La vision rouge de la révolution : Cinquième partie, chapitre V (Germinal de Zola)
Publié le 20/11/2012
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Ensuite, c'est au tour des hommes de défiler devant la grange- étable («Et les hommes déboulèrent ensuite ... « ). Ils se distinguent par leur fonction à la mine (galibots, haveurs, raccommodeurs, selon qu'ils manoeuvrent les berlines, creusent la veine de charbon ou consolident les galeries) et forment une masse unie,« confondue« par les mêmes habits (culottes, tricots) et la même apparence« terreuse« (la terre n'est-elle pas leur élément ?). Femmes et hommes sont animés par la même soif de violence, ce qu'attestent leurs armes rudimentaires (bâtons, barres de fer et une unique hache) ou encore ces « drapeaux de deuil et de vengeance « que sont les corps des enfants, tout à fait comparables à «l'étendard de la bande«, c'est-à-dire la hache-guillotine.
«
144 • Etude de Germinal
consommation d'alcool prédispose à la folie homicide.
Gaston-Marie, sous la poussée dévastatrice de deux mille cinq
cents mineurs, sera vite anéantie, dernière halte avant
Montsou.
Sur le chemin du retour, de Marchiennes à Montsou, lape
tite troupe de bourgeoises (Mme Hennebeau, les filles de
Deneulin, Cécile Grégoire), qu'accompagne l'ingénieur
Négrel, s'arrête dans une ferme pour satisfaire au désir, expri
mé par Cécile, de boire une tasse de lait.
Voyant de loin ac
courir une foule de 3
000 mineurs, on dissimule la calèche
dans la cour de la ferme et on observe, à 1 'abri des regards ex
térieurs, le passage de la foule.
La« vision rouge de la révolution», qui s'impose à Négrel
et au petit groupe de femmes
qu'il accompagne, est, à la fois,
une réalité et un fantasme.
D'emblée, le peuple apparaît, sous
le regard horrifié et fasciné de ces bourgeois, comme une hor
de de
«barbares» retournés à «la vie sauvage» et, sous le
coup
d'une métamorphose « animalisante », comme des ani
maux sauvages dangereux, voire comme des
«bouchers en
pleine tuerie
».
La «soirée sanglante » coïncide, symbolique
ment, avec une
«fin de siècle» et, aussi bien, avec la dispari
tion présumée
du« vieux monde».
C'est que, succombant à la
destruction des barbares, le monde bourgeois, que la révolu
tion de 1789 a fait triompher, doit désormais faire place à un
monde encore inconnu
TEXTE
«Madame Hennebeau, très pâle, prise d'une colère
contre ces gens qui gâtaient un de ses plaisirs, se
tenait en arrière, avec un regard oblique et répu
gné; tandis que Lucie et Jeanne, malgré leur
5 tremblement, avaient mis un œil à une fente, dé
sireuses de ne rien perdre du spectacle..
»
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