtre. L’éloge du théâtre par le magicien aurait sans doute de l’intérêt pour le spectateur, puisqu’on y

reconnaît sans peine la

voix du dramaturge lui-même, qui en 1636 n’a pas encore donné ses chefs-d’oeuvre tragiques, mais il

aurait moins de force s’il

n’avait été préparé par le quiproquo et le coup de théâtre qui précèdent ; pour une pièce qui célèbre le

théâtre quoi de plus

adapté, de plus légitime que des moyens proprement dramatiques ? Le quiproquo, loin de tout artifice, fait

sens et se trouve en

complète adéquation avec le noble but proclamé de l’auteur. On imagine les ressources que la pièce peut

offrir à un metteur en

scène inventif, par le procédé du théâtre dans le théâtre, où le père contemple le destin de son fils, puis à

l’acte V les moyens

« tel cadre le quiproquo présente de véritables possibilités pour enrichir l‘intrigue et créer des situations amusantes.

Il ne s’agirait que d’arranger le dramaturge en lui procurant des effets, comiques faciles et des commodités qui l’arrangent en faisant bon marché de la vraisemblance, voire de l’honnêteté artistique. Toutefois ce ressort n’est pas uniquement une facilité pour auteurs en manque d’inspiration mais un outil dramatique universellement utilisé par tous les dramaturges.

Le grand Molière lui -même ne dédaigne pas se servir de ce niveau élémentaire du quiproquo : il n’est pas seulement auteur dramatique, mais aussi acteur, et il sait à quel point importe l’agrément du public : “Je voudrais bien savoir si la grande règle de toutes les règles n’est pas de plaire” écrit-il dans la Critique de l’École des Femmes.

Et pour plaire il ne faut pas toujours s’embarrasser de scrupules.

Dans Amphitryon, on voit ainsi Mercure obligé de prendre la forme de Sosie ; comme cette apparence peu glorieuse l’ennuie, voire l’agace, il s’amuse à provoquer le héros éponyme où à irriter Cléanthis, l’épouse de Sosie.

L’intérêt psychologique de ces deux scènes est fort réduit ; mais dans les deux cas on a une scène qui ne vise qu’à divertir le public, au milieu d’aspects plus sérieux ou plus graves de la pièce.

Le quiproquo du Médecin malgré lui a la même utilité : l‘épouse de Sganarelle, pour se venger des coups de bâton de son mari, le fait passer pour un médecin très habile mais un peu fou, qui n‘avoue ses compétences que sous les coups de bâton.

Deux valets en quête de médecin font ainsi subir les effets de ce remède à un Sganarelle tour à tour révolté et résigné.

Là encore le quiproquo se présente comme un moyen facile d’attirer des lazzi : la méprise entraîne des effets comiques peu raffinés mais Cned – 7FR40CTPA0410 5/8 fort efficaces.

Les coups de bâton, héritiers des vieilles farces, font toujours rire, ils alternent avec les hommages à l’homme de l’art et vont faire douter Sganarelle de sa raison.

De telles confusions seraient peu probables dans la vie courante ; elles pourraient effectivement se produire ; mais resteraient difficilement crédibles.

On sait depuis Boileau que : « Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable.

» Ainsi la vraisemblance de la vie n’est pas la vérité du théâtre. Mais le quiproquo ne vise pas toujours seulement à l’efficacité théâtrale : il peut parfois se justifier par l’apport de notations psychologiques qui sans lui n’auraient jamais pu apparaître. D’une part, le quiproquo peut être l’occasion non seulement de faire avancer l’intrigue, mais aussi, d’autre part, de contribuer à la connaissance des personnages ou à leur structuration.

Ainsi, dans notre scène d’Amphitryon (acte I, scène 3), Jupiter s’est d’abord servi du quiproquo qui lui a permis d’usurper la place d’Amphitryon ; il s’est ainsi conformé au destin qui exigeait. »

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