L'AGE DE RONSARD - LA LITT2RATURE RONSARDIENNE
Publié le 28/02/2012
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Désormais, le poète se fait la plus haute idée de sa mission. Si Marot considérait la cour comme sa« maîtresse d'école«, Ronsard verrait plutôt le poète comme l'instituteur des rois. Vu par la Pléiade, le poète apparaît en effet comme un initiateur, comme un prophète inspiré, mais qui doit mériter son génie : «Les Muses ne veulent loger en une âme si elle n'est bonne, sainte et vertueuse « (Ronsard).
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112
LE XVIe SIÈCLE
UNE ESTHETIQUE NOUVELLE
Des poetes savants La nouvelle poesie est une poesie savante,
aboutissement sur le plan de la sensibilite esthe-
tique des efforts de l'humanisme.
Les poItes
sont des hommes fort cultist qui entendent a la
fois conferer a leur art une eminente dignite
et rivaliser avec les Anciens et les
Italiens.
Double ambition o patriotique » et aristocra-
tique : ce n'est pas au « vulgaire » - comprenez
a la foule ignorante, ffit-elle composee de cour-
tisans - que l'on s'adressera, mais aux rares
connaisseurs.
Ces poetes pratiquent assidfiment les grands
auteurs anciens (Homere, Virgile, Horace), mais
fis s'inspirent aussi des moderns neo-Latins,
auteurs de poesies legeres et erotiques (Marulle,
1440?-1500?; Jean Second, 1511-1535), et des
Italiens (theorie de l'imitation) (1).
Its lisent les
auteurs d'eglogues et de pastorales (Sannazar, 1458-1530), 1'Arioste (1474-1533), auteur d'une
grande epopee merveilleuse, le Roland furieux,
et surtout -Petrarque et ses imitateurs.
Le petrarquisme Francois Petrarque (1304-1374) avait ete un
savant penseur dont l' oeuvre latine avait enthou-
siasme l'Europe.
C'est toutefois pour son recueil
de poemes amoureux en langue vulgaire (l'italien
de Toscane), le Canzoniere, inspire par une dame
d'Avignon nominee Laure, qu'il
fut admire
et imite de la posterite.
Des le xve siecle ses
disciples italiens (Les neo-petrarquistes) etaient
nombreux et, au xvie, son influence rayonna
travers toute l'Europe.
La pc:tie lyrique du Canzoniere chantait d'une
maniere raffinee les espoirs et les emois doulou-
reux de l'amour insatisfait.
Petrarque traduisait
ces thins et ces angoisses par le recours constant
a la comparaison, a l'antithese, a la metaphore,
figures et procedes qui, pour une bonne part,
deviendront cliches et emphase chez ses imita-
teurs mediocres, mais qui chez les meilleurs
on le verra en lisant &eve, Ronsard, du Bellay,
d'Aubigne - favoriseront l'expression exacte
d'un sentiment passionne, a la fois vehement et
melancolique.
1.
Expos& par du Bellay dans La defense et illustration
de la langue francalse (voir p.
125).Le neo-platonisme
Il est d'usage d'associer a la vogue du petrar-
quisme l'influence du neo-platonisme enseigne
par Ficin (1).
En fait, ces deux courants, tant
chez Save (2) que chez les poetes de la Pleiade
(a l'exception de POntus de Tyard et de du
Bellay), neserecoupent
qu'imparfaitement,
et l'amour petrarquiste, s'il est chaste par la
force des choses (parse que la dame est une
honnete femme), n'est pas un amour desincarne
ni spiritualiste.
1.
Voir p.
80.
2.
Voir it ce sujet les precisions apportees par V.
L.
Saul-
nier dans son Maurice Save, «Le petrarquisme : un anti-
platonisme w, t.
I, p.
207.
Petrarque, Pun des premiers grands hums-
nistes halloo, dont It recueil amoureux
Il canzoniere exam sur
I'Europe
du
xvi sack une influence determinante.
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II MEP MIN
112
LE
XVIe
SIÈCLE
UNE
ESTHÉTIQUE
NOUVELLE
Des
poètes savants La
nouvelle poésie est une poésie savante,
aboutissement sur le plan de la sensibilité esthé
tique des efforts de 1 'humanisme.
Les poètes
sont des hommes fort cultivés qui entendent à la
fois conférer
à
leur
art
une éminente dignité
et rivaliser avec les Anciens et les Italiens.
Double ambition
«
patriotique
»
et aristocra
tique : ce n'est pas au
« vulgaire
» -
comprenez
à la foule ignorante, fût-elle composée de cour
tisans -que
l'on
s'adressera, mais aux· rares
connaisseurs.
Ces poètes pratiquent assidûment les grands
auteurs anciens (Homère, Virgile, Horace), mais
ils s'inspirent aussi des modernes néo-latins,
auteurs de poésies légères et érotiques (Marulle,
1440?-1500?;
Jean Second, 1511-1535), et des
Italiens (théorie de l'imitation)
(1 ).
Ils lisent les
auteurs d'églogues et de pastorales (Sannazar,
1458-1530),
l'Arioste (1474-1533), auteur d'une
grande épopée merveilleuse, le
Roland furieux,
et surtout
.
Pétrarque et
ses
imitateurs.
Le pétrarquisme François Pétrarque
(1304-1374)
avait été un
savant penseur dont l'œuvre latine avait enthou
siasmé l'Europe.
C'est toutefois pour son recueil
de poèmes amoureux
en
langue vulgaire
(1 'italien
de Toscane), le
Canzoniere,
inspiré
par
une dame
d'A
vignon nommée Laure, qu'il fut admiré
et imité de la postérité.
Dès le xve siècle
ses
disciples italiens (les néo-pétrarquistes) étaient
nom breux et, au
XVIe,
son influence rayonna
à
travers toute 1 'Europe.
La
poésie lyrique du
Canzoniere
chantait d'une
manière raffinée les espoirs et
les
émois doulou
reux de 1
'amour
insatisfait.
Pétrarque traduisait
ces élans et ces angoisses
par
le recours constant
à la comparaison,
à l'antithèse,
à la métaphore,
figures et
procédés
qui,
pour
une bonne part,
deviendront clichés et emphase chez ses imita
teurs médiocres, mais qui chez les meilleurs -
on
le verra en lisant Scève, Ronsard, du Bellay,
d'Aubigné -favoriseront l'expression exacte
d'un
sentiment passionné,
à la fois véhément et
mélancolique.
1.
Exposée
par
du Bellay dans
lA
défense et illustration
de
la
langue française (voir p.
12S).
Le
néo-platonisme Il est d'usage d'associer à
la
vogue du pétrar
quisme 1 'influence
du
néo-platonisme enseigné
par
Ficin
(1 ).
En
fait, ces deux courants, tant
chez
Scève
(2 )
que chez les poètes de la Pléiade
(à
l'exception de
Pontus
de Tyard et de du
Bellay), ne se recoupent qu'imparfaitement,
et
l'amour
pétrarquiste, s'il est chaste
par
la
force des choses (parce que la dame est une
honnête femme),
n'est
pas
un
amour
désincarné
ni spiritualiste.
1.
Voir p.
80.
2 .
Voir
à ce sujet les précisions apportées
par
V.
L.
Saut
nier dans
son
Maurice Scève,
« Le
pétrarquisme :
un
anti
platonisme
», t.
1, p.
207 .
PétrarQue.
l'un
des
premiers
arands
huma
nistes
italiens,
dont
le recueil amoureux
Il
canzoniere
exerça
sur
l'Europe
du
XVI"
siècle
une
influence
déterminante.
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