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Lamartine et la poésie des "Méditations"

Publié le 16/05/2011

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I. - NOUVEAUTÉ DES « MÉDITATIONS «

Les Méditations ont apporté à la littérature française une nouveauté espérée et cependant imprévue. Il existait dans la société lettrée, depuis Chateaubriand, des états d'âme que Chateaubriand avait très bien exprimés; mais auxquels on souhaitait le charme des Sers. Or les Chênedollé, les Millevoye avaient donné des promesses, mais s'étaient révélés trop médiocres pour les tenir; même élégiaques, même passionnés, ils ne s'élançaient jamais aux régions hautes de l'être. C'est pourquoi l'événement que le sentiment public attendait se produisit avec autant d'éclat que de surprise : les Méditations parurent comme un météore; et leur succès foudroyant — trois éditions enlevées en quelques jours — rallia les poètes, les politiques, les femmes et toute la jeunesse à la gloire de Lamartine.

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« a) Ecoutez ces chants religieux, ces douces et puissantes prières, ou plutôt cette prière commune des hommes :poèmes généralement sereins, mêlés de quelques rares accents d'anxiété.

Ils proclament la joie d'aimer et de croire,ils montrent la nature et l'humanité célébrant partout la gloire de Dieu.

Et quand le poète évoque le matin pur etenivrant, le soir fait pour la prière, l'automne et le choeur plaintif des émotions éphémères, c'est toute la vieprofonde de ce monde qui se déploie en amples tableaux.

Le christianisme de Lamartine se fait alors assez large pourémouvoir tous les hommes dans leur humanité.b) Une des pièces les plus belles du recueil, l'Infini dans les cieux, utilise les découvertes de la science pour faireécho aux "deux infinis" de Pascal : l'homme est infiniment petit, mais' sa pensée est devenue capable de sonder lesprofondeurs de ce' ciel où roulent tant de mondes inconnus.c) Les Harmonies développent abondamment un thème apparu dans les Nouvelles Méditations (Prélude), le thèmedes souvenirs d'enfance et de la vie familiale qu'enveloppe la nature et que Lamartine évoque en émouvantesbucoliques : son amour filial pour son père et pour sa mère s'entrelace à l'amour qu'il porte à la Bourgogne natale;son amour conjugal sourit dans les paysages d'Italie, et jamais il n'a communiqué plus profondément avec l'âmehumaine.

Dans le poème qui tire son nom du berceau familial, Milly, l'effusion du souvenir et du regret transfigure lemodeste coin de terre où la famille du poète a vécu, où il a grandi, où tous ont aimé, où les parents sont morts.Comme il tremblait de ne pouvoir aller dormir près des siens, dans ce sol que les souvenirs lui rendaient sacré A plusde soixante ans, il devait chanter encore la vieille demeure dans la Vigne et la Maison (Poésies diverses), large etpuissante symphonie du souvenir et de la vieillesse, de la nature et de la mort : le poète revoit par la pensée, unedernière fois, les êtres chers, les enfants aux fenêtres, la mère attentive, tous ceux qui ne sont plus; mais il veutespérer qu'une autre vie les rassemblera tous.

Un tel poème donne à la poésie de Lamartine sa phis large envergured'humanité, sa plus riche et plus belle universalité. Deux recueils poétiques qui, d'inspiration et d'objet, paraissent tout différents des Méditations et des Harmonies,participent en réalité de la même veine.

lis font figure d'épopée ou de roman épique; ils en présentent les caractèresdans certaines parties : mais lyrique est leur âme.a) Jocelyn et la Chute d'un ange sont deux épisodes d'une vaste épopée rêvée, non écrite, où Lamartine seproposait de synthétiser l'histoire de l'humanité.

On y aurait vu l'ange de la Chute, déchu par amour d'une mortelle,se rachetant par une série d'épreuves et d'incarnations dont chacune aurait coïncidé avec une grande époquehumaine : déluge, rédemption, chevalerie, etc.

Jocelyn aurait représenté en partie les temps modernes, dans cettesorte de Légende des siècles.

Et certes, le tableau de la tribu primitive, la marche de Céder et Daïdha dans ledésert, l'idylle de Jocelyn et de Laurence dans la solitude, font d'amples tableaux d'épopée.

Enfin lyrisme et épopéese marient dans quelques scènes saisissantes qui évoquent la sanglante Terreur de 1793, mais surtout dans lagrande pastorale intitulée les Laboureurs, fresque des travaux des champs, tableau et cantique, ode au travailsacré, véritables Géorgiques chrétiennes de la France, a dit Sainte-Beuve.b) Néanmoins, les deux livres servent de cadre à d'admirables poèmes lyriques.

La beauté centrale de la Chute d'unange, outre la sublimité des deux amants, c'est le « Livre primitif » qui leur est.

lu par le vieillard du Carmel, ledernier juste, dépositaire de l'antique révélation divine : or, qu'est ce livre, sinon le chant de la religion naturelle etde la justice sociale P Quant à Jocelyn, c'est le poème de l'âme exaltée par l'amour, c'est l'élégie des affectionsfiliales blessées par la mort, c'est l'hymne au foyer.

Les Recueillements et les Poésies diverses contiennent l'épanouissement politique du poète.

— a) Condamnation dustérile attachement au passé; croyance à la vertu de la liberté; anathème jeté à la peine de mort, à la guerre;doctrines humanitaires de justice sociale et de république universelle, tels sont les objets de poèmes remarquables,Utopie, A Némésis, la Marseillaise de la Paix.

— b) Lamartine les écrivit avec la chimérique sincérité de l'ardentcitoyen qu'il a été.

(tomme public, il a travaillé pour les causes que sa poésie chantait.

Parlementaire — avec quellehaute impartialité! avec quelle autorité morale! — il fut toujours acquis aux idées de régénération sociale, non sansétonner ses collègues par une grande et surprenante application aux réalités ut aux questions positives.

En 1848,guide inquiet de la Révolution, il a montré un magnifique courage, le jour qu'il opposa sa seule poitrine au drapeaurouge menaçant.

Dans toute l'oeuvre, la nature est associée à la vie du poète : nature de Bourgogne, nature d'Italie, nature d'Orient;mais il faut dire : nature unique, la Nature.

—a) Lamartine ne peint pas la nature, il ne la fait pas voir, il n'en évoqueque les masses; encore fait-il abandon de tout ce qui n'est pas en harmonie avec ses souvenirs, ses tristesses etses espoirs.

— b) C'est qu'à dire vrai, il attribue à la nature une âme avec laquelle ,la sienne communie : Une âmesœur, une âme pour confidences.

La nature appelle le poète, elle l'aime et il répond à cet amour, il s'y donneentièrement.

— c) A trois reprises toutefois, à la dernière heure d'Harold, dans un épisode de Jocelyn et même dansle Lac, Lamartine a reconnu la nature impassible, indifférente à l'homme : mais il ne l'en estime alors que plus sûre,plus digne d'inspirer confiance, par- conséquent plus bienfaisante et vraiment divine. III.

— LA POÉSIE DE LAMARTINE Lamartine a créé une poésie tendre et noble, qui fait du sentiment l'essentiel de l'homme, qui parle à l'esprit et àl'âme, qui ne s'adresse qu'à ce qu'il y a de meilleur en nous, qui ignore laideur et bassesse, qui ne chante la viequ'en la sublimant, qui ne rêve l'avenir qu'en le voulant meilleur.Aussi laisse-t-il dans nos mémoires des vers qui sont comme les cris ou les soupirs de son âme et qui répondent à. »

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