Devoir de Philosophie

L'Admiration. Que pensez-vous de ce mot de Madame de Lambert : « L'admiration est le partage des sots. »

Publié le 15/02/2012

Extrait du document

Certains « mots « s'expliquent . par la personnalité de ceux qui les ont prononcés, par le milieu qui les a vus éclore. Ainsi celui de Fontenelle, né au café Procope : «Si javais la main pleine de vérités, je me garderais bien de l'ouvrir. « Nous croyons pouvoir appliquer cette méthode d'explication à celui de Mme de Lambert, tenancière d'un salon fameux de 1710 à 1733. Il reflète bien l'esprit de cette femme distinguée, que commence à gagner le scepticisme ambiant; il est l'écho des propos echangés par ses habjtués du mardi et du mercredi....

« quels sots pensait We de Lambert.

On aurait tort de confondre ici la sottise et 'Ignorance.

On voit des ignorants pleins de bon sens, intelligents meme, et tres capables d'admirer a bon escient.

La sottise c'est l' ignorance qui s'ignore; c'est la nullite orgueilleuse, la mediocrite vaniteuse.

C'est surtout l'absence de jugement, qui se traduit tout aussi bien, nous le constaterons, par l'admiration irraisonnee que par le refus d'admirer. * * L'admiration peut naitre de l'ignorance, de la sottise, du vice mane; elle peut naitre encore de la mode, de la vanite, du snobisme; elle peut naitre enfin de l'intelligence et du cceur, de la science et de la vertu.

II est une forme inferieure d'admiration qui, nous l'avons dit, n'est qu'un etonnement physique, un reflexe devant l'inattendu, l'inoui, l'insolite.

C'est celle de l'idiot, du faible d'esprit, du badaud qui restent bouche bee en pre- sence d'un evenement, d'un spectacle auxquels ils ne sont pas accoutumes, des gogos qui ecarquillent les yeux devant le charlatan a la foire, des naffs subjugues par un orateur populaire, de M.

Jourdain ravi de savoir qu'il fait de la prose.

C'est encore celle de l'enfant qui n'a pas de points de comparaison et ignore ce gui est merveilleux et ce qui ne l'est pas, qui laisse a errer sa vue etonnee et ravie » sur toute chose.

Qui ne salt men est porte a tout admirer.

Le sauvage admire les verroteries sans valeur que lui tend le trafiquant etranger et dedaigne des objets precieux qu'il voit chaque jour.

Le sot, plus encore que l'ignorant, est porte a accorder son admiration a des choses qui ne le meritent pas; sa vanite l'egare.

Il admire en particulier ceux qui lui ressemblent : Un sot trouve toujours un plus sot qui l'admire. Mais it faut placer au plus bas degre l'admiration du vice par le vice.

Le cinema, depuis un .quart de slide, a favorise cet emerveillement de la cra- pule en face du crime.

Nous savons pertinemment que les maisons de cor- rection, les prisons recelent un grand nombre de ces admirateurs des filoust des escrocs, des aigrefins, des gangsters, des assassins audacieux, ingenieux et distingues!...

Moins coupables, les esclaves de la mode, les Bens e a la page », les snobs et les snobinettes ne sont pas plus raisonnables dans leurs admirations.

Au lieu de se determiner par eux-memes, d'apprecier directement, ils se recluisent au role d'echo, de machine.

Sujets dociles de ac Rol On », ils admirent avec discipline ce que « leur monde » admire.

Incapables au reste de justifier leurs engouements stupides.

a Merveilleux! Magnifique! Epatant! Admirable 2.1 c'est tout ce qu'ils savent articuler dans leur enthousiasme. Pardon! j'oubliais I formidable » ! Incapables d'une saine critique, beautes et Mauls leur echappent egalement s'il s'agit d'une oeuvre d'art : poesie, roman, theatre, tableaux, statues, edifices.

Leurs amis et leur journal leur suf- fisent, inutile de se casser la tete.

Se melent-ils de motiver leur emballement ils exagerent, ils tombent dans une pretentieuse puerilite.

Entendez nos Femmes Savantes s'esclaffer sur le sonnet de Trissotin : J'aime superbement et magnifiquement; Ces deux adverbes joints font achnirablement...

Ahl ce quoi qu'on die est d'un goat admirable! C'est a mon sentiment un endroit impagable. Toute la scene de Moliere illustre de piquante facon le mot cruel de M"'' de Lambert : e L'admiration est le partage des sots.

» Mais non! Le grave et subtil Joubert affirme le contraire L'admiration, dit-il, est fine du savoir.» Renan rencherit encore : K Seul le savant a le droit d'admirer.

) Si un sot savant est plus sot qu'un sot ignorant, et n'est capable que d'une absurde admiration, l'homme intelligent et de bon sens, chez qui l'esprit et le coeur vont de pair, est eminemment apte a l'admira- tion veritable.

L'admiration nait chez lui d'une connaissance plus complete, de la difficulte vaincue.

L'esprit scientifique, le savoir acquis, loin de corn- primer les glans d'une ame ravie par une ideale beaute, par les sublimes conceptions du genie, avivent et affinent le sens esthetique, developpent cette faculte d'admirer qui est I'honneur et l'apanage de 1 homme.

L'esprit quels sots pensait Mm• de Lambert.

On aurait tort de confondre ici la sottise et l'ignorance.

On voit des ignorants pleins de bon sens 1 intelligents même, et très capables d'admirer à bon escient, La sottise c est l'ignorance qui s'ignore; c'est la nullité orgueilleuse, la médiocrité vaniteuse.

C'est surtout l'absence de jugement, qui se traduit tout aussi bien, nous le constaterons, par l'admiration irraisonnée que par le refus d'admirer.

* ** L'admiration peut naitre de l'ignorance, de la sottise, du vice même; elle peut naitre enco~e de la mode, de la vanité, du snobisme; elle peut naître enfin de l'intelligence et du cœur, de la science et de la vertu.

Il est une forme inférieure d'admiration qui, nous l'avons dit, n'est CJ!l'un étonnement physique, un réflexe devant l'inattendu, l'inouï, l'insolite.

C'est celle de l'idiot du faible d'esprit, du badaud qui restent bouche bée en pré­ sence d'un événement, d'un spectacle auxquers ils ne sont pas accoutumés, des gogos qui écarquillent les yeux devant le charlatan à la foire, des naïfs subjugués par un orateur populaire, de M.

Jourdain ravi de savoir qu'il fait de la prose.

C'est encore celle de l'enfant qui n'a pas de points de comparaison et ignore ce n sc:ns, chez ~i l'esprit et le cœur vont de pair, est émmemment apte à 1 admira­ tion veritable.

L'admiration naît chez lui d'une connaissance plus complète, de la difficulté·vaincue.

L'esprit scientifique, le savoir acquis, loin de com­ primer les élans d'une ~e ravie par une idéale beauté,, par le~ sublimes conceptions du gé~ie, avi.vent et.

affine.nt le sens esthétique, devel~ppe~t cette faculté· d'admirer qu1 est l'honneur et l'apanage de l'homme.

L esprit. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles