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le baroque

Publié le 04/11/2013

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Guillaume HattMémoire de maîtrise sous la direction de M. Magnien Année 1996/97Se confronter au Mespris de la vie et consolation contre la mort de Jean-Baptiste Chassignet, c’est très vite se retrouver face à une oeuvre prolifique et un appareil critique peu développé. Ce recueil de 446 sonnets et de plus de 1000 vers de pièces longues publié en 1594 ne semble pas avoir attiré beaucoup le regard jusqu’à cette deuxième moitié du siècle marquée par la redécouverte de nombreux poètes baroques. Les lecteurs des siècles passés n’ont guère été aimables avec cet auteur, ce qui a sans doute contribué à faire de lui non pas un poète maudit mais simplement un poète oublié. Il a fallu attendre une édition globale de l’oeuvre pour que la critique puisse avoir une vue d’ensemble du travail de Chassignet dans son ouvrage principal. Et pourtant, les commentaires ont encore le plus souvent une portée locale, partielle, évoquant telle figure ou tel travail de l’image dans le Mespris.... Ce constat nous a amené à vouloir développer un aperçu de l’oeuvre par un travail à grande échelle, rendu possible grâce à l’usage de l’informatique. Il s’agissait de créer d’abord une base de données, composée de certains critères susceptibles de différencier les sonnets. Ce sont en effet les seuls poèmes de l’ouvrage qui ont une individualité suffisante pour se prêter à ce type de travail. À travers l’espace du recueil ainsi réduit, il devient envisageable de déterminer certaines récurrences ou au contraire certaines divergences qui opposeraient ou rapprocheraient des sonnets parfois fort éloignés dans l’ouvrage. Cette approche permet ainsi d’envisager chaque sonnet dans son unicité, mais aussi comme un élément du système qu’est le recueil. Il ne faut en effet jamais perdre de vue ces deux contraintes de la chaîne de sonnets qu’est le Mespris...; ce n’est qu’en passant fréquemment du microcosme du poème au macrocosme de l’oeuvre que peut se dessiner une spécificité du discours de Chassignet. Tout l’enjeu de la démarche d’écriture de l’auteur, qui oppose la brièveté du sonnet, forme naturellement close et ramassée, à l’importance de l’ouvrage que leur accumulation engendre, repose dans l’hésitation ainsi élaborée.Il faut aussi envisager cette écriture en lien avec la nature m&ecir...

« de tenir compte des attentes et des exigences de ces deux genres: la poésie implique un travail sur la forme et demande à l'auteur d'élaborer sa propre poétique dans le cadre rigoureux qu'est celui du sonnet.

La poésie religieuse développe un discours militant, et vise à persuader le lecteur de se (re)tourner vers Dieu.

Elle doit savoir aussi se faire discours de louanges ou de remerciements, pour rapprocher Dieu et les hommes. L'écriture spécifique du sonnet chez Jean-Baptiste Chassignet oscille entre ces deux pôles, de même qu'elle hésite entre le goût de son auteur pour l'exhaustivité et la longueur et la volonté de brièveté et de concision imposée par le sonnet.

Le travail qui suit a pour ambition d'étudier ces tensions et ces oppositions dans les poèmes courts du Mespris..., pour cerner les enjeux d'écriture d'un ouvrage aussi imposant, à travers la volonté argumentative du discours, sa structuration et sa poétique particulière.

Dans sa préface, Chassignet affirme avoir consacré six mois à cet ouvrage, qu'il qualifie ailleurs de coup d'essay, mais celui-ci représente un engagement et un travail poétique assez importants pour justifier que l'on s'y attarde suffisamment pour en découvrir tous les enjeux.

L'approche informatique, qui permet de découvrir des raprochements ou des similitudes à travers l'espace du livre, se révèle ici particulièrement utile.

On trouvera dans le tableau analytique donné en Annexe à la fois un aperçu de ces possibilités et une justification de ce qui est affirmé dans le cadre de cette recherche sur la poétique de Chassignet dans le Mespris de la vie et consolation contre la mort.

Une brève description de la méthode et des termes liés à l'informatique qui sont utilisés accompagne également ce tableau.

Cette démarche, si austère soit-elle, aura peut-être pour effet de rendre plus attrayante une oeuvre qui frappe d'abord par sa taille, mais qui demande paradoxalement une attention à ses moindres détails.

Essayer de définir la poétique de Jean-Baptiste Chassignet sur un espace aussi imposant que celui du Mespris..., sans prétendre à l'exhaustivité mais en abandonnant les perspectives trop partielles, passe nécessairement par la mise en place d'une nouvelle méthode de recherche.

À la fois texte et prétexte, le Mespris de la vie...

est l'ouvrage idéal pour cette tentative, qui se veut l'application sur un recueil de sonnets d'une méthode qui pourrait sans doute ouvrir de nouveaux horizons de recherche pour un grand nombre d'oeuvres comme les nombreux recueils de poésie religieuse et les canzoniere de la Renaissance, ou plus généralement les ouvrages conçus autour de l'articulation entre détail et ensemble, entre élément et système.

Le Mespris de la vie et consolation contre la mort se présente donc à plus d'un titre comme un corpus d'étude, ce qui vient. »

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