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Zola, Germinal, Première partie, chapitre 1, l'arrivée d'Étienne.

Publié le 10/01/2020

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Zola, Germinal, Première partie, chapitre 1, l'arrivée d'Étienne.

Dans la plaine rase, sous la nuit sans étoiles, d'une obscurité et d'une épaisseur d'encre, un homme suivait seul la grande route de Marchiennes à Montsou, dix kilomètres de pavé coupant tout droit, à travers les champs de betteraves. Devant lui, il ne voyait même pas le sol noir, et il n'avait la sensation de l'immense horizon plat que par les souffles du vent de mars, des rafales larges comme sur une mer, glacées d'avoir balayé des lieues de marais et de terres nues. Aucune ombre d'arbre ne tachait le ciel, le pavé se déroulait avec la rectitude d'une jetée, au milieu de l'embrun aveuglant des ténèbres.

L'homme était parti de Marchiennes vers deux heures. Il marchait d'un pas allongé, grelottant sous le coton aminci de sa veste et de son pantalon de velours. Un petit paquet, noué dans un mouchoir à carreaux, le gênait beaucoup; et il le serrait contre ses flancs, tantôt d'un coude, tantôt de l'autre, pour glisser au fond de ses poches les deux mains à la fois, des mains gourdes que les lanières du vent d'est faisaient saigner. Une seule idée occupait sa tête vide d'ouvrier sans travail et sans gîte, l'espoir que le froid serait moins vif après le lever du jour. Depuis une heure, il avançait ainsi, lorsque sur la gauche à deux kilomètres de Montsou, il aperçut des feux rouges, trois brasiers brûlant au plein air, et comme suspendus. D'abord, il hésita, pris de crainte; puis, il ne put résister au besoin douloureux de se chauffer un instant les mains.

Un chemin creux s'enfonçait. Tout disparut. L'homme avait à droite une palissade, quelque mur de grosses planches fermant une voie ferrée; tandis qu'un talus d'herbe s'élevait à gauche, surmonté de pignons confus, d'une vision de village aux toitures basses et uniformes.

Il fit environ deux cents pas. Brusquement, à un coude du chemin, les feux reparurent près de lui, sans qu'il comprît davantage comment ils brûlaient si haut dans le ciel mort, pareils à des lunes fumeuses. Mais, au ras du sol, un autre spectacle venait de l'arrêter. C'était une masse lourde, un tas écrasé de constructions, d'où se dressait la silhouette d'une cheminée d'usine; de rares lueurs sortaient des fenêtres encrassées, cinq ou six lanternes tristes étaient pendues dehors, à des charpentes dont les bois noircis alignaient vaguement des profils de tréteaux gigantesques; et, de cette apparition fantastique, noyée de nuit et de fumée, une seule voix montait, la respiration grosse et longue d'un échappement de vapeur, qu'on ne voyait point.

 (commentaire composé de français)

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« - Le roman, qui s’inscrit dans la lignée des Misérables de Hugo, retrace l’histoire d’une grève dans le bassin houiller du nord de la France et fait écho au conflit historique d’Anzin (1884).

La documentation de l’écrivain naturaliste préalable au récit est extrêmement précise et contribue à la très grande célébrité du roman : le lectorat populaire reconnaît en Zola un témoin fidèle du monde ouvrier. Incipit très célèbre : celui de Germinal. I- Présentation de celui qui sera le personnage principal II- Le lieu inhospitalier III- Le fantastique I- Présentation de celui qui sera le personnage principal : A- Un inconnu • Le personnage principal de cet extrait n’est pas nommé, n’a pas de nom. • 1 eapparition : « un homme » => cela est normal dans un roman.

Article indéfini + « homme ». Mais après, il reste « lui, il » ou « l’homme » => passage à l’article défini mais son nom n’est pas donné. • Seule information => son métier : « sa tête vide d'ouvrier ». B- Un pauvre homme • Les seules indications données sur cet « homme » soulignent sa pauvreté : - « coton aminci » > pauvreté de ses habits. - « ouvrier sans travail et sans gîte » > pas de domicile, pas de travail ; sorte d’exclu.

+ « Un petit paquet » > son seul bien. - « faisaient saigner » > souffre, blessé. • « Tête vide » => semble ne pas penser, ne penser à rien. • « seul » => solitude (pas d’appui). • « grelottant » => froid, pauvreté. II- Un lieu très peu hospitalier A- Perception • Focalisation interne => le paysage est vu par les yeux, les sens de l’homme. Cf.

tous les verbes de perception : « il ne voyait ; il n'avait la sensation ; Il fit environ deux cents pas ; avait à droite ; il aperçut… ». • Le personnage peine beaucoup.

Cf.

toutes les allusions à la peine du personnage : « grelottant ; mains gourdes ; au besoin douloureux ; vent d'est faisaient saigner… ».. »

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