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LACLOS

Publié le 02/09/2013

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1741-1803

LACLOS est né en 1741 à Amiens; il est mort en 1803. Les Liaisons Dangereuses ont paru en 1782. Voilà à peu près tout ce qu'il y a de vraiment intéressant à dire sur lui pour ce qui est de la bio¬graphie. On n'est pas sûr qu'il ait rencontré Stendhal dans une loge de la Scala. C'est malheureux, car c'eût été un événement marquant dans son existence. J'avoue que moi j'ai rêvé longtemps sur cette rencontre à laquelle M. Martineau ne croit pas. Je vois Laclos, vieux général d'artillerie, somnolant au premier rang de la loge, tout alourdi par un passé d'intrigues assez suspectes. Du fond, Stendhal le considère avec l'hostilité et la tendresse qu'on peut avoir à son âge. Cette rencontre, je le crains, est trop symbolique pour avoir eu lieu.

Laclos a eu quelques mois de chance, ou bien c'était un paresseux : en soixante-deux ans, il n'a écrit qu'un livre. Les Poésies Fugitives de l'Almanach des Muses, deux livrets d'opéra, un article dans le Mercure, etc. ne comptent pas. Cela n'annonce rien, n'explique rien. Ce sont des exercices de bel esprit à la portée de n'importe quel gentilhomme. A quarante ans, il compose le testament de son siècle et s'en tient là. Parallèlement, une vie médiocre d'officier de garnison et des combi¬naisons louches avec le plus répugnant personnage de la Révolution : Philippe Egalité. D'après Tilly, vieux bandit retraité en Angleterre, Laclos avait une « conversation froide et méthodique «. C'est un homme tout à fait mystérieux, impossible à classer; il n'a laissé aucun document un peu révélateur sur son coeur. Qu'il se soit acoquiné avec Philippe Egalité est la seule donnée impor¬tante : elle dénote une forte tendance au mépris. Se choisir un tel patron, lui prêter sa plume, le servir, suppose le mépris de soi, le mépris des autres et le mépris de la morale courante. A cent soixante ans de distance, Laclos apparaît comme un homme secret, qui aurait enjambé quelques cadavres, semé quelques désespoirs, triomphé dans quelques négociations ténébreuses, conclu quelques marchés truqués. On est d'autant plus porté à croire cela qu'il était d'autre part« bon fils, bon père, excellent époux «.

« ment horribles, pouvait naître et prospérer.

L'audace raisonnée dans le mal, l'absence d'hypocrisie dans sa recherche, l'esprit de système tempéré par l'ironie me semblent des caractéristiques émi­ nemment françaises.

Le Français fait le mal en connaissance de cause; il n'y a pas de recoin obscur dans son âme : c'est que le mal, pour ce matérialiste, est une expérience comme une autre, qu'il faut mener à bien par vanité, et qui procure des satisfactions infinies.

Les Liaisons Dangereuses sont peut-être le plus français des romans français.

D'abord c'est un roman du xvme siècle, époque à laquelle ce qu'on appelle le caractère français s'est le plus accusé; ensuite toutes les tendances de ce caractère y sont représentées : férocité, vanité, habileté dialectique, clarté, cynisme, délicatesse, élégance, audace, goût de la trahison.

Les héros du livre, Valmont et la Merteuil, n'ont peur de rien, sinon qu'on se moque d'eux, et il n'y a pas de danger : c'est eux qui font peur.

Leur grand ressort est la vanité ou, si l'on préfère, le désir de la gloire.

Lorsque Valmont s'écrie qu'après avoir séduit et abandonné la vertueuse Tourvel il dira à ses rivaux : « Voyez mon ouvrage et cherchez-en dans le siècle un second exemple! »je ne suis pas tout à fait sûr de son ironie.

Bien entendu, il y a toutes sorte. »

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