L'AVENTURE SURRÉALISTE

« 246 HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE d'ailleurs assez habiles) l'adaptation pour le théâtre de Locus Solus (joué en 1922).

Ces essais dramatiques rencontrent un insuccès total.

Les Nouvelles Impressions d'Afrique sont le dernier ouvrage terminé par Roussel ( 1932) ; après quoi il n'écrit pour ainsi dire plus et se consacre au jeu d'échecs.

Il se suicide, dans des conditions mal éclaircies, à Palerme le 14juillet 1933.

Peu d'œuvres, sans doute, sont d'apparence aussi déconcertante que celles de R.

Roussel.

A feuilleter, par exemple, les Impressions d'Afrique - une Afrique, faut-il le dire, totalement imaginaire - on trouve la description, entre maintes autres merveilles, d'une statue en baleines de corset roulant sur des rails en mou de veau, d'un énorme ver jouant avec virtuosité de la cithare et de scènes représentées à l'intérieur des dix grains d'une grappe de raisin.

Autant de surprises dans Locus Solus et dans le!> deux œuvres directement composées pour le théâtre : L'Etoile au front et Poussière de soleils ( 1925-1926).

Ainsi, le second chapitre de Locus Solus décrit-il une hie volante élaborant, à l'aide de dents de diverses couleurs, la représentation d'« un reître sommeillant dans urie crypte sombre, au bord d'un étang souterrain ».

Mais à disjoindre ainsi la substance de la forme, on trahit l'essentiel de l'œuvre: on donne, en effet, l'impression d'un absolu de gratuité, alors que le style de l'auteur - rigoureux, méticuleux, dense, mais toujours parfaitement clair, parfois légèrement compassé - vise au contraire à conférer une absolue nécessité à l'univers construit.

A cet égard, la composition des Impressions d'Afrique est caractéristique : si la première moitié de l'ouvrage décrit, sans expliquer, un certain nombre de spectacles, la seconde - que Roussel recommandait, lors de la deuxième édition du livre, de lire en premier - a pour fonction de donner toutes les justifications jugées nécessaires.

Ainsi l'œuvre constitue un univers clos où l'opposition du réel et de l'imaginaire se trouve définitivement neutralisée.

Pourtant Roussel n'a pas estimé suffisant ce premier niveau d'explication.

Dans un ouvrage publié après sa mort, Comment j'ai écrit certains de mes livres ( 1935), il dévoile le procédé qu'il a utilisé pour les Impressions d'Afrique, Locus Solus et ses deux œuvres dramatiques.

Il s'agissait d'abord de trouver deux phrases phoniquement aussi proches, mais sémantiquement aussi éloignées que possible, et de les relier par un récit.

Ainsi, la nouvelle intitulée Chiquenaude a pour première phrase : « Les vers de la doublure dans la pièce du. »