La vie de Molière

« Paris, et Molière l'auteur à la mode, consécration confirmée parun premier séjour à la Cour du 8 au 14 mai 1662.

La mêmeannée il épouse Armande Béjart, jeune soeur (la fille?) deMadeleine, de vingt ans sa cadette. TRIOMPHES ET BATAILLES Son irrésistible ascension, confirmée par le triomphe de L'École des femmes (décembre 1662), grande pièce en cinq actes et en vers, lui apporte ses premiers ennuis.

C'est la querelle deL'École des femmes: Molière affronte les comédiens du théâtre rival, les auteurs rivaux, les mondains raffinés, offusqués par lethème central du cocuage et par quelques équivoquesscabreuses, et les tenants de la morale traditionnelle, choquésde voir raillés les principes du conformisme religieux et moral.

Ilfait front aux attaques (et aux calomnies) avec deux courtescomédies, La Critique de l'École des femmes et L'Impromptu de Versailles (juin et octobre 1663), ostensiblement protégé par Louis XIV qui accepte même d'être le parrain de son premier fils(février 1664). Mais la querelle rebondit.

Les plus intriguants des dévotsobtiennent au lendemain de la première représentation deTartuffe à Versailles (mai 1664), l'interdiction de la pièce. Molière répond en février 1665 avec Dom Juan, véritable provocation pour ses ennemis, qui connaît cinq semaines detriomphe avant d'être étouffé.

Louis XIV n'en marque pas moinsson soutien à Molière: quelques mois plus tard la troupe devientTroupe du Roi.

Mais il faut attendre 1669 pour que lesconditions politiques permettent à Tartuffe d'être enfin autorisé. LE COMÉDIEN DU ROI Durant la même période, si Molière subit les premières attaquesde la maladie et connaît quelques déceptions (demi-succès duMisanthrope en 1666, de George Dandin et de L'Avare en 1668), la troupe continue à vivre, très richement, et à connaître destriomphes (Amphitryon, 1668), et le rayonnement de Molière est tel qu'il s'étend même à l'étranger.

En outre, sa position estconfortée par la protection indéfectible de Louis XIV qui leconsidère comme l'un des siens.

Grâce à l'invention de lacomédie-ballet (Les Fâcheux), Molière offre au Roi (exceptionnel danseur) une synthèse entre son divertissement préféré (leballet) et le divertissement théâtral traditionnel.

C'est pourquoià partir de 1664 les commandes - quelquefois imprévues,obligeant Molière à écrire à la hâte - se succèdent à un rythmesoutenu, et la comédie-ballet revêt toutes les formes.

Au total,du début de 1664 à 1672, il fait représenter vingt et une pièces: quinze d'entre elles étaient destinées au roi. LES DERNIÈRES ANNÉES Ainsi Molière, tout en continuant à mener de front les deuxgenres, comédie « unie » (Les Fourberies de Scapin, 1671 ; Les Femmes savantes, 1672) et comédie-ballet (Le Bourgeois gentilhomme, 1670 ; Psyché, 1671), a tenté de s'imposer à la Cour et à la ville comme le seul dépositaire d'un art regroupantla musique, la danse et le théâtre - et le théâtre dans toute savariété.

Mais Louis XIV, tout en lui permettant de continuer àmonter des spectacles contenant des divertissements chantéset dansés, n'attend plus désormais la synthèse du théâtre, dela musique et de la danse que de l'opéra de Lully. C'est donc au Palais-Royal (et non à la Cour) qu'est créé le 10février 1673 Le Malade imaginaire, avec une musique composée. »